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Crises collectivités territoriales : encore Saponé !
Publié le mercredi 13 septembre 2017  |  L`Observateur Paalga
Crise
© Ministère par D.R
Crise au conseil municipal de Saponé : le gouvernement appelle au bon sens
Le Secrétaire d’Etat, chargé de la Décentralisation, Alfred Gouba, est allé le mardi 9 août 2016 à Saponé, à la rencontre du conseil municipal de ladite commune en vue de trouver une solution au problème met à mal son fonctionnement




Des membres de la Coordination Saponé justice démocratie (CSJD) ont tenu une conférence de presse hier 12 septembre 2017 à Ouagadougou. Ils entendaient par leur première rencontre avec les journalistes donner à l’opinion publique des informations sur «la véracité des faits» concernant la crise qui secoue leur commune depuis trois mois, c’est-à-dire la reprise des élections municipales du 28 mai 2017. Au-delà de la légitimité des dirigeants, le nœud du problème tient à «une logique d’exclusion» et à une «patrimonialisation de Saponé», à écouter l’animatrice principale, Awa Sédégo/Dondassé.

L’on croyait les guéguerres politiques nées des élections municipales renvoyées aux calendes grecques mais le sujet est plus que d’actualité dans la commune rurale de Saponé. Cette collectivité se trouve à une vingtaine de kilomètres de la capitale, sur la RN 6 (Ouaga-Léo). C’est à croire donc que la reprise des élections communales, censée résoudre les bisbilles nées du scrutin de 2016 n’a pas produit les effets escomptés.

En rappel, le parti majoritaire avait obtenu 41 conseillers contre 39 pour l’opposition, précisément l’Union pour le progrès et le changement (UPC) et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Le candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) avait été élu maire à l’issue de trois tours et ce, grâce à la différence d’âge. Les élus locaux de l’opposition, eux, avaient quitté la salle bien que trois postes leur eussent été proposés.

Il s’en est suivi des manifestations de protestation à l’installation du maire, des manifestations violentes contre la tenue des sessions, des motions de défiance contre le bourgmestre avec à la clé un blocage du fonctionnement de la collectivité. C’est dans ce climat que le Conseil des ministres du 1er mai 2017 a dissous le conseil municipal de Saponé, tout comme celui des autres communes qui se trouvaient dans des cas similaires.

Ainsi, les élections ont été reprises le 28 mai courant avec la victoire du MPP qui a obtenu 44 conseillers cette fois-ci. « Lors des primaires, le maire sortant, Idrissa Ouédraogo, l’a emporté par 32 voix contre 12. Il était le candidat officiel du parti. Deux jours avant le vote, des informations faisaient état de ce que l’opposition préparait une trahison avec Abdoulaye Compaoré (conseiller MPP)», a expliqué Awa Sédégo/Dondassé.

Elle est conseillère municipale et membre de la Coordination Saponé justice démocratie (CSJD). C’est contre toute attente que le mis en cause, Abdoulaye Compaoré, s’est présenté le jour du vote et a été élu à la tête du conseil.

Selon l’animatrice du face-à-face avec les journalistes, ce sont au total 9 conseillers du parti majoritaire qui ont «pactisé avec l’opposition». Une situation qu’elle juge honteuse et qui serait la raison des manifestations empêchant le maire et son équipe de travailler depuis trois mois.

A écouter Awa Sédégo/Dondassé, après l’élection du maire Idrissa Ouédraogo en 2016, des femmes et des enfants ont été instrumentalisés par l’opposition sous prétexte que ce dernier est issu de la diaspora burkinabè.

Sur cette base, elle a affirmé que l’actuel maire, Abdoulaye Compaoré, est lui aussi né en Côte d’Ivoire. Pour elle, le problème ne vient pas de là mais réside dans le fait qu’Idrissa Ouédraogo est un ressortissant de Saponé-marché (une des cinq zones de la localité). Elle a fustigé par conséquent «une forfaiture » qui viole les droits fondamentaux du citoyen tels que consacrés par les articles 1er et 12 de la Constitution burkinabè.

Le premier bannit les discriminations de toutes sortes tandis que le second confère aux citoyens le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. Elle a estimé qu’il ne s’agit, ni plus ni moins, que d’une énième exclusion de Saponé-marché. Cette zone, a-t-elle déclaré, se sent lésée depuis plus de 75 ans car elle n’est pas impliquée dans les différentes instances et n’est pas prise en compte dans la construction des infrastructures socioéducatives.

« Les filles et fils de Saponé-marché disent : ça suffit ; trop, c’est trop !» a martelé Awa Sédégo/Dondassé sous les ovations d’un public acquis à leur cause. Elle a renchéri que la commune de Saponé compte 40 villages et que tous se plaignent de la discrimination qui «exige tout pour Karkuidghin» (ndlr : une autre zone), qui travaillerait à une patrimonialisation de la gestion de la commune rurale.

La tenante du crachoir a aussi martelé que le maire Abdoulaye Compaoré et son équipe n’ont pas de légitimité pour conduire les affaires de la commune du fait des différentes trahisons. «A cause de leur boulimie et de leurs méthodes indélicates, le maire et ses acolytes ont réveillé et attisé les tensions sociales à Saponé. Les positions sont désormais tranchées et le risque est grand de voir le climat social se dégrader », a prévenu Awa Sédégo/Dondassé.

Et d’ajouter qu’il est temps que « le parti majoritaire, qui a en main le destin du Burkina Faso, se ressaisisse et donne l’exemple de l’intérieur. Quel ordre peut établir le MPP dans le pays s’il n’est pas capable d’appliquer la discipline dans ses rangs ? Le parti porterait la lourde responsabilité de l’exacerbation de la crise».



Aboubacar Dermé
Samiratou Pitroipa (Stagiaire)
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