Les responsables du Rassemblement des Organisations de la société civile contre la déstabilisation du Burkina Faso ont animé une conférence de presse, hier, 20 septembre 2017, à Ouagadougou, pour sonner le tocsin de la mobilisation de toutes les couches sociales du pays pour dénoncer un certain nombre de comportements d’acteurs qui risquent, selon eux, de conduire le pays à l’abattoir.
Le 1er octobre prochain, le Rassemblement des OSC contre la déstabilisation du Burkina Faso initiera une mobilisation générale à la Maison du peuple de Ouagadougou, pour dire « non aux tentatives de déstabilisation du Burkina, aux attaques terroristes, aux manipulations de l’opinion par la désinformation et l’intoxication, à la négation de l’insurrection chèrement payée par le peuple ». A ce titre, le rassemblement lance un appel à toutes les couches sociales du pays (jeunes, vieux, femmes, hommes, religieux, etc.) à sortir massivement pour faire obstruction aux « ambitions destructrices et déstabilisatrices des ennemis de la paix, des tyrans de la démocratie et du développement ». Selon les conférenciers, il y a un certain nombre de choses qui se passent dans ce pays et « si nous ne levons pas le doigt, les politiciens risquent de conduire ce pays à l’abattoir ». L’artiste-musicien Oumarou Moussa Dicko alias Dick Marcus, coordonnateur du mouvement, et ses camarades ont fustigé les « déclarations cyniques » faites « par de pseudos OSC » qui réclament le retour de Blaise Compaoré au pays et la libération des généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé. « Prenez quelqu’un comme Pascal Zaïda ou encore Nana Thibault. Blaise Compaoré a pris l’engagement de fuir le Burkina Faso. Et ce ne sont pas des gens comme Nana Thibault ou autres qui vont aller dans des six-mètres prendre de l’argent pour essayer de faire des choses dont tout le monde connaît la fin. Quand il s’assoit pour dire qu’il faut libérer le général Diendéré, a-t-il pensé aux familles qui ont perdu leurs enfants lors du putsch de 2015 ? Sera-t-il prêt à faire ce qu’il demande aux autres? Pour ce qui est du retour de Blaise Compaoré, personne n’est contre cela. Il a choisi de partir de lui-même. En plus, il connaît la route du Burkina. Le jour où il voudra revenir, il prendra son sac pour revenir de lui-même. Si on l’appréhende à l’aéroport, ce sera à lui d’aller répondre à la Justice mais si on ne le fait pas, il ira dormir chez lui à Ziniaré… Nous traversons beaucoup de problèmes et il faut qu’on soit responsable », a martelé Dick Marcus.
Mettre les bouchées doubles pour démasquer les déstabilisateurs et leurs complices
Pour sa part, l’artiste-musicien Océan, porte-parole du rassemblement, a décrié « les ballets incessants entre Ouagadougou et Yamoussoukro, de politiciens mal inspirés et en totale perte de vitesse, couplés de vaines campagnes de négation et de remise en cause de l’insurrection et de ses acquis ». Selon lui, un mandat d’arrêt a été lancé contre Blaise Compaoré. Partant de ce fait, « tout citoyen qui se lève ici pour aller faire un projet avec lui, est complice de sa soustraction à la justice du Burkina ». Pour le coordonnateur du rassemblement, il est du droit des OSC de demander le retour de Blaise Compaoré. « Pendant 27 ans, Blaise leur a donné à manger et à boire et comme il n’est plus là, elles demandent son retour… Il est de leur droit d’aller chez Blaise Compaoré prendre l’argent qu’il nous a volé. Mais ce n’est pas de leur droit, à travers leurs propos incendiaires, de mettre le feu au Burkina. C’est pour cela que nous nous révoltons », a estimé Dick Marcus, pour qui on ne doit pas laisser les OSC faire cela. « Nous avons perdu des camarades et si nous nous laissons faire, c’est nous qui serons encore des victimes. Si nous nous asseyons, nous allons finir par mettre nos sacs sur nos têtes et rejoindre nos voisins en tant que réfugiés. Nous ne voulons pas de cela dans notre pays », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, les conférenciers sont revenus sur les propos de l’ancien député Mahamadi Kouanda, qui a dit, selon eux, sur une télé de la place, qu’il ne coûte rien de donner des chambres d’hôtel ou quelques villas aux djihadistes pour que le pays soit en paix. Pour Dick Marcus, « c’est de la foutaise ! » Etant entendu que « nous ne sommes pas dans un far west ».
En tout cas, de l’avis des animateurs de la conférence de presse, leur mouvement se veut un « mouvement citoyen, de crise » qui entend interpeller les autorités afin qu’elles mettent « les bouchées doubles pour démasquer les déstabilisateurs et leurs complices et leur faire subir la rigueur de la loi ».
Aussi ont-ils relevé la nécessité, aujourd’hui, d’amener « tous les acteurs politiques à s’asseoir sur une même table, à se regarder en face et discuter de façon sincère afin de mettre l’intérêt supérieur du Burkina en avant ».
Colette DRABO