Au lendemain du décès du président de l’Assemblée nationale et président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), Salifou Diallo, hommes politiques, acteurs de la société civile et syndicalistes saluent la mémoire d’un combattant, d’un homme de conviction, bref, d’un grand homme politique. C’est également ce qu’a fait El hadj Mahamadi Kouanda, militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) à qui nous avons tendu notre micro, le 22 août dernier à Ouagadougou. Bien connu pour son franc-parler, cet homme qui dit avoir côtoyé le défunt deux décennies durant, nous dit dans les lignes qui suivent comment il a accueilli la nouvelle de la disparition du président du MPP, ce qu’il souhaite pour la famille du disparu. Lisez plutôt.
« Le Pays » : Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la disparition de Salifou Diallo ?
Mahamadi Kouanda : C’est avec tristesse et regret que j’ai accueilli la nouvelle de la disparition du président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo. Si c’était avant janvier 2014, j’allais dire le camarade Diallo, car il fut un compagnon pendant 28 ans. Je présente mes sincères condoléances à la famille du défunt, à son épouse, ses enfants et sa mère, à sa famille politique, le MPP, et surtout à la famille Naaba Kango à Ouahigouya.
Vous qui avez longtemps côtoyé l’homme, que pouvez-vous nous dire à son sujet ?
Effectivement, j’ai connu Salifou Diallo fin 85 à mon domicile, à travers ses amis qui étaient venus chez moi, quand il venait d’arriver de Dakar. Plus tard, en février 1986, je l’ai trouvé au cabinet de Blaise Compaoré. Ce dernier avait voulu le nommer comme chef de cabinet mais cela n’avait pas rencontré l’assentiment de Thomas Sankara qui ne voulait pas que Salifou Diallo fût le chef de cabinet de Blaise Compaoré, parce que pour ce jeune capitaine, Salifou n’avait pas encore reconnu la révolution d’août 1984. Or, à l’époque, tout le monde savait que Salifou Diallo était un militant bien connu du PCRV. A travers Blaise Compaoré, Salifou Diallo et moi avons commencé à nous côtoyer de 1986 jusqu’aux événements du 15 octobre 1987 (NDLR. Il fait allusion au coup d’Etat qui a emporté Thomas Sankara et 12 de ses compagnons). Après cette date, nous nous sommes retrouvés à la présidence. Salifou Diallo en qualité de Directeur de cabinet, Gabriel Tamini, Directeur de la presse avec rang de conseiller, Issa Kiendrébéogo, conseiller spécial, Alidou Ouédraogo, conseiller juridique et moi-même Mahamadi Kouanda, chargé des relations publiques, etc. Nous nous sommes donc côtoyés jusqu’à mon départ pour Riyad en 1992. Moi je n’ai jamais eu de problème particulier avec Salifou Diallo parce que nous avions un dénominateur commun : le franc-parler. Politiquement aussi, nous étions ensemble à l’ODP/MT. Certes, Salifou Diallo n’était pas un membre fondateur de ce parti, mais il fut le premier militant de l’ODP/MT. Quand ce parti a été créé en 1989, aucun groupe politique parmi les 4 dont l’Union de lutte communiste-reconstruite (ULC-R), n’a voulu rejoindre l’ODP/MT. Chacun était dans les calculs. Seul Salifou Diallo, accompagné de Dieudonné Bonanet, Yacouba Barry et du regretté René Bassinga a rejoint ce nouveau parti, le 19 avril 1989. Quatre jours après, il a formulé son engagement. A défaut de comprendre l’ensemble du GCB, ce fut lui et son groupe qui rejoignirent le parti. C’est bien après que les autres ont intégré l’ODP/MT.
Je souhaite que Salifou Diallo puisse avoir des obsèques dignes de son rang
Après sa disparition donc, je souhaite que Salifou Diallo puisse avoir des obsèques dignes de son rang et que sa mort soit un plus pour le Burkina et non le contraire. Que ceux qui ont pris cet homme comme référence, puissent poursuivre son œuvre. Je demande surtout à Allah d’assister son épouse, ses enfants et de donner longue vie à sa maman. Car perdre un fils à son âge, 82 ans, est une dure épreuve. Je demande à Allah le Tout-Puissant de protéger cette vieille-là, ses enfants, ses petits-fils et belles-filles et tout le beau monde que le défunt a laissé derrière lui.
L’occasion faisant le larron, permettez-moi de présenter également mes condoléances aux familles de ceux qui ont été lâchement tués lors de l’attentat terroriste contre Aziz Istanbul, le 13 août dernier sur l’avenue Kwame N’Krumah, et de souhaiter un prompt rétablissement aux blessés. Ceux qui ont commis cette barbarie ne sont pas des djihadistes, ce sont des bandits, des ennemis d’Allah qui cherchent à ternir l’image de l’islam. C’est pourquoi il est bon que nous soyons vigilants afin d’éviter de confondre ces ennemis d’Allah avec les adeptes de l’islam. Je remercie les Editions « Le Pays », pour sa démarche qui m’a permis de présenter mes condoléances aux familles éplorées. Qu’Allah protège ce journal, ses responsables et tout son personnel.
Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA