Une nouvelle analyse sur l’allaitement maternel exclusif montre qu’un investissement de 4,70 dollars par nouveau-né pourrait générer 300 milliards de dollars de gains économiques d’ici à 2025. Une preuve que l’allaitement maternel est très important à tous les niveaux.
La semaine mondiale de l’allaitement maternel a eu lieu du 1er au 7 août derniers. Ce fut une occasion pour bon nombre de pays de réfléchir aux politiques en faveur de l’allaitement maternel. Au niveau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’occasion a été saisie pour publier un rapport réalisé avec l’UNICEF en collaboration avec le Collectif mondial pour l’allaitement maternel, une nouvelle initiative visant à accroître les taux d’allaitement maternel à l’échelle mondiale. Il s’est agi de faire l’état des lieux de la pratique de l’allaitement maternel. Il ressort alors qu’aucun pays au monde ne respecte entièrement les recommandations en matière d’allaitement maternel. En effet, il ressort du tableau d’évaluation de l’allaitement maternel dans le monde (Global Breastfeeding Scorecard), sur un examen des pratiques d’allaitement dans 194 pays, que seuls 40% des enfants de moins de 6 mois sont allaités exclusivement au sein. C’est-à-dire qu’ils ont pour unique alimentation, le lait maternel et que seuls 23 pays ont des taux d’allaitement exclusivement au sein supérieurs à 60%. Ces 23 pays qui sont parvenus à un taux d’allaitement exclusif supérieur à 60% sont les suivants : la Bolivie, le Burundi, le Cap-Vert, le Cambodge, l’Erythrée, les Etats fédérés de Nauru, les Îles Salomon, le Kenya, le Kiribati, le Lesotho, le Malawi, la Micronésie, le Népal, l’Ouganda, le Pérou, la République populaire démocratique de Corée, le Rwanda, Sao Tomé-et-Principe, le Sri Lanka, le Swaziland, le Timor-Leste, le Vanuatu et la Zambie. Le tableau d’évaluation a été publié au début de la Semaine mondiale de l’allaitement maternel, avec en sus une nouvelle analyse qui montre qu’il faut investir seulement 4,70 dollars par nouveau-né et par an pour porter à 50% d’ici à 2025 le taux mondial d’allaitement exclusif pour les enfants de moins de 6 mois. D’après la publication intitulée Nurturing the Health and Wealth of Nations: The Investment Case for Breastfeeding (Alimenter la santé et la richesse des nations: les raisons d’investir en faveur de l’allaitement maternel), atteindre cet objectif permettrait de sauver la vie de 520 000 enfants de moins de 5 ans et pourrait générer 300 milliards de dollars de gains économiques sur 10 ans, grâce à la réduction des maladies et des frais de santé et à la hausse de productivité ainsi obtenue. Il est prouvé que l’allaitement au sein, présente des avantages sur les plans cognitif et sanitaire pour les nourrissons ainsi que pour leur mère. Il est en particulier essentiel pendant les 6 premiers mois de la vie. Car, il contribue à la prévention de la diarrhée et de la pneumonie, deux causes majeures de mortalité chez les nourrissons. Les mères qui allaitent ont un risque réduit de cancer des ovaires et du sein, deux grandes causes de mortalité chez les femmes. « L’allaitement maternel donne aux nourrissons le meilleur départ possible dans la vie », a soutenu le directeur général de l’OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus. « Le lait maternel a l’effet d’un premier vaccin chez le nourrisson; il le protège de maladies potentiellement mortelles et lui donne tous les éléments nutritifs dont il a besoin pour survivre et s’épanouir», a-t-il insisté à l’occasion. « L’allaitement maternel est l’un des investissements les plus efficaces et les plus rentables qu’un pays puisse faire en faveur de la santé de ses plus jeunes habitants et de la santé future de son économie et de sa société », a expliqué le directeur général de l’UNICEF, Anthony Lake. « En n’investissant pas en faveur de l’allaitement maternel, nous manquons à notre obligation envers les mères et leurs nourrissons et payons une double pénalité: en vies perdues et en possibilités gâchées », a fait comprendre M. Lake. D’après la publication, dans 5 des plus grandes économies émergentes du monde, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Mexique et le Nigéria, le manque d’investissements en faveur de l’allaitement maternel se traduit d’après les estimations par 236 000 décès d’enfants chaque année et un manque-à-gagner économique de 119 milliards de dollars. A l’échelle mondiale, les investissements en faveur de l’allaitement maternel sont très faibles. Chaque année, les gouvernements des pays à revenu faible ou intermédiaire consacrent environ 250 millions de dollars aux programmes d’allaitement maternel et les donateurs ne versent qu’environ 85 millions de dollars supplémentaires. C’est pourquoi, le Collectif mondial pour l’allaitement maternel appelle les pays à accroître les financements en vue de faire augmenter les taux d’allaitement maternel de la naissance jusqu’à l’âge de 2 ans. Ledit collectif invite, par ailleurs, à mettre en œuvre dans son intégralité le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel et les résolutions pertinentes de l’Assemblée mondiale de la santé. Et ce, au moyen de dispositions juridiques strictes qui soient appliquées et fassent l’objet d’un suivi indépendant de la part d’organisations exemptes de tout conflit d’intérêt. Il recommande également la mise en place des politiques de congés familiaux et d’allaitement sur le lieu de travail, en considérant comme normes minimales les mesures de protection de la maternité de l’Organisation internationale du Travail, y compris des dispositions portant sur le secteur informel et la mise en œuvre des 10 conditions pour le succès de l’allaitement maternel dans les maternités. Il s’agit notamment de fournir du lait maternel aux nouveau-nés malades et vulnérables. Le Collectif souhaite non seulement l’amélioration de l’accès à des conseils qualifiés sur l’allaitement maternel dans le cadre de vastes politiques et programmes d’allaitement menés dans les centres de santé et le renforcement des liens entre les centres de santé et la population locale et le soutien des réseaux communautaires qui protègent, promeuvent et encouragent l’allaitement maternel mais aussi le renforcement des systèmes de suivi des progrès des politiques, des programmes et des financements visant à atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en matière d’allaitement maternel.
Gaspard BAYALA