La crise qui couve depuis 2013 à l’Institut d’ingénierie de l’eau et de l’environnement (2iE) devrait se conjuguer désormais au passé. En effet, la nomination par le Conseil d’administration d’un Directeur général transitoire, le 22 août 2017, et sa prise de fonction hier mardi 5 septembre 2017, constituent les derniers actes de résolution d’une crise qui a balafrée sérieusement l’image de cet Institut de renommée internationale. Dr Mady Koanda, le nouveau DG, a 12 mois pour remettre 2iE sur les rails. La cérémonie d’installation a eu lieu dans l’enceinte de l’institut, sous la présidence du ministre en charge de l’eau, Niouga Ambroise Ouédraogo, en présence des différentes parties prenantes.
C’est une crise qui n’a que trop duré, à entendre les acteurs. Depuis 4 ans, le 2e pôle d’excellence d’ingénierie en Afrique est empêtré dans un malaise généralisé, mettant à mal la crédibilité de l’institut. Cette crise sociale a affecté le nombre d’inscriptions des étudiants dans cet institut, plongeant du même coup celui-ci dans une crise financière. Mais avec la prise de fonction du Directeur général transitoire, le Dr Mady Koanda, le 5 septembre 2017, c’est un nouveau soleil qui se lève sur 2iE. Cette sortie de crise est vécue comme une prise de conscience, une maturité d’esprit de tous les acteurs. Pour le ministre de l’Eau et de l’assainissement, Niouga Ambroise Ouédraogo, vice-président du Conseil d’administration de la Fondation 2iE, « il était temps de tourner définitivement la page de la désunion, du conflit social au niveau du corps enseignant, des étudiants, de l’Administration » pour redonner à cette institution son lustre d’antan. Il a laissé entendre que celui qui doit présider aux destinées de 2iE les 12 prochains mois, a eu la confiance de toutes les parties prenantes. Cette confiance est liée au passé de l’homme qui connaît parfaitement 2iE sous toutes ses coutures.
Titulaire d’un doctorat es science de gestion et d’un doctorat en analyse et politique économique, Mady Koanda a travaillé à 2iE de 2011 à 2015. Il y a occupé les fonctions de conseiller du directeur général, de Pr associé, de responsable de la Business school et de responsable du Projet CLEAR. Il est présenté comme l’un des principaux artisans de l’élaboration d’un Business Model pour 2iE en 2012. En acceptant de prendre les rênes de la Fondation, le nouveau DG s’engage à atteindre deux principaux objectifs : parachever le travail d’instauration d’un climat social propice au renouveau de l’institut et œuvrer à trouver une réponse aux problèmes financiers de l’institut par un retour massif des étudiants du monde entier à 2iE. Ce dernier dit être bien conscient des enjeux : « Ma nomination intervient à un moment critique de la vie de la prestigieuse institution. Je mesure la responsabilité qui m’incombe et le degré de complexité de la situation dans laquelle elle se trouve », a-t-il confessé.
Redorer le blason de l’institut
Il a donc tenu à rassurer les étudiants, le personnel et les partenaires techniques et financiers que 2iE a un avenir et un avenir d’autant plus radieux que les fondamentaux de l’institution demeurent solides. Il dit être apte à travailler à minimiser les risques et menaces qui guettent cette dernière. Pour parvenir à cette fin, Mady Koanda a lancé un appel aux étudiants, au personnel de toutes les catégories à regarder dans la même direction, « sans rancune ». « A l’ensemble des partenaires, je m’inscris dans une démarche constructive non seulement fondée sur la consolidation de nos points forts, mais également sur l’examen des points de faiblesse identifiés dans une démarche qualité d’amélioration continue », dira-t-il. Les 12 prochains mois à 2iE, seront consacrés à la préparation des conditions les meilleures pour un fonctionnement normal afin de relever les défis de la bonne gouvernance, de l’excellence et du rayonnement international de 2iE, à en croire le DG transitoire. Cette phase de convalescence « nécessite l’accompagnement de tous sans exclusive », a martelé le vice-président du Conseil d’administration.
En rappel, notons que la création de 2iE remonte à 2007. Elle résulte de la fusion et de la restructuration des écoles inter-Etats EIER (Ecole d’ingénieurs de l’équipement rural) et ETSHER (Ecole des techniciens de l’hydraulique et de l’équipement rural), créées respectivement en 1968 et 1970 par 14 Etats d’Afrique de l’Ouest et Centrale pour former des ingénieurs spécialisés dans les domaines de l’équipement et de l’hydraulique. Aujourd’hui, 2iE regroupe 16 Etats membres africains, des partenaires institutionnels, académiques et scientifiques ainsi que des entreprises privées. Le nouveau DG a la lourde tâche de convaincre toutes les parties prenantes de la nécessité de poursuivre le rêve de ce pôle de croissance labellisé par la CEDEAO, l’UEMOA, le NEPAD et la Banque mondiale.
Ousmane TIENDREBEOGO (Collaborateur)