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Tabaski 2017 : le sermon de la prière de l’imam de l’AEEMB et du CERFI
Publié le samedi 2 septembre 2017  |  Autre presse
Attaque
© aOuaga.com par Séni Dabo
Attaque du café Instanbul : marche silencieuse en hommage aux victimes
Samedi 19 août 2017. Ouagadougou. Une marche silencieuse a eu lieu sur l`Avenue Kwamé N`Krumah en hommage aux victimes de l`attque terroriste de la pâtisserie-café Aziz Istanbul. Photo : Halidou Ilboudo, imam de l`Association des élèves et étudiants musulmans du Burkina (AEEMB)




Au nom d’Allah, le Miséricordieux par essence et par excellence Louanges à Allah, Seigneur des univers, Paix et salut sur le messager Mohammad, sa famille, ses compagnons et sur tous ceux qui suivent la voie ascendante jusqu’au jour dernier.
Louanges au seigneur Allah, seigneur de Ibrahim, de Ismaël, de Isaac, de Moise, de Jésus, de Mohamed, Dieu des hommes, Maitres des choses et des êtres. Louanges à Allah qui maintient vivant en nous le rappel par les occasions de prières en certaines dates et en certains lieux.
Ainsi donc, la célébration de l’Aïd El Kebir communément appelé tabaski, est un grand moment de prières et de remerciement à Allah, car elle couronne la pratique du 5e pilier de l’islam, le pèlerinage aux Lieux saints, et nous relie à Abraham, le père du monothéisme et à l’ensemble de la communauté humaine.
Le Coran nous raconte l’histoire de Ibrahim, l’ami d’Allah, mais dans une perspective purement humaine afin que cela nous serve d’exemple et de leçons.
On voit donc le prophète d’Allah soumis entièrement à la condition humaine. Il vécut les questionnements existentiels qui se posent à tout humain, visita les croyances et les idéologies de l’époque, connut la déchirure familiale, le rejet et l’exil.
C’est dans la douleur des épreuves que se forgea son destin :
« Et rappelle-toi, quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : « Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens". Sourate 2 Verset 124.
La fête du Sacrifice n’est donc pas seulement le souvenir d’une époque dont la nostalgie nous rattraperait mais le rappel permanent d’une histoire qui doit nourrir notre lutte quotidienne.
C’est en cela que chaque étape du pèlerinage est un enseignement :
-l’ihram et la talbiyya : le retour vers ALLAH, sans aucune conditionnalité, et Dieu seul sait comment nous avons vécu cela ces deux jours
-le sacrifice et la lapidation : la lutte contre nos égos
-la station de Arafat, la symbolique du jugement dernier.
Mais le plus souvent, nous nous arrêtons à la mécanique des actes sans percevoir l’utilité pratique de l’enseignement. Or donc, de cette façon, que nous sacrifiions tous les béliers de la terre et lancions toutes les pierres de la planète, nous ne mériterions pas d’être les fidèles d’Abraham. « [Et rappelle-toi,] quand ton Seigneur eut éprouvé Abraham par certains commandements, et qu’il les eut accomplis, le Seigneur lui dit : “Je vais faire de toi un exemple à suivre pour les gens”. - “Et parmi ma descendance” ? demanda-t-il. - “Mon engagement, dit Allah, ne s’applique pas aux injustes. Sourate 2 Verset 124
L’épreuve fait donc partie intégrante de la formation du croyant et une des grandes épreuves que nous avons à vivre est celle de la compréhension du vrai message de l’islam au-delà des écoles d’interprétation et des amalgames de certains adeptes. Ainsi donc l’islam est le chemin de la guidance divine, de la miséricorde offerte à l’humanité par le biais des prophètes et des livres saints. L’islam est une foi en ce sens qu’il nous relie aux hommes et à Dieu. L’islam est une loi, une charia car il nous ramène à la source par la législation saine. L’islam est une pratique parce qu’il est vécu au quotidien, en privé et en public.
L’islam est un Djihad, c’est-à-dire un effort permanent pour vivre droit, juste et bien. C’est le sens du vrai jihad, doublement trafiqué d’une part par des terroristes nihilistes en quête d’idéologie et d’autre part par une certaine presse en quête perpétuelle de sensations et de scoop.
Mes frères et mes sœurs, notre jihad à nous en ces temps troubles est de lutter et de refuser qu’on nous vole notre concept. Nous récusons donc aux terroristes ce mot jihad car il ne peut être appliqué sur des innocentes victimes et aveuglément, ni porté par des narcotrafiquants qui sentent de loin la méconnaissance de Dieu et la haine de ses créatures.
Nous récusons du même fait à la presse le qualificatif de djihadistes à ces bandits car ils nous ont volé notre concept. Et persister dans ce chemin serait les y aider et entrainer une certaine fixation sur la communauté.
