Après les travaux à huis clos du 43e sommet ordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Yipènè Bassolé, revient, dans cet entretien, sur la quintessence des décisions prises.
Quelles sont les décisions prises afin de booster l’intégration économique régionale, notamment sur le Tarif extérieur commun (TEC) ?
Comme il s’agit d’un sommet ordinaire, les chefs d’Etat ont examiné le rapport intérimaire du président de la Commission. Effectivement, ils ont beaucoup échangé sur la nécessité de mettre en place un Tarif extérieur commun et de conclure assez rapidement l’Accord de partenariat économique avec l’Union européenne. Ces deux questions sont étroitement liées parce qu’il faut, au niveau de la sous-région, mettre en place un bouclier douanier qui nous protège avec les mêmes tarifs sur les produits qui entrent sur notre marché. Ils ont donc décidé de se revoir en sommet extraordinaire, en octobre, à Dakar au Sénégal, pour prendre des décisions sur ces questions, en particulier adopter un TEC/CEDEAO et accélérer les négociations dans le cadre du partenariat économique avec l’Union européenne. Les chefs d’Etat ont aussi mis l’accent sur la nécessité d’accélérer le processus d’intégration et dans ce sens, ils ont pris la décision de mettre en place rapidement le Protocole sur la libre circulation des personnes et des biens. Le conseil a décidé de confier au Président du Faso, Blaise Compaoré, le suivi de cette importante question, afin que l’intégration économique soit une réalité dans la sous-région.
Il a été aussi question d’élargir le nombre de postes de commissaires de la CEDEAO qui est passé de 9 à 15. Pourquoi cela ?
En réalité, la décision de porter le nombre de commissaires de 9 à 15 avait déjà été prise lors du précédent sommet. Cette fois-ci, il s’est agi d’attribuer les postes par pays. Le nombre de 15 commissaires correspond au nombre d’Etats membres de la CEDEAO et le Burkina Faso a le premier poste, celui du président de la commission, mais en plus, dans la répartition, un poste de juge à la Cour de justice de la CEDEAO.
Les chefs d’Etat ont également échangé sur la situation au Mali et en Guinée-Bissau. Qu’est-ce qui a été décidé pour accompagner surtout le Mali où le Président du Faso est médiateur pour une sortie de crise ?
La conférence s’est évidemment penchée sur les questions de paix et de sécurité en particulier. Les chefs d’Etat et de gouvernement ont examiné les situations au Mali, en Guinée-Bissau mais aussi les situations électorales en Guinée Conakry et au Togo. Pour le Mali, les chefs d’Etat se sont naturellement félicités de la transformation de la MISMA en MINUSMA et ont félicité les pays contributeurs de troupes, dont le Burkina Faso, pour le maintien de la paix au Mali. Ils ont surtout félicité le président du Faso, Blaise Compaoré, médiateur de la CEDEAO pour le Mali, qui a réussi à faire signer le 18 juin dernier, l’Accord préliminaire pour que les élections puissent se tenir. Les chefs d’Etat ont aussi examiné la situation en Guinée-Bissau, où notre compatriote, le colonel Barro, commande l’ECOMOG, la force de sécurité de la CEDEAO. Là aussi, un processus électoral a été engagé et l’élection présidentielle se tiendra le 24 novembre 2013. Les chefs d’Etat ont donc félicité les deux processus malien et bissau-guinéen qui conduisent à des élections présidentielles, respectivement le 28 juillet pour le Mali et le 24 novembre pour la Guinée-Bissau. D’autres situations ont retenu leur attention, notamment celle du Togo où se dérouleront des élections législatives le 25 juillet prochain et les chefs d’Etat ont lancé un appel à toutes les parties, à tous les partis politiques, à tous les candidats afin qu’ils puissent faire la compétition dans un environnement apaisé et accepter les résultats des urnes. Il en de même pour la Guinée qui, après un processus de dialogue assez laborieux, a pu fixer la date des élections législatives au 4 septembre 2013.
Au Mali, un candidat, Tiébilé Dramé, qui a conduit les négociations au compte des autorités de transition, s’est retiré du processus. Quelle est votre appréciation de cette situation ?
L’élection aura lieu à la date du 28 juillet 2013 parce que les autorités de transition ont fixé cette date. Les partenaires du Mali l’ont accompagné dans la préparation de cette élection et l’Accord de Ouagadougou a été une étape décisive et importante dans la conduite de ce processus dans la mesure où cet accord a créé les conditions de sécurité, de normalisation pour que l’élection présidentielle se tienne sur toute l’étendue du territoire, et en particulier à Kidal. La campagne électorale a commencé et le processus de distribution des cartes d’électeur se poursuit. Je pense que les conditions seront vraiment réunies pour que les élections se passent dans de bonnes conditions. Même si ces conditions ne sont pas idéales, comme ce sont les mêmes conditions pour tous les candidats, il faut y aller dans la mesure où l’élection sera juste et transparente. Nous avions, à l’époque, émis quelques inquiétudes quant à la période avec la saison des pluies et l’accès des populations rurales aux bureaux de vote en ces temps d’hivernage, les travaux champêtres et la période de jeûne, mais les conditions sont les mêmes pour tous. Il est important que le Mali se dote d’institutions légitimes susceptibles de diriger les différents processus en particulier le processus de sortie de crise au Nord du pays.