La population de Ouahigouya a rendu, ce vendredi 25 août 2017, un dernier hommage à Salifou Diallo. Elle s’est inclinée sur la dépouille du président de l’Assemblée nationale, exposée à la Place de la nation, en présence des chefs d’Etat du Burkina et du Niger.
Le Burkina s’est donné rendez-vous, ce vendredi 25 août 2017, à Ouahigouya, pour rendre un dernier hommage au président de l’Assemblée nationale, décédé le 19 août à Paris. Très tôt dans la matinée, toute la ville a convergé à la Place de la nation, lieu prévu pour la cérémonie. A pieds, à motocyclette, à tricycle, à cheval ou encore en voiture, tous les moyens sont mis à contribution. Tous tiennent à saluer la mémoire de « l’enfant prodigue », Salifou Diallo. A 7h00, le site grouille de monde, les tentes prises d’assaut. Les organisateurs, avec à leur tête, le ministre d’Etat, Simon Compaoré, font les dernières retouches. L’heure est également à la revue des troupes, côté militaires et paramilitaires. A 7h35, le cortège funèbre fait son entrée à la Place de la nation de la cité du Naba Kango. L’assistance se met debout pour accueillir la dépouille de Salifou Diallo, au rythme de la fanfare militaire. La dépouille fait le tour du site, à l’image d’un bain de foule, digne d’un directeur national de campagne des élections présidentielles qu’il a été. A partir de 8h00, hommes et femmes, enfants, jeunes et vieux, Ouahigouya, en file indienne, s'incline sur la dépouille de ce « digne représentant » du Yatenga, en présence des chefs d’Etat du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré et du Niger, Mahamadou Issoufou. Boukaré Comparé, la soixantaine, est parmi les premiers à se recueillir sur le cercueil, exposé à cet effet. Aujourd'hui, il pleure un « grand serviteur » de sa famille. « Ma femme avait été hospitalisée à Ouagadougou, après un séjour au CMA de Ouahigouya. Après deux semaines, je n’avais plus rien pour honorer les frais médicaux. Je suis allé voir Salifou Diallo. Il a payé les frais d’ordonnance et de la salle d’hospitalisation pendant près d’un mois », a-t-il témoigné.
« Notre pays a perdu l’un de ses meilleurs fils »
Le représentant de Naaba Kiiba, roi du Yatenga, a donc émis le vœu que les autorités « n’abandonnent pas » le Nord. Issiaka Ouédraogo, commerçant au grand marché de la ville, s’est dit déboussolé parce qu’aujourd'hui, il n’a plus de « repère ». Le monde des affaires aussi se trouve éprouvé par le décès du « visionnaire infatigable aux talents d’entrepreneur », selon les termes de Sidi Madi Ouédraogo, dit Hamad Bangré. Le mois d’août a été « très difficile » pour le peuple burkinabè, admet le Premier ministre. En plus de l’attaque terroriste du café Istanbul du 13 août 2017 et de la perte des soldats à Tongomayel dans le Sahel, la mort de Salifou Diallo résonne comme « un cauchemar, un séisme, un terrible choc, un malheur… », selon Paul Kaba Thiéba. Le chef du gouvernement est revenu sur le parcours de l’homme de l’Université de Ouagadougou à celle de Perpignan en France (sanctionné par un doctorat en droit public international), en passant par le cabinet du ministère de la Justice, en 1986 et la présidence de l’Assemblée nationale, en 2015. Ce qui fait dire à M. Thiéba qu’« Avec Salifou Diallo, notre pays a perdu l’un de ses meilleurs fils ». Le peuple burkinabè a conscience du statut d’homme d’Etat qui a sacrifié sa vie pour lui, avec tendresse, sincérité et fidélité. « Ta vie entière est un combat pour la justice sociale, pour la liberté, pour la démocratie et pour le développement de notre pays », reconnaît-il. « Héros et patriote », le « Gorba national » entre au panthéon de l’histoire du ‘’pays des Hommes intègres’’.
Les Gourmantché, parents à plaisanterie du défunt qui disent avoir perdu leur « digne fils, né à Fada N’Gourma », réclament la dépouille. Face à la douleur et au chagrin de la nation entière, le « Sable », ont-ils révélé, demande au peuple de cesser ses larmes, car, « il n’est pas mort. Rendez-vous dans la cité de Yendabli où il va se réveiller ».
Djakaridia SIRIBIE