Plus que quelque trois mois et nous serons à la fin de l’année. Mais combien d’entre nous ont déjà fait ou pensé à faire un check-up (Ndlr : bilan annuel de santé en français) ? Cet examen périodique, beaucoup le négligent quand ils n’en ignorent pas simplement l’existence. Pourtant, tel un véhicule qui a régulièrement besoin de visite technique, le corps humain a besoin de « révision ». L’objectif du bilan de santé est de déceler d’éventuelles maladies contractées ou de dépister des problèmes de santé ignorés ou latents afin d’en proposer de manière précoce une meilleure prise en charge. Avec le Dr Madibélè Kam, responsable de la Chaîne de solidarité pour la santé et l’éducation (CSSE), nous abordons cette semaine l’importante question du bilan annuel de santé.
Qu’est-ce que le bilan annuel de santé ?
Le bilan de santé est un examen clinique (examen du corps) et un ensemble d’examens sanguins que le médecin fait effectuer périodiquement à une personne apparemment saine afin de détecter d’éventuelles maladies cachées pour permettre leur prise en charge précoce.
A quel moment de l’année doit-on le réaliser ?
Il n’y a pas de moment précis ; ce qui est important, c’est la régularité dans le temps. Par exemple, si vous choisissez le mois de janvier pour le faire, il est important de le faire à chaque mois de janvier.
A partir de quel âge doit-on faire un bilan de santé ?
Sur l’âge, il n’y a pas de consensus. Beaucoup de praticiens le conseillent à partir de 25 ans, d’autres plus tard. Mais ces derniers temps, il est de plus en plus question de bilan de santé en milieu pédiatrique, vu que beaucoup de maladies jusque-là fréquentes chez l’adulte se remarquent de nos jours chez les tout-petits. Pour notre part, nous retenons l’âge de 25 ans.
Quels sont les examens pratiqués lors d’un bilan de santé ?
Là non plus, il n’y a pas de consensus. 10 médecins différents vous proposeront sans doute 10 bilans de santé différents. Mais il existe des maladies qui sont toujours prises en compte. En effet, les bilans de santé privilégient la recherche des maladies qui s’installent de façon insidieuse. On ne les voit pas arriver, car souvent sans douleur ni signes annonciateurs évidents. Parfois ces signes s’installent tellement lentement que l’individu pense qu’il s’agit d’une situation normale chez lui, jusqu’au moment où la maladie se déclare. Souvent ces maladies requièrent un traitement à vie, d’où l’importance de les dépister tôt afin d’éviter ces traitements. Dans certains cas même, des conseils hygiéno-diététiques et un suivi médical appropriés suffisent à endiguer la maladie. Sinon, il s’agit de découvrir lesdites maladies avant l’apparition des complications qui sont, elles, mortelles.
Dans notre structure (Ndlr : la Chaîne de solidarité pour la santé et l’éducation est une association qui offre des soins dans divers domaines de la santé), le bilan de santé prend en compte :
La mesure de l’IMC (indice de masse corporelle) pour lutter contre l’obésité, qui est une maladie en soi et un des principaux facteurs de risque cardio-vasculaire ;
La prise de tension artérielle pour lutter contre l’hypertension artérielle, qui est un problème de santé publique dans notre pays de par sa fréquence ;
Le dosage de la créatinémie dans le sang pour lutter contre l’insuffisance rénale. Cela permet d’éviter d’arriver à des stades avancés de l’insuffisance rénale comme la dialyse, voire la greffe de rein. De simples conseils d’hygiène comme boire suffisamment d’eau, arrêter la prise de certains médicaments et produits traditionnels toxiques pour les reins peuvent parfois enrayer le processus.
Le dosage des transaminases hépatiques qui montre si l’individu présente une destruction des cellules du foie comme c’est le cas lors des hépatites B, C ou dans toutes les situations où le foie est endommagé. Là aussi, le muscle du cœur est exploré.
Le dosage des triglycérides, du cholestérol total, HDL, LDL: ce sont les graisses de l’organisme qui peuvent s’accumuler dans les vaisseaux sanguins et les boucher, provoquant des accidents vasculaires graves.
Cet ensemble, pour être intégré, pourrait être interprété par le médecin sous forme de rapport dans un français accessible, assorti de conseils permettant aux gens d’éviter les maladies.
Outre ce bilan de base, il serait souhaitable pour les femmes de faire les dépistages du cancer du col de l’utérus et du sein et pour les hommes, à partir de 50 ans, de rechercher celui de la prostate.
Combien de temps faut-il pour réaliser tous ces examens ?
Juste une journée. Il faut les faire le matin à jeun. Ils commencent par un interrogatoire qui peut alerter le médecin puis se poursuivent par un examen physique qui peut encourager à demander d’autres examens en plus de ceux cités plus haut.
Combien faut-il débourser pour un bilan de santé ?
Je dirai simplement que le bilan de santé est une façon de prévenir la survenue de graves problèmes de santé. Le réaliser est économique, car certaines maladies, une fois qu’elles s’installent, requièrent un traitement à vie et présentent des risques de complications graves avec tout l’inconfort que cela comporte de vivre avec une maladie chronique.
Alima Séogo/Koanda