Aujourd’hui mercredi 23 août 2017, les neuf millions d’électeurs angolais sont invités aux urnes pour désigner les 223 députés de la prochaine Assemblée nationale. Pour ce scrutin, six partis politiques sont en lice pour, non seulement aller à la conquête du perchoir, mais surtout pour le fauteuil présidentiel puisque le vainqueur nommera en son sein le chef de l’Etat.
Bien évidemment, le mouvement populaire pour la libération de l’Angola (MPLA), au pouvoir depuis 42 ans, aborde la course en super favori. Sa rivale historique, l’union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), fondée par Jonas Savimbi, devra, elle, se contenter de ne pas perdre la figure devant de petits partis aux grandes ambitions comme la Casa-Ce d’Abel Chivukuvuku qui n’entend pas faire dans la figuration.
En attendant donc le verdict des urnes quasi connu à l’avance, ce vote, troisième du genre depuis la fin de la guerre civile en 2002, marque le départ de José Eduardo Dos Santos, au pouvoir depuis 38 ans. Mais il s’agit plutôt là d’un faux départ, puisque le chef de l’Etat angolais, bien qu’affaibli par l’âge (75 ans) et la maladie, a décidé de conserver la tête du parti dont la victoire aux présentes élections ne fait l’ombre d’aucun doute.
Son successeur désigné, Joao Lourenço, 63 ans, ministre de la Défense et actuel vice-président du MPLA, sera donc aux commandes du pouvoir sans pour autant assurer véritablement son exercice. Il devra donc savoir à quoi s’en tenir, et il le sait.
En effet, le Parlement vient d’adopter des lois qui restreignent désormais les prérogatives du chef de l’Etat. Comme ce texte du 21 juillet dernier qui a reconduit pour les huit prochaines années les patrons de l’armée de la police et des services de renseignement. Quand on sait la place qu’occupent ces institutions dans le fonctionnement des Etats quasi policiers comme l’Angola, autant dire que le dauphin désigné hérite qu’un pouvoir qui n’en est plus vraiment un.
Et ce n’est pas tout. Une autre loi en gestation prévoit l’augmentation de la rémunération du futur ancien président assorti de bien d’autres avantages matériels.
Et que dire du prochain statut judiciaire spécial qui le soustrait désormais à toute poursuite devant les juridictions de son pays ?
Tel un parrain de la mafia sicilienne qui règne sur son territoire, Dos Santos dirige la troisième puissance économique africaine (après l’Afrique du Sud et le Nigéria) dans le seul souci de garantir l’irréversibilité de la mainmise familiale sur les immenses richesses dont regorge l’Angola, deuxième producteur de pétrole sur le continent.
Il ne badinera donc pas avec les intérêts du clan Dos Santos dans ce pays de cocagne où se repaissent les apparatchiks du MPLA.
Expression achevée de l’accaparement des immenses ressources par la famille présidentielle, la bien nommée Isabel Dos Santos, fille de « Zedu ».
En effet, surnommée la « princesse », elle est considérée par le magazine « Forbes » comme la femme la plus riche et la plus puissante d’Afrique. Elle est aussi la première femme africaine milliardaire en dollars.
Comme on le voit, ces législatives marquent un départ en trompe-l’œil de Dos Santos du pouvoir. Avec Joao Lourenço dans le rôle de serviteur docile des intérêts du clan Dos Santos.
Alain Saint Robespierre