En septembre 2015, le Régiment de sécurité présidentiel (RSP, actuellement dissout) tentait un putsch contre les autorités de la Transition, avant de rendre le pouvoir sous la pression de la rue, de l’armée et de la communauté internationale. Deux ans après, retour sur cette folle semaine.
Mercredi 16 septembre 2015
Vers 14h30 des militaires du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) font irruption dans la salle où Michel Kafando, son Premier ministre et les ministres sont réunis en Conseil. Michel Kafando et Yacouba Isaac Zida et les membres du gouvernement. Le président de la Transition et les membres du gouvernement à l’exception des femmes, seront ainsi détenus pendant plusieurs jours.
Jeudi 17
Le médecin-colonel Mamadou Bamba, qui fait office de porte-parole des putschistes, annonce qu’un Conseil national pour la démocratie (CND), présidé par le général de Brigade Gilbert Diendéré, met fin au « régime déviant de la Transition ».
Vendredi 18
Dépêchés par la Cedeao, les présidents Macky Sall et Yayi Boni arrivent à Ouagadougou. La junte militaire lâche du lest en libérant le président de la Transition Michel Kafando et les ministres de son gouvernement, en rouvrant les frontières terrestres et aériennes, etc. Le sort du Premier ministre n’est pas évoqué. En ville, les premiers mors dus aux émeutes sont enregistrés.
Samedi 19
Le chef d’Etat-major général des armées, Pingrenoma Zagré, réaffirme dans un communiqué « l’attachement des forces armées aux valeurs républicaines ». Il rappelle « aux militaires leur mission qui est celui de garantir la sécurité des populations et d’assurer la protection des biens et des personnes, avec professionnalisme. » Les émissaires de la Cedeao rendent visite au président Kafando.
Dimanche 20
Les médiateurs de la Cédéao proposent un projet d’accord politique de sortie de crise qui prévoit le retour du président Kafando et une amnistie pour les militaires qui l’on renversé.
Lundi 21
Des militaires loyalistes quittent les villes de Bobo Dioulasso, Kaya, Dédougou, Fada N’Gourma, Ouahigouya, etc. pour Ouagadougou dans l’objectif de désarmer RSP. La garde présidentielle est ainsi sommée de déposer les armes et de regagner le camp Aboubacar Sangoulé Lamizana. Pendant ce temps, Michel Kafando émet des réserves sur le projet d’accord proposé par les médiateurs de la Cedeao et assure qu’il n’a pas été associé.
Mardi 22
Les militaires fidèles à la Transition, entrés dans le nuit dans la capitale, posent un ultimatum aux putschistes : ils doivent déposer les armes avant 10h TU. Le président du CND lui convoque la presse et annonce que des discussions entre militaires sont en cours. La Cedeao se réunit à Abuja pour examiner le plan de sortie de crise proposé par les médiateurs. Le sommet décide de dépêcher des chefs d’Etat pour expliquer le plan et réinstaller Michel Kafando.
Dans la nuit, les négociations entre loyalistes et RSP débouchent sur un accord au terme duquel la sécurité présidentielle a 72 heures pour établir un point du matériel en vue du désarmement.
Mercredi 23
Michel Kafando signe son retour à la tête de la transition par un discours. « Je reprends du service et par là-même, je m’affirme en la légitimité nationale. La Transition est ainsi de retour et reprend, à la minute même, l’exercice du pouvoir d’Etat », dit-il. Une cérémonie à laquelle assistent trois chefs d’Etats de la sous région, consacre la réhabilitation des organes de transition. Dans la soirée, après une rencontre avec le président du Niger, Gilbert Diendéré se livre à une étonnante confession devant les micros des médias: «Pour moi, le putsch est terminé, on n’en parle plus. Il faut aller vers la recherche de la paix, vers la recherche de la fraternité et je pense que nous allons y arriver».