Près d'un milliers de personnes ont marché en silence samedi à Ouagadougou pour dire "Non à la barbarie!" sur l'avenue Kwame N'Krumah, principale artère de la capitale burkinabè et théâtre d'une récente attaque qui a fait 18 morts.
A l'appel de la société civile, des personnalités culturelles et politiques, des hommes d'affaires et des leaders religieux, plusieurs centaines de personnes, majoritairement vêtues de tee-shirts blancs frappés du message "Non à la violence", ont effectué une procession sur près de 1,5 km baptisée "Burkina debout".
Au cours de la marche encadrée par un important dispositif sécuritaire, ils ont brandi des banderoles où l'on pouvait lire: "Hommage aux victimes de l'ignominie", "le Burkina reste debout contre la barbarie, pour la démocratie et la paix" ou "non au terrorisme au Burkina et partout dans le monde".
Les manifestants ont effectué une halte au café-restaurant Cappuccino, également situé sur l'avenue Kwame N'Krumah, principale cible de l'attaque de janvier 2016 qui avait fait 30 morts et 71 blessés, avant de se rassembler devant le restaurant Aziz Istanbul, recouvert de tissus noirs.
Dimanche dernier, deux assaillants ont attaqué avec des armes automatiques ce café-restaurant hallal du centre-ville de Ouagadougou, tuant 18 personnes, dont 8 étrangers et faisant 22 blessés.
"Le Burkina est meurtri, les Burkinabè sont blessés dans leur chair et dans leur âme mais le pays reste débout et ne se mettra jamais à genoux devant la sauvagerie et la barbarie aveugle administrée par ceux qui ont perdu foi en Dieu et en leur propre humanité", a lancé le maire de la capitale burkinabè, Armand Béouindé, avant de demander une minute de recueillement.
Il s'agit d'une mobilisation "contre le funeste dessein de nous asservir et de nous avilir", a expliqué Harouna Kaboré, un des organisateurs de la marche, appelant à se "serrer les coudes et redresser la tête pour faire face à
l'adversité".
Des prières et des bénédictions ont également été faites pour le repos des âmes des 18 personnes tuées lors de l'attaque et pour le président de l'Assemblée nationale, Salifou Diallo mort samedi, jour de la manifestation.
"Nous sommes de communion et en solidarité avec leurs familles (...), nous prions pour les victimes de notre pays et d'ailleurs qui ont été touchées par cette barbarie et nous prions Dieu d'apaiser leurs coeurs", a déclaré le représentant de la communauté catholique, l'abbé Anatole Tiendrebéogo.
Avant de se disperser à la fin du recueillement, les participants à la marche ont entonné, poing levé, l'hymne national en guise "de résistance au terrorisme".
Pays sahélien pauvre d'Afrique de l'Ouest jusque-là épargné par les attaques et enlèvements d'occidentaux, le Burkina est entré depuis avril 2015 dans un cycle d'enlèvements et d'attaques islamistes, surtout dans le nord du pays, frontalier du Mali et du Niger.
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