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Marche de protestation contre la détention de Djibrill Bassolé : La Justice doit sonner le réveil de ses énergies assoupies
Publié le lundi 2 octobre 2017  |  Le Pays
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© Le Pays par DR
Marche de protestation contre la détention de Djibrill Bassolé : La Justice doit sonner le réveil de ses énergies assoupies




Les populations de la province du Sanguié, fief de Djibrill Bassolé, dernier ministre des Affaires étrangères du président Blaise Compaoré, étaient grandement mobilisées le samedi dernier. A l’initiative de femmes, quelques milliers de personnes ont marché dans les rues de Réo, située à quelque 100 km à l’Ouest de Ouagadougou, pour exprimer leur ras-le-bol face à ce qu’ils qualifient de « détention politique et arbitraire de l’ancien chef de la diplomatie burkinabè » et réclamer sa libération hic et nunc. Un accès de colère humainement compréhensible d’autant que la détention préventive de l’ancien patron des pandores, dure depuis deux ans. Si bien que cette longue durée est apparue aux yeux de certains Burkinabè comme… une curiosité. Deux années à moisir en prison sans jugement ? Est-ce normal ? Est-ce acceptable ? Et qui sait si le cauchemar du prévenu ne sera pas prolongé après le 06 octobre prochain, date de renvoi de l’audition de confirmation des charges, au cas où l’on assiste à un énième report du procès ? Certes, d’aucuns brandiraient l’argument défendable, selon lequel l’agenda de la Justice n’est pas celui des Hommes et que, ce faisant, elle va à son rythme. L’on avancera dans la foulée que la Justice doit travailler en toute indépendance, affranchie de toutes pressions. Soit. Mais, il faut bien reconnaître que deux années derrière les barreaux sans bénéficier du moindre jugement, c’est quand même fort de … cachot. Assurément, il faut crever l’abcès ! Au risque que la plaie dont nombre de Burkinabè se mettent de plus en plus à dénoncer la purulence, ne vienne à écorner davantage l’image d’une Justice déjà accusée de tous les noms de partialité et de manque d’équité. «Les populations de Réo sont indignées, révoltées contre cette justice à double vitesse (…) », déclarait le porte-parole des manifestants. « Justice à deux vitesses » ? Voilà une accusation pour le moins grave, qui devrait interpeller le juge d’instruction. Il devrait se garder d’avoir le dos rond face aux derniers événements de Réo qui, du reste, ne sont pas les premiers ni les derniers du genre.

On risque de faire de Djibrill Bassolé un martyr


Si des Burkinabè ont la fâcheuse impression que la Justice traîne les pieds dans le dossier Djibrill, pour des raisons qu’ils jugent suspectes, la Justice burkinabè doit s’employer, au plus vite, à démontrer le contraire. Mieux, elle a l’absolu devoir de sonner le réveil de ses énergies en apparence, assoupies. En tout cas, cette Justice a tout intérêt à entendre la clameur qui monte de plus en plus des rangs pourfendeurs qui prennent de l’ampleur. Au rythme où vont les choses, elle ne gagnerait rien à voir le pays tout entier s’embraser, pour la simple raison qu’elle doit encore se donner du temps. De deux choses l’une : ou elle est incompétente, si l’on en juge par les nombreux renvois du procès pour vice de procédures, ou il y a des non-dits dans cette affaire. La main du politique derrière tout cela ? L’Exécutif s’en est constamment défendu. Que ces manifestants de Réo aient été instrumentalisés ou pas, que ces mouvements d’humeur aient été suscités ou non, il reste que ces protestations ne rendent pas service à la Justice burkinabè. L’espace de liberté plus élargi concédé par le pouvoir en place et visant à lui donner plus d’indépendance, est-il aujourd’hui utilisé à bon escient ? La Justice burkinabè n’en fait-elle pas finalement un peu trop ? On peut s’interroger. Toujours est-il que deux années après son incarcération, on a du mal à comprendre que l’ancien patron de la diplomatie burkinabè ne soit pas jusque-là situé sur son sort. Qu’on le juge enfin s’il y a des éléments de preuves contre lui. Qu’on le libère si jusque-là l’on n’a rien trouvé contre lui. Autrement, on risque d’en faire un martyr. Et si c’était le cas, la Justice burkinabè, toute drapée de son indépendance, en porterait toute seule la responsabilité.

Par Cheick Beldh’or SIGUE
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