Du 19 au 23 juillet 2017, l’Union européenne et l’ONG belge VECO ont effectué une sortie de suivi de la commercialisation du riz local respectivement dans les localités de Boromo, de Bama et de Bobo-Dioulasso. Elle intervient quelques trois ans après la mise en œuvre d’un projet qui vise, entre autres, à renforcer les capacités des organisations paysannes de la filière riz et à mener des plaidoyers afin d’influencer les politiques en leur faveur. Aujourd’hui, c’est chose faite, puisqu’elles ont signé un contrat avec le MENA pour la livraison de 7 tonnes de riz du Burkina aux cantines scolaires des régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord et du Centre-Est. L’expérience est appréciée positivement par les enseignants, les producteurs, les organisations faîtières et paysannes, les étuveuses, les transformateurs, etc.
Le riz du Burkina souffrait de la mévente et ses organisations professionnelles de multiples maux tels que l’inorganisation et le manque de dynamisme. Aussi, que n’a-t-on pas entendu sur le riz produit au Burkina : c’est du riz qui n’est pas de qualité, sa cuisson est difficile. Du coup, son accès au marché institutionnel était restreint. Ce constat ne concerne pas que le Burkina Faso. Il est le propre de toutes les filières riz en Afrique de l’Ouest. C’est donc face à ces difficultés que le projet « organisations paysannes comme acteurs clefs dans une bonne gouvernance des filières rizicoles au niveau national et régional en Afrique de l’ouest » a vu le jour. Il est porté et coordonné par l’ONG belge VECO avec pour objectif de travailler à renforcer les capacités des organisations paysannes pour qu’elles influencent les politiques en faveur de la filière rizicole ; en investiguant à trouver les grands enjeux et des portes d’entrée auprès des décideurs politiques. Pour la secrétaire permanente de l’Union nationale des producteurs de riz du Burkina Faso (UNPRB), Maïmouna Ouédraogo, le projet est parti des difficultés réelles vécues dans la filière. Dans ce cadre, des études ont été menées sur le foncier et sur l’achat institutionnel. Des actions de plaidoyer ont également été engagées et ont abouti à la signature d’une convention avec le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation (MENA) pour la fourniture des cantines scolaires en riz. Pour cette première expérience d’achat institutionnel, l’UNPRB a obtenu un contrat de livraison de 7 tonnes de riz burkinabè aux cantines scolaires de la Boucle du Mouhoun, du Centre-Nord et du Centre-Est. Une mission qui, selon la SP de l’Union des producteurs a été bien accomplie car la totalité de la commande a été satisfaite.
Dans ce partenariat, les écoles C et D de Boromo ont eu du riz du Burkina pour leurs cantines. Les enseignants de ces écoles apprécient bien cette première expérience. « C’est un riz de saison qui a toutes les qualités nutritionnelles. Si c’est possible, nous souhaitons qu’on étende cette convention aux autres produits locaux », insistent à tour de rôle les maîtres du primaire. Tout comme les enseignants, Maïmouna Ouédraogo fournisseur de la denrée dit aussi tout le bien qu’elle pense du projet qui a conduit à la signature des achats institutionnels. « Le projet a permis à l’UNPRB de renforcer ses capacités de gestion ; d’obtenir un marché institutionnel pour l’ensemble de la filière riz du Burkina Faso et de changer les avis au sujet des produits agricoles locaux »
Grâce au projet, un arrêté a été pris en faveur de l’achat massif du riz du Burkina par les services (Casernes, MENA, maisons d’arrêt, etc.). Tout en plaidant pour une nouvelle phase du projet qui pourrait aider les organisations paysannes à consolider leurs acquis actuels, la SP de l’UNPRB prévient les uns et les autres de la fourberie de certains importateurs de riz. « Il existe des commerçants qui transvasent du riz importé dans des sacs marqués ‘’Riz du Burkina’’ avant de le mettre sur le marché. Faites attention et soyez vigilant», prévient –elle.
« Maintenant c’est mieux qu’avant »
Bama est un village bocage, bucolique et pittoresque niché entre prairies, forêts et collines. La production du riz fait partie des premières spéculations. Comme partout, les producteurs étaient confrontés à la mévente. Mais depuis trois ans, un changement s’est opéré dans leur coopérative et dans leurs activités. « Ce n’est pas à comparer. Avant nous étions inquiets après les récoltes car nous n’avions pas de preneur. Le projet a enclenché une dynamique. L’achat institutionnel nous a permis de mieux nous organiser et de vendre toute notre production à un bon prix », se réjouit le président de la coopérative des producteurs de riz de Bama. La filière bénéficie d’une synergie d’action au sein de toute la chaîne. Ce projet sans réalisations physiques financé par l’Union européenne a transformé les producteurs du riz.
Traoré Abdoulaye de la délégation de l’Union européenne qui avait en charge le projet est surpris par les résultats. « C’est un projet que nous croyions soft mais qui, à travers des plaidoyers, a engrangé beaucoup de bénéfices. Nous avons été émerveillés de constater qu’il a permis de mettre en relation des producteurs et des acheteurs comme le MENA. C’est un premier pas qui augure de lendemains meilleurs pour la filière riz »…
Au vu de ces résultats du projet : meilleures maîtrises des concepts et organisations paysannes, opportunité de vente et augmentation du chiffre d’affaires pour les acteurs de la filière riz, la coordonnatrice, Bernadette Ouattara, a de quoi se réjouir : « c’est une appréciation positive que nous avons. La machine contractuelle est en marche ». Des espoirs ont été suscités et les acteurs espèrent aller encore plus loin : faire en sorte que dans les années à venir les gens se tournent résolument vers le riz produit au Burkina Faso qui est de qualité meilleure.
Lévi Constantin Konfé