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«Formaliser l’économie passe par la bancarisation», dixit le DG du trésor, Abraham Ouattara
Publié le vendredi 22 septembre 2017  |  Sidwaya
Le
© Autre presse par DR
Le Directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Naby Abraham Ouattara




Le Conseil des ministres du 6 septembre 2017 a pris des mesures pour la réduction des paiements en numéraires par l’administration publique. Dans cette interview, le directeur général du Trésor et de la comptabilité publique, Abraham Ouattara, donne l’assurance que toutes les dispositions d’accompagnement ont été prises pour que la décision du gouvernement de payer de moins en moins avec du cash puisse se faire avec le moins de désagréments possibles.


Sidwaya (S) : Quelles sont les raisons qui ont conduit le gouvernement à adopter la réduction des paiements avec du cash par l’administration publique ?


Abraham Ouattara (A.O.) : La mesure concerne tous les paiements réguliers dans l’administration. Dans le même temps, nous voulons encourager les gens à payer tout ce qu’ils doivent à l’administration par des moyens modernes au lieu du cash. La raison principale de cette mesure est la modernisation des outils de paiement. Bien entendu, la sécurisation des moyens et des personnes qui interviennent dans le circuit du paiement, vient en second. Nous sommes tous témoins des difficultés liées à la manipulation de l’argent cash. Les uns et les autres parlent d’insécurité sur nos routes qui se traduisent par des vols et des braquages. Ce qui intéresse les bandits, c’est l’argent, mais s’ils se rendent compte que plus personne ne transporte des sous, il va de soi qu’on verra de moins en moins des scènes de cars arraisonnés ou de voyageurs braqués. Si vous lisez bien le conseil des ministres, il s’agit de réduire le volume de manipulation du cash. Quand vous allez dans certains pays, vous êtes regardés comme un extra-terrestre lorsque vous voulez faire des paiements d’un certain montant avec de l’argent liquide. Les gens ont pris conscience du risque que comporte la manipulation de l’argent. Formaliser l’économie passe aussi par la bancarisation. D’ailleurs, les spécialistes le disent, les économies qui s’en sortent au mieux sont celles qui ont des taux de bancarisation de l’ordre de 60 ou 80%. Au Burkina Faso nous avons un taux de bancarisation autour de 20%, cela veut dire qu’il y a beaucoup de transactions qui échappent au circuit normal.


S : Quelles précautions avez-vous pris pour les fonctionnaires qui sont loin d’un établissement financier ?


A.O. : Par rapport au salaire, nous pensons qu’il ne devrait pas y avoir beaucoup de désagréments. Le réseau bancaire est suffisamment étendu. Il est soutenu par le réseau du système financier décentralisé et dans les cas extrêmes nous sommes capables d’organiser des paiements à travers la téléphonie. En effet, à partir de votre lieu de résidence vous recevez un sms qui vous dit que votre salaire est viré, libre à vous d’aller le chercher au moment opportun. Même avec le service des billeteurs, il y a des fonctionnaires qui parcourent plusieurs kilomètres pour les rejoindre. En plus de cela, quoi qu’on dise, quand l’argent est quelque part en banque, cela influe sur la décision de consommation. Vous allez prendre ce dont vous avez besoin, ce qui évite certains comportements de surconsommation. Il faut rappeler que le mécanisme actuel de paiement remonte à l’époque où le pays était encore Haute Volta, avec une ou deux banques seulement.


S : Quelles dispositions ont été prises pour opérationnaliser le virement bancaire des frais de missions et éviter que des agents se retrouvent sans frais de missions, surtout pour les cas de dernières minutes ?


A.O. : C’est vrai que le virement bancaire des frais de mission est envisagé, mais il faut se dire que nous allons aller progressivement. Cela va concerner essentiellement les missions assez longues à l’étranger et pas les petites missions que nous effectuons à l’intérieur du pays. Du reste, il y a beaucoup de préalables à remplir. Le Conseil des ministres a donné les grandes orientations, mais de manière opérationnelle, pour la mise en œuvre, on va approcher les structures pour qu’on puisse s’accorder. Les frais de mission dont il s’agit, concernent les missions à l’étranger de 2 ou 3 semaines. Cela représente des sommes assez importantes et là on approvisionnera la carte de l’agent. D’ailleurs dans ces pays, toutes les réservations se font à partir des références de la carte bancaire.


S : On reproche à l’Etat d’être de connivence avec le système bancaire pour « obliger » les agents à devenir des clients des établissements financiers. Que répondez-vous à cela ?


A.O. : Cette remarque est assez récurrente, pourtant il n’y a pas de connivence entre l’Etat et le système bancaire. L’administration n’impose aucune enseigne. Il y a 13 banques et plus de 300 institutions de micro-finance dans ce pays et on ne peut pas reprocher à l’administration d’être derrière chacune d’elles. C’est juste une question de changement d’habitude. Aujourd’hui, ceux qui ont des rémunérations publiques les plus faibles ce sont bien les étudiants avec la bourse pour certains et le FONER pour d’autres. Or, tous les étudiants aujourd’hui utilisent le système moderne à travers les cartes bancaires. Cela leur permet de faire leurs opérations lorsqu’une tranche de la bourse ou du FONER y est déposée. Il faut évoluer avec son temps.


S : Est-ce que la réduction des paiements en numéraires ne va pas rallonger les délais pour toucher un chèque au Trésor ?


A.O. : Le Trésor a le dos large si bien qu’il est pointé du doigt par tous ceux qui doivent de l’argent à leurs fournisseurs. Lorsque l’on suit le processus de paiement, la mesure n’a pas d’impact sur les délais de paiement. En réalité, normalement, un fournisseur qui a honoré une prestation de service ne devrait souffrir de quelques procédures administratives que ce soit. S’il doit être payé par un chèque Trésor, il revient à celui qui le paie de positionner le chèque et de le remettre au fournisseur. En principe, le fournisseur n’a plus qu’à positionner le chèque en banque. Cela dit, par moment nous savons que celui-là qui émet le chèque n’a pas toujours épuisé la procédure en interne et devant l’insistance d’un fournisseur il lui remet le chèque. Il va de soi dans ce cas qu’il peine à toucher son chèque. Nous reconnaissons aussi que quelquefois, vu la charge de travail des agents, la procédure peut prendre un peu de temps. Dans tous les cas, si un fournisseur est payé en numéraires au Trésor c’est qu’il y a eu dysfonctionnement quelque part.


Interview réalisée par :
Nadège YE
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