Dans quelques jours, les élèves vont entamer l’année scolaire 2017-2018. Une équipe de Sidwaya est allée sur le terrain pour s’imprégner des préparatifs de la rentrée prochaine.
Ouagadougou bouge depuis un certain temps au rythme de la rentrée scolaire 2017-2018 prévue le lundi 2 octobre prochain. A l’approche de cette date, les parents sillonnent les librairies, les marchés communément appelés « yaars » et les abords des voies pour l’achat des fournitures. Nous sommes le mardi 12 septembre 2017 à la librairie Diacfa sise à la périphérie Est de Rood- Woko, le plus grand marché de la capitale burkinabè . Avant l’accès à la grande salle de la ‘’maison’’, une fouille minutieuse est appliquée à tous les clients, par mesure de sécurité. Nous ne dérogeons pas à la règle, même en tant que journaliste-reporter. Une fois que nous avons montré patte blanche, nous voici enfin à l’intérieur parmi des livres, des cahiers et bien d’autres articles. Une ambiance particulière règne au sein de la librairie qui draine de nombreux parents d’élèves, préoccupés qui, à demander les prix des fournitures scolaires, qui à régler la facture. Dans ce tumulte parfois marqué par le Stress d’une note salée, difficile d’ arracher le moindre mot à certains clients. Après une attente presque ‘’inespérée’’, la ‘’gentillesse’’ d’un militaire à la retraite, Gabriel Ouédraogo, nous ôte toute idée de retourner bredouille. Après 15 mn d’achat, M. Ouédraogo, le visage moins gai , dit être venu acheter un complément de fournitures pour ces deux filles en classes de 1re A4 et Terminale A4. « L’heure est à la satisfaction des besoins de mes filles », déclare-t-il. Pour une dizaine de cahiers de 300 pages ‘’grands formats’’ et des livres d’allemand payés, le ‘’vieux’’ militaire confie avoir dépensé 22 500 F CFA contre 15 000 F CFA ‘’voté’’ auparavant. Une cliente, Korotimi Yaméogo/Ouédraogo, laisse entendre que les prix des articles scolaires, par rapport à l’année passée, n’ont véritablement pas changé. « Je suis venue acheter quatre paquets de 4 cahiers, des stylos, des crayons, des livres, bref tout le nécessaire pour accompagner mes deux enfants aux cours préparatoire 1ère année (CP1) et moyen 2ème année (CM2)», indique-t-elle. Quant à Arthur Lasso Domboa, un autre client, il a acheté des cahiers et un dictionnaire au profit de ces trois enfants qui étudieront en classes de 6ème, 2nde et Tle. Les prix des articles fixés dépendent de leur nature et de leur qualité. Et selon M. Domboa, chacun se prépare en fonction ‘’du contenu de sa poche’’. « Pour avoir des manuels de bonne qualité, il faut débourser par conséquent beaucoup d’argent », souligne-t-il. Un des ‘’fidèles’’ de la librairie, Aboubacar Sy, se dit satisfait des prix fixés. Car, poursuit-il, ils sont ‘’en fonction du revenu du Burkinabè moyen’’. Après Diacfa, nous nous ‘’glissons’’ dans le grand marché qui ‘’grouille’’ de monde. Une place animée, bruyante sur laquelle semble se tenir un concert et où se mêlent des rires et des discussions dans une cacophonie indescriptible. Des vendeurs d’articles scolaires et quelques clients, il n’en manque pas sur ce vaste espace de consommation. Il est midi ‘’pile’’ et nous sommes chez un premier vendeur d’articles scolaires, Ouzeifa Zabré. Dans sa boutique, on aperçoit une étagère bien remplie de cahiers, de livres et de tout le nécessaire pour attirer les parents d’élèves. L’affluence, chez lui, n’était pas, à notre passage, au rendez-vous. Néanmoins, nous y avons trouvé sur place, une cliente , mère de trois enfants, Claire Ouédraogo. «Je suis venue m’approvisionner