Dans ce domaine ci comme dans plusieurs nous avons à mener des jihad : jihad individuel, jihad collectif, jihad de la recherche du savoir, jihad de l’organisation de la communauté, jihad de la cause de la femme et de l’enfant, jihad de la citoyenneté, jihad du vivre ensemble.
Frères et sœurs dans la foi, nous avons encore beaucoup à apprendre à l’école d’Ibrahim et c’est là le vrai jihad. Et le coran nous dit clairement : Sourate 22, v78. Et luttez pour Allah avec tout l’effort qu’Il mérite. C’est Lui qui vous a élus; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés “Musulmans” avant (ce Livre) et dans ce (Livre), afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la Salat, acquittez la Zakat et attachez-vous fortement à Allah. C’est Lui votre Maître. Et quel Excellent Maître ! Et quel Excellent soutien !
Mes frères et sœurs, les verstes 83 à 113 de la sourate 37 sont de ceux qui relatent avec brio l’histoire de Abraham mais que nous méditions très peu. Ils réunissent dans la même prophétie les fils Ismaël et Isshaq comme bénédiction pour leur père.
Aujourd’hui, pris dans le projet funeste des « diviseurs pour régner et exploiter », nous en sommes arrivés à accepter la partition du monde en deux camps : celui de l’islam, arabo musulman ou autre, face à un monde supposé judéo-chrétien, qui serait notre ennemi. Cela est loin de l’idéal abrahamique et aux antipodes des enseignements de l’islam. Et chaque tabaski doit nous rappeler que les hommes sont de la même origine et ne sont meilleurs que par la piété. « Sourate 49, Verset 13. Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entreconnaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand- Connaisseur ».
Frères et sœurs dans la foi, nous avons beaucoup à réapprendre sur le sens des finalités, afin que le hajj ne soit pas un voyage de tourisme pour les pèlerins et que son organisation ne soit pas seulement un enjeu financier. Et pour cela chaque acteur de la chaine doit faire preuve de crainte d’Allah, de sincérité, et de conscience professionnelle. Tout en saluant les avancées significatives, nous encourageons La Fédération à travers le Comité de Suivi à privilégier la rigueur et le professionnalisme surtout que les agréments des agences arrivent à échéance cette année. Il ne serait pas de trop que le comité s’inspire de l’expérience de certains pays voisins qui s’en sortent mieux que nous.
Mes frères et sœurs dans la foi, nous sommes devenus ce que nous sommes par le biais et le fait de l’éducation. On conçoit difficilement une société humaine viable sans éducation véritable, et il faut le concéder, nous sommes proches de l’échec dans ce domaine.
Au niveau familial, la vie urbaine, vie chère avec ses exigences, a fait démissionner plus d’un parent de son rôle premier d’accompagnateur de son enfant. L’école publique est saturée à tous les degrés, de la maternelle au supérieur, et avec tous les problèmes qu’on lui connait : manque d’infrastructures, manque de personnels, pléthore des effectifs, formation au rabais.
Le cas des universités publiques dépassent tout entendement : des années académiques enchevêtrées sans lueur précise de normalisation !
Singulièrement, au niveau de notre communauté, le paradoxe est encore plus grand. Au moment où nous réfléchissons à un plan d’intégration des diplômés arabophones, nous nous complaisons toujours dans le développement de formations scolaires hors système, sans oublier le problème récurrent de l’école coranique !
Mes frères et mes sœurs, il nous faut avoir le sens des priorités, et l’éducation de nos enfants est la première de celles-ci.
Notre communauté regorge de bien d’opérateurs économiques qui peuvent investir dans le secteur de l’éducation. C’est le lieu de dire ici, que construire une école peut sous certains angles être supérieur à envoyer quelqu’un en pèlerinage ou même construire une mosquée dans un lieu qui n’en demande pas vraiment.
Notre appel à investir dans l’éducation n’est pas pour dédommager l’état ou les pouvoirs publics, mais pour renforcer leur action et réaffirmer l’action citoyenne de chacun d’entre nous.
Du reste, nous avons été unanimes à condamner le projet de contrôle de la natalité dans la sous-région à l’horizon 2030, mais tant que des efforts conséquents ne seront pas faits dans le secteur de l’éducation et de la gouvernance, les prévisions nous rattraperont. C’est vrai qu’il n y a de richesses que d’hommes, mais de quels hommes avons-nous besoin ? Quel est le niveau d’instruction et d’éducation des nations surpeuplées et développées que nous prenons comme antithèse ? C’est aussi cela la vérité, celle qu’on dit qu’elle rougit les yeux mais ne les crève pas.
Pour le cas de nos structures, de l’AEEMB et du CERFI, de façon modeste nous avons démarré nos projets sociaux éducatifs à Ouagadougou et dans les régions avec vos contributions salutaires. Tout en priant Allah qu’il mette cela dans la balance de vos bonnes actions, nous vous tenons informés que les chantiers sont toujours en cours et la coordination des projets est à votre disposition pour la suite.
