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L’Observateur N° 8418 du 17/7/2013

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Immixtion du pouvoir dans les médias : "Les faits sont là, têtus"
Publié le mercredi 17 juillet 2013   |  L’Observateur


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© L’Observateur par DR
Des journalistes manifestent devant le ministère de l`éducation
Mardi 16 juillet 2013. Ouagadougou.


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Comme prévu, le sit-in du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) a bel et bien eu lieu au ministère de la Communication le mardi 16 juillet 2013. Pour Justin Coulibaly, le SG du Syndicat, "les journalistes ne mentent pas, et les faits sont là, têtus". Retour sur une journée chaude du département d’Alain Edouard Traoré à la Bourse du travail avec des confrères décidés à «faire changer les choses».

7 h 15mn. Nous arrivons devant le ministère de la Communication, où nos confrères des médias publics faisaient déjà le pied de grue, brandissant des pancartes et scandant des slogans hostiles à leur directeur de publication, le ministre de la Communication, Alain Edouard Traoré. Venus des Rédactions de Sidwaya, de la RTB2 Centre, de la RTB Télé, de la RTB Radio, de la RTB Web diffusion et du Centre d’émission, les travailleurs des médias publics à Ouagadougou ont répondu à l’appel de leur syndicat.

En rapport avec leur plateforme revendicative, les messages sur les pancartes parlaient d’eux-mêmes : «A métier particulier, statut particulier» ; «Oui pour la reconstitution des carrières des agents» ; «Non à l’immixtion des autorités dans le traitement de l’information dans les médias publics» ; «Oui pour le respect de l’éthique et de la déontologie dans les médias publics» ; «Les faits sont sacrés et le commentaire est libre» ; «Non à la censure des articles et reportages dans les rédactions» ; «On travaille 7 jours sur 7, 24 heures sur 24». Le comité d’animation, sur la brèche, «chauffait» les manifestants regroupés devant le siège de leur ministère de tutelle.

8h 45mn. Dans cette ambiance, les journalistes protestataires s’ébranlent vers l’intérieur du ministère. Devant l’entrée du bâtiment abritant le cabinet du ministre, ils s’attroupent. Puis c'est le même scénario : chants et slogans contre «la mauvaise volonté des autorités». «Nous sommes des citoyens responsables, la preuve en est que nous sommes là, mobilisés, disciplinés et décidés à défendre nos droits», lance Siriki Dramé, le SG adjoint du SYNATIC, à ses camarades. Il informe par ailleurs la foule qu’à Bobo-Dioulasso et à Gaoua, «les camarades sont sortis nombreux pour la même lutte». Et de fustiger la sortie, la veille, du ministre Traoré, qui a dit que l’accusation d’immixtion portée par l’organisation de défense des intérêts de la corporation «est gratuite et sans fondement». «Le SYNATIC ne ment pas, les journalistes ne mentent pas. Les responsables tremblent quand des médias publics se mettent debout. La dégradation constante de l’image du journaliste de média public est réelle et nous ne voulons plus de cette situation», lançait Ruffin Paré, le point focal du syndicat à Sidwaya.

9h 10mn. Retour au point de départ. Les manifestants reviennent sur leurs pas et se mettent de nouveau face au boulevard de l’Indépendance. Pendant que la manifestation bat son plein, une présence, insolite, attire l’attention des journalistes : Raymond Edouard Ouédraogo (REO), ancien ministre de la Communication, est dans la place. En serrant la main de quelques confrères, il lâche : «Moi, je suis un homme libre». Il a dit être de passage, et comme il est toujours de la maison, il a voulu comprendre ce qui se passait lorsqu’il a vu les manifestants, car, a-t-il dit, il est déconnecté de l’actualité du département, qu’il a dirigé pendant un certain temps. Briefé, REO tente de répondre à la question de savoir s’il y avait des immixtions de l’autorité en son temps : «Je n’en sais rien, mais ma certitude est que personne ne peut dire que le ministre que j’étais l'a instruit de faire ceci ou cela, quoi qu’il me coutât. Je n’ai d’ailleurs pas duré à ce poste. Je ne marchande pas mes convictions.» Au moment où celui qui a été ambassadeur du Burkina au Japon et gouverneur de la région du Centre-Sud s’engouffre dans son véhicule pour poursuivre sa route, nous sommes informés que le secrétaire général du ministère de la Communication, Adama Barro, doit faire une déclaration. Nous nous retrouvons tout de suite dans le bureau de celui-ci, où plusieurs confrères attendaient déjà. Ladite déclaration se mue vite en questions-réponses (Lire 1er encadré).

9h 30mn. Après cette petite conférence de presse, le SG descend pour rencontrer les frondeurs ; mauvaise idée, car il est copieusement hué. Les manifestants refusent catégoriquement de lui parler, scandant qu’ils veulent voir le ministre. «On ne veut pas d'un second couteau, le ministre nous a dit qu’il est responsable, alors qu’il le soit jusqu’au bout», entend-on çà et là. Sans insister, Adama Barro et ses accompagnateurs retournent dans l’immeuble pendant que les syndicalistes regagnent la rue.

9h55mn. Démobilisation et délocalisation de la manifestation à la Bourse du travail. Et dès 10h, la devanture du ministère de la Communication commence à devenir clairsemée, au fur et à mesure que les mécontents se retirent.

«Quand le 4e pouvoir crie liberté…»

10h 30mn. La salle de conférences de la Bourse du travail est pleine à craquer. Des plus illustres aux moins connus, les confrères des médias publics ne sont pas retournés à leurs Rédactions respectives, au contraire ; la lutte s’est poursuivie. Pour Justin Coulibaly, en plus de trente ans de carrière, il n’avait jamais auparavant entendu un ministre traiter un syndicat, partenaire social du gouvernement, de menteur. «Si les camarades adhèrent autant, c'est parce que c’est des faits réels qu’ils vivent au quotidien. Nous sommes des citoyens qui savons ce que nous voulons. Et nous allons nous organiser davantage pour que la lutte aboutisse. Comme l’a dit un confrère, nous ne reculerons pas, car nous avons des armes de destruction massive», a déclaré le «général» à des camarades hystériques.

Bassolma Bazié, 2e secrétaire général adjoint de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGTB), est aussi venu traduire au SYNATIC le soutien du Collectif CGTB (composé de la CGTB elle-même et de plus de 70 organisations syndicales, dont le SYNATIC). Selon lui, cette mobilisation est la preuve de la vitalité du Syndicat. Selon lui, dans tout pays, «quand le 4e pouvoir commence à crier liberté, c’est le début d’une revendication générale de toutes les couches de la société». M. Bazié a aussi invité les journalistes à se joindre au Collectif contre la vie chère le 20 juillet prochain à la place de la Nation.

Siriki Dramé, lui, a fait le point de la dernière réunion avec le ministre de tutelle le mardi 15 juillet. Selon lui, cette mobilisation est inédite et à mettre à l'actif des confrères, surtout des franges jeune et féminine. En attendant le communiqué oral du Conseil des ministres du 17 juillet, qui devrait apporter une réponse conséquente à la plateforme minimale du SYNATIC, comme l’a promis le ministre, le SGA de l’organisation syndicale a demandé à ses camarades de rester mobilisés pour la suite.

M. Arnaud Ouédraogo

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