en fournitures scolaires pour mon enfant, élève en classe de CE2», lance-t-elle. Elle dit également avoir acheté cinq livres du cours élémentaire 2ème année (CE2) qui lui ont couté 7 000 F CFA. « Je suis contente du commerçant qui m’a fait des rabais », déclare-t-elle tout sourire. Un autre parent d’élève, Michel Gnangao nous fait le point de ses dépenses réalisées à l’orée de la nouvelle année scolaire. En effet, il explique qu’il vient de débourser 100 000 F CFA pour que ses deux enfants, ses deux neveux et ses deux nièces ‘’puissent avoir leurs fournitures au complet et étudier sereinement’’. Toutefois, témoin des prix des cahiers et des livres, il n’en trouve pas une augmentation particulière. Car, juge-t-il, avec le contrôle par l’Etat, le citoyen lambda a désormais une idée du prix. Cependant, il déplore le « coût élevé » des sacs, avec d’importante variation des prix d’un commerçant à un autre . Une dame, Nafissetou Kaboré, mère d’un garçon de 10 ans, rencontrée à la librairie Wend-Kunni est venue acheter des annales, un sac et une gourde pour son enfant. Elle reconnait aussi la cherté des sacs, mais souligne qu’il est préférable de se procurer un sac cher de bonne qualité que celui de qualité moindre. Le retraité Yacouba Gueré est venu lui aussi sacrifier à cette tradition annuelle. Il a une ‘’lourde’’ charge à supporter. Père de trois enfants, tous scolarisés, il s’est rendu comme à l’accoutumée, chez son libraire Hamed Ouédraogo à Rood-Woko. Il confie sans préciser ses dépenses, qu’il a fort à faire pour satisfaire sa progéniture.
Des commerçants pas contents du "marché"
Les commerçants d’articles scolaires parlent tous le même langage s’agissant de la faiblesse des ventes. Le vendeur de fournitures scolaires, Ouzeifa Zabré, auparavant rencontré à Rood-Woko, n’est pas satisfait de ses recettes journalières.
« Comparativement à 2016, période à laquelle je pouvais avoir 100 000 F CFA par jour, cette année, je peine à avoir 25 000 F CFA », déplore-t-il. Hamed Ouédraogo, un autre commerçant détaillant, présente un visage peu reluisant. Devant son lieu de vente, attendant impatiemment d’éventuels clients, il s’empresse de nous recevoir nous confondant à sa clientèle. Très vite, la déception se lit sur son visage quand nous déclinons notre identité. Qu’à cela ne tienne, il s’exprime avec beaucoup d’humour « Je pouvais, chaque jour, acheter un poulet pour ma femme l’année passée. Mais, cette année, je ne suis même pas en mesure de lui offrir du poisson », regrette-t-il. Il précise qu’il pouvait amasser par jour 150 000 F CFA en 2016, contre 20 000 F CFA cette année. A la librairie Wend-Kuuni, dans le quartier Paspanga, le responsable et grossiste Mahamadi Compaoré aidé par ses enfants dans la vente de livres, de romans, de cahiers, etc. embouche la même trompette que ses prédécesseurs. Pour 1. 000. 000 F CFA comme gain journalier à l’orée de la rentrée précédente, il tombe à 100 000 F CFA cette année. Malgré cette situation, l’espoir des commerçants reposent toujours sur les parents d’élèves qui, pour ce sacrifice, s’attendent à de meilleurs résultats de leurs ‘’rejetons’’. Liza Milogo, élève de la 3e assure qu’elle est prête à aborder, avec sérénité, la nouvelle année.
« Avoir mon BEPC avec une forte moyenne et être parmi les meilleurs pour cette session 2017-2018 vont constituer ma reconnaissance à l’endroit de mes parents », déclare-t-elle haut et fort. Quant à l’élève de la 5e, Arthur Gnangao, il dit avoir reçu toutes ses fournitures et n’attend que la reprise pour ‘’bosser dur’’.
Alimatou SENI
(Stagiaire)