Mes frères et sœurs dans la foi, nous célébrons cette fête de tabaski au moment où notre pays vient d’être encore une fois endeuillé par des individus sans foi ni loi dans la nuit du 13 au 14 aout. Nous avons une pensée pieuse pour ceux qui nous ont quittés en cette douloureuse circonstance. Nous prions Allah pour les blessés et nous souhaitons du réconfort à toutes les familles, à la nation burkinabé et à tous nos amis du Burkina. Nos prières vont aux forces de défense et de sécurité qui veillent sans cesse sur nos vies et nos biens.
C’est le lieu ici encore d’affirmer notre condamnation sans réserve du phénomène du terrorisme quels qu’en soient les motifs, les auteurs, les lieux et les époques. Toute cause cesse d’être noble et défendable à nos yeux quand elle se construit sur la mort d’innocentes personnes.
C’est le moment pour chaque responsable, chacun en ce qui le concerne et dans sa sphère d’autorité de communiquer efficacement, d’éviter les amalgames et ne pas tomber dans le piège des nihilistes qi envient à notre vivre ensemble légendaire et à notre jeune démocratie. J’ai espoir que les burkinabés sauront puiser dans le riche trésor de nos traditions et cultures de quoi faire échec à leur projet funeste.
Nos prières ces instants vont à tous les peuples voisins ou éloignés, qui souffrent parce qu’ils luttent pour la vie, et leur droit à la justice, à la liberté et aux droits humains.
Nous avons une pensée toute particulière pour les populations innocentes de Syrie et d’Irak, prises dans le piège de l’hypocrisie des uns et de la dictature des autres. Allah reste notre recours ultime.
Mes frères et sœurs, en ce jour de fête et de souvenir, il me plait particulièrement de rappeler ce récit qui nous recadre dans les priorités et fait rester fidèles à la voie.
« Un jour, un homme vint demander au Prophète, Salla Allahou ’Alaihi wa Sallam : « Ô Messager d’Allah, quelles sont les personnes les plus aimées d’Allah, exalté soit-Il ? Et quelle est l’œuvre la plus aimée d’Allah, exalté soit-Il ? ».
Le Prophète (Salla Allahou Alaihi wa Sallam) lui répondit : « Les personnes les plus aimées d’Allah sont les plus utiles aux autres. Et l’œuvre la plus aimée d’Allah, exalté soit-Il, est le fait de rendre un musulman heureux en dissipant sa peine, en remboursant sa dette ou en le rassasiant. Il vaut mieux aider un frère dans le besoin que d’effectuer une retraite spirituelle d’un mois dans cette mosquée de Médine.
Quiconque contient sa colère, Allah dissimulera ses défauts et quiconque domine sa rage, alors qu’il est capable de la déchaîner s’il le veut, Allah, exalté soit-Il, remplira son cœur de bien-être le Jour de la Résurrection.
Celui qui assiste son coreligionnaire jusqu’à ce qu’il ait satisfait un besoin, Allah, exalté soit-Il, affermira ses pas le Jour du Jugement dernier »[At-Tabarâni (Al-Albâni : Hassan)].
Mes frères et mes sœurs dans la foi, tabaski est une fête du partage. Partageons aujourd’hui la joie, les prières et les repas. Partageons aujourd’hui notre amour pour la vie et pour les hommes. Partageons notre attachement au juste, au vrai, au bien. Partageons notre attachement aux valeurs de bonne gouvernance et notre allégeance pour notre patrie.
Nous prions Allah le tout puissant qu’il garde notre pays de la haine de ses ennemis, qu’il renforce la cohésion de ses habitants, qu’il donne de la droiture à ses gouvernants, qu’il augmente la lucidité de ses savants, la générosité de ses riches, l’ambition saine à sa jeunesse.
Nous te prions, O seigneur Allah, Maitre des hommes, des êtres et de l’univers tout entier,
C’est vers toi que s’élèvent les plaintes de notre peuple, les pleurs et les larmes des orphelins et des veuves,
Accueille en ton sein ceux qui nous ont quittés
Nous avouons devant ta grandeur la faiblesse de nos moyens et l’insuffisance de nos stratégies
Tu es témoin pourtant du courage de nos hommes et de l’innocence de nos femmes
De la justice de notre action, de l’ambition de nos jeunes, de la sagesse de nos gouvernants
Et pourtant, le mal des barbares nous a atteints
Tu es le recours ultime vers qui nous nous tournons Nous avons espoir dans ton soutien
De même que tu as soutenu tes envoyés en de circonstances pareilles
Nous plaçons notre pays, ses habitants et ses biens sous ta protection suprême et suffisante.
Nul n’a jamais été déçu qui a placé sa confiance en toi.

Bonne fête à tous et qu’Allah bénisse notre nation !

Imam Khalid ILBOUDO
01/09/2017


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