Leader dans un passé récent, Dagano assume son rôle de remplaçant au sein des Etalons. Dans l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, il parle de sa situation, de sa vie en club et de ceux qui jouent aujourd’hui à sa place.
Un peu partout, c’est la reprise. Dites-nous pourquoi vous séjournez encore au Faso en ce moment ?
C’est vrai que c’est la reprise un peu partout, même nous, on a repris, cela fait une semaine. Mais comme j’étais en sélection, le club m’a donné une semaine supplémentaire de repos. J’essaie de profiter grandement de cette semaine car dans quelques heures je prendrai mon vol pour regagner mon club.
Comment aviez-vous meublé vos vacances ?
J’ai surtout passé mes vacances avec la famille et avec mes amis d’enfance. Je suis allé voir ma maman à Abidjan également car cela faisait quatre années que je ne l’avais pas vue. C’a été un plaisir pour moi de retourner à Abidjan. Mais je puis vous assurer que j’ai passé de bonnes vacances et maintenant je suis bien dans la tête pour reprendre le championnat.
Vous étiez également attendu à Abidjan pour la nuit du footballeur africain. Pourquoi n’aviez-vous pas pu honorer ce rendez-vous ?
J’avais donné mon accord pour y être mais à la dernière minute j’ai eu un contretemps et quelques rendez-vous très importants également. C’est vrai que le rendez-vous d’Abidjan était aussi important mais je me suis excusé auprès de Yves Sawadogo et des organisateurs et je crois qu’ils m’ont compris. J’en ai profité pour rester régler quelques trucs importants que je devais faire au Burkina et après cela, je suis allé voir ma maman.
Vous prendrez certainement le train en marche : comment se fera la préparation foncière pour vous en club ?
Déjà comme vous le savez, le Qatar est un pays musulman. On va faire un mois de préparation sur place et après il est prévu un stage de deux semaines en Europe, certainement entre l’Allemagne et la France. On reprendra le championnat après ce stage. C’est vrai que la préparation est difficile en ce moment avec le carême car les entraînements sont programmés un peu tard dans la nuit vers 21h30-22h00. C’est vrai que cela fait des années que je suis dedans mais j’essaie de m’adapter à ce rythme de vie.
L’année dernière, votre club a eu des difficultés. Comptez-vous cette fois redresser la barre pour ne plus vivre la même mésaventure ?
Vraiment je commencerai par remercier Dieu car cette année, il n’y a pas la CAN. A chaque fois que je dois signer dans un club, on me demande de ne pas participer à la CAN. J’ai toujours refusé car la coupe d’Afrique des nations est très importante pour tous les joueurs africains qui désirent faire partie de ce rendez-vous pour défendre les couleurs de leur pays. J’ai toujours dit avant la signature de mon contrat aux responsables de clubs que s’ils veulent que je me sente bien, c’est de me laisser libre afin de pouvoir représenter mon pays à ce rendez-vous car c’est très important pour moi. C’est vrai que cette année c’était un peu tendu avec mon président mais à la fin, il a compris que j’ai eu raison d’être parti pour la CAN car nous sommes arrivé en finale. Il m’a même félicité et il était fier qu’un joueur de son club joue la finale. Mais cette année, il n’y a pas de coupe d’Afrique et cela va me motiver à plus me concentrer davantage sur mon club. La saison dernière, pendant la CAN, j’ai raté plus de six matchs et en tant que capitaine de mon club et joueur très important de l’effectif, plus de six matchs, cela fait beaucoup et pendant toutes ces rencontres, on a tout perdu. Cette année, on devait évoluer en deuxième division mais Dieu merci, la Fédération a décidé d’augmenter le nombre de clubs en D1 en ne pratiquant pas de descente mais en donnant plutôt la promotion à deux clubs de D2. Ce qui fait que cette saison on passera de 12 à 14 équipes pour le championnat de D1. Cela faisait des années que l’idée germait dans la tête des dirigeants et cette année on a la chance qu’elle voit le jour et Dieu merci encore, elle vient nous permettre de rester parmi l’élite du football qatari. Nous sommes tous contents.
Passé la finale de la CAN, tous les regards sont aujourd’hui braqués sur les éliminatoires de la coupe du monde 2014. Dagano croit-il aux chances des Etalons de décrocher le ticket pour le dernier tour qualificatif ?
On y croit dur comme fer car cela me rappelle la première participation de la Côte d’Ivoire à la coupe du monde. Les Ivoiriens étaient dans la même poule que le Cameroun et jusqu’à la dernière seconde ils y ont cru et c’est passé. Cette année, tout le monde chante que c’est l’année des Etalons. Il y a des signes qui ne trompent pas et nous allons donner le maximum sur le terrain et espérer encore que la chance soit toujours de notre côté. Notre dernier match sera capital et difficile. Mais le plus important c’est de nous concentrer sur le Gabon et ne pas penser à ce qui va se passer au Niger. Si nous faisons notre boulot sur le terrain, le Niger pourra nous aider un peu.
Vous êtes l’un des piliers des Etalons ; conseillez-vous actuellement les attaquants qui jouent à votre place aujourd’hui ?
(Rires) Je leur dis qu’ils ont la chance déjà de pouvoir porter le maillot du Burkina, car aujourd’hui il y a tellement de joueurs burkinabè qui aimeraient faire partie des Etalons. Nous avons déjà la chance d’être parmi les 23 et je leur dis d’en profiter car des moments comme cela ne présentent pas tous les jours. Quand ils sont sur le terrain, je leur dis de se donner à fond et de se concentrer sur le match car l’instant d’une rencontre ne dure que 90 minutes et n’a rien à voir avec la vie. 90 minutes dans 24 heures de la journée, c’est peu ; donc ils n’ont qu’à profiter et se donner à fond. Je suis fier de ceux qui jouent présentement à ma place, ils l’ont mérité. Par moment, il y a des discussions et des gens disent que Dagano doit jouer. Mais pour moi, le plus important est que l’équipe gagne. C’est le coach qui décide avant tout. Quand je jouais, il y avait des gens qui étaient sur le banc ; maintenant il y a des gens qui jouent à ma place, j’accepte cette nouvelle situation. Je vais encore attendre mon tour. Je vais vers la sortie et il ne sert à rien de mettre la pression et gâcher ce que nous sommes en train de construire. A chaque fois que nous gagnons, c’est la fête, c’est la joie et nous profitons tous de ce bon moment. J’encourage les jeunes à continuer d’œuvrer pour donner encore plus de joie au public burkinabè. Depuis la CAN 98, je n’ai jamais vu le public burkinabè être à ce point derrière les Etalons. Cela c’est en partie grâce à nos résultats aussi. Le public n’a qu’à continuer à prier pour nous afin que Dieu nous donne la santé et que les Etalons continuent à représenter dignement le Burkina .
Par moment, on vous voit discuter avec les attaquants qui sont sur le terrain. Quel message leur passez-vous ?
Je leur dis de ne pas se mettre la pression. J’ai une image et s’ils jouent à ma place, peut-être se mettront-ils inutilement la pression. Je leur dis d’être posés dans la tête et de faire tout ce qu’ils ont à faire sans se dire qu’il y a quelqu’un sur le banc. Quand j’étais avec les Mamadou Zongo et les Oumar Barro, je tremblais sur le terrain quand j’avais ma chance à saisir. Car sur le banc, c’était vraiment du costaud et cela me mettait une pression supplémentaire. Je leur dis de se lâcher et se donner à fond car s’ils sont là, c’est parce qu’ils le méritent aussi.