Seul candidat à la succession de Salifou Diallo, Alassane Bala Sakandé a été porté au perchoir de l’Assemblée nationale, le vendredi. Au vu de son score au terme d’un vote «libre et consciencieux», 104 voix sur les 127 votants, il peut se prévaloir d’être l’homme du consensus. Si 19 députés se sont abstenus de le voter ou encore deux ont voté contre, il doit savoir également qu’il n’est pas le choix de tout le monde. Alassane Bala Sakandé doit alors œuvrer pour convaincre la vingtaine de ses collègues restants, qu’il est pourtant le meilleur choix. Jouer la carte du rassemblement, poser des actes forts au profit des populations, c’est ce qui est attendu du nouveau président du parlement. «A ceux qui ont voté non, contre et abstention, j’ai aussi compris leurs messages et je ferai de telle sorte que si dans un mois il y a une élection, ils votent pour moi», a dit l’heureux élu. Comme on le devine, même au sein du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, des ambitions ont été tuées pour porter le choix sur Alassane Bala Sakandé. L'opposition n'a pas elle aussi présenté de candidat parce qu'elle a estimé qu'il s'agissait «d'un ancien mandat écourté par la mort de Salifou Diallo». Majorité et opposition ont peut-être trouvé en Sakandé, un homme capable, politique, mature et humainement appréciable. D’où ce score surprenant. Cet esprit républicain doit perdurer et c’est le Burkina Faso qui gagne. Il faut parfois savoir privilégier l’intérêt national en lieu et place des intérêts partisans et égoistes. Alassane Bala Sakandé malgré son âge ‟jeune” (48 ans) est vu comme celui à même de succéder à un homme qui, en vingt mois, a su marquer la représention nationale de ses empreintes.
Il s’agit à présent de maintenir l’esprit d’inclusion, la cohésion, la défense de l’intérêt général, comme les collègues du défunt député Salifou Diallo l’ont promis lors de ses obsèques en août dernier.
Les Burkinabè attendent de l’Assemblée nationale, qu’elle vote les lois mais qu’elle exerce un sérieux contrôle de l’action gouvernementale. Beaucoup de chantiers sont en cours d’exécution. D’autres sont annoncés et ils doivent impacter positivement la vie aussi bien des citadins que des ruraux. On a vu dans ce pays, des infrastructures routières, des établissements scolaires, sanitaires, réalisés à coût de millions voire de milliards, qui n’ont tenu que le temps de la réception. Et celui qui paie le plus lourd tribut, c’est bien le contribuable burkinabè. Contrôler l’action du gouvernement, ce n’est pas seulement se contenter d’examiner les projets de loi. C’est aussi se rendre sur le terrain, s’assurer que ce qui a été annoncé dans les projets a été qualitativement réalisé au profit des populations. A défaut d’initier des enquêtes parlementaires hautement appréciées mais coûteuses, que l’Assemblée puisse régulièrement envoyer ses émissaires dans toutes les régions du pays pour s’assurer de l’exécution des chantiers.
Poursuivre la dynamique de Salifou Diallo, c’est avoir un langage de vérité mais aussi acccompagner la mise en œuvre du programme présidentiel. Si le parlement n’est pas être une caisse de résonnance de l’exécutif, il ne doit pas non plus être un lieu de blocage des initiatives gouvernementales. L’intérêt national doit être la boussole de l’Assemblée mais surtout de Alassane Bala Sakandé. On le sait, il est difficile de succéder à quelqu’un de la trempe de Salifou Diallo. Comme tout homme a son tempérament, sa personnalité et sa façon de faire, on peut conclure que la tâche ne sera pas facile mais elle reste du domaine du possible.
Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida