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L’Observateur N° 8420 du 19/7/2013

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Procès Hissène Habré : La machine se met en branle
Publié le vendredi 19 juillet 2013   |  L’Observateur




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Le plus dur, c’était de le prendre. Quelques semaines seulement après son arrestation et son incarcération à Dakar, l’ancien maître absolu de N'Djamena, Hissène Habré, se dirige peu à peu vers le box des accusés : ainsi, ce mercredi, plus de 1000 personnes se sont constituées parties civiles contre celui qui, depuis le 2 juillet, est inculpé de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et tortures.

Mieux vaut tard que jamais, car les victimes présumées de l’enfant terrible de Faya-Largeau, elles, attendent depuis 20 ans que justice leur soit rendue. On se souvient en effet qu’à sa chute en 1990, le président déchu et son pactole avaient trouvé refuge au Sénégal. Depuis, le milliardaire en exil avait travaillé à prendre racine dans son pays d’adoption, se constituant, au fil des années, une véritable armée d’obligés prêts à servir de boucliers humains entre leur bienfaiteur et ses juges. On comprend dès lors que la procédure lancée en 2005 par un juge belge et réclamant son extradition ait fait long feu.

En effet, mandaté par l’Union africaine pour juger Habré «au nom de l’Afrique», le Sénégal sous la présidence d’Abdoulaye Wade n’avait cessé de retarder l’échéance, invoquant, entre autres, le manque de moyens. Et comme si cela ne suffisait pas, l’avocat de l’ancien dictateur avait même été bombardé ministre de la Justice. Un pied de nez à tous ceux, et ils sont nombreux, qui réclamaient justice, et surtout l’assurance d’un enterrement de première classe pour un dossier qui, jusque-là, peinait à sortir des tiroirs.

Mais pour le "Pinochet noir" à la barbe blanche et aux boubous immaculés, le répit aura été de courte durée, preuve qu’en matière de justice comme dans bien des domaines, tout est question de volonté politique. En effet, élu en 2012, Macky Sall s’est engagé à organiser le maxi procès au Sénégal. Force est de constater que la machine, jadis grippée, est désormais bien huilée et qu’elle semble disposer désormais des ressorts, notamment des ressources nécessaires à l’accomplissement de sa lourde mission. Il faut dire que le tribunal spécial, première juridiction mise en place pour juger un Africain, a du pain sur la planche : elle est chargée de juger Hissène Habré pour des faits présumés commis entre juin 1982 et décembre 1990, soit huit années sombres marquées par une terrible répression qui aurait fait plus de 40 000 victimes mortes en détention ou exécutées.

Certes la machine est lancée, mais le chemin qui mènera à l’ouverture effective d’un procès est encore bien long. Et bien malin est celui qui saura prévoir la date de ce mégaprocès aux 1 015 parties civiles. Mais la route a beau être longue et semée d’embuches, il faut croire qu’avec une bonne dose de volonté politique, cette procédure, aussi spéciale qu’elle puisse être, parviendra à son terme. Parcourir un millier de kilomètres ne commence-t-il pas par le premier pas selon le Grand Timonier, Mao Zedong ?

H. Marie Ouédraogo

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