L’association des hémophiles du Burkina Faso (AHBF) a organisé une conférence de presse conjointement avec la Fédération mondiale des hémophiles (FMH) et de l’Association française des hémophiles (AFH) le vendredi dernier à Ouagadougou. Il s’agissait pour les conférenciers de mieux faire connaitre l’hémophilie et sa prise en charge dans le contexte burkinabè.
L’hémophilie est une maladie très peu connue du public. Et pourtant, elle fait des victimes. Pour le président de l’Association des hémophiles du Burkina Faso, Aristide Zongo, «si les hémophiles ne sont pas beaucoup connus, c’est parce que la majorité meurt très tôt sans être vue ou reconnue dans une structure sanitaire. Tout cela faute d’un bon diagnostic ou de moyens appropriés pour leurs soins». Raison pour laquelle les membres de cette association mettent l’accent sur la sensibilisation afin de mieux faire connaitre cette maladie.
Des explications du Pr Eléonore Kafando, médecin hématologue, il ressort que l’hémophilie est une maladie de la coagulation au cours de laquelle les personnes qui sont atteintes saigneront plus longtemps que la normale. Pour elle, l’hémophilie est due à un déficit en facteur de la coagulation. Il y a deux facteurs à savoir les facteurs 8 et 9. «Lorsqu’on manque de facteur 8, on parlera d’hémophilie A et lorsqu’on manque de facteur 9 on parle d’hémophilie B», dit-elle.
Elle a indiqué que c’est une maladie héréditaire et que l’anomalie de l’hémophilie est sur le chromosome sexuel X. Ce qui fait, explique Pr Kafando, généralement le plus souvent ce sont les garçons qui seront atteints de cette maladie. «On peut trouver très rarement l’hémophilie chez les femmes», a-t-elle martelé.
S’agissant des manifestations cliniques, elle a laissé entendre que généralement, les saignements se passent au niveau des articulations ou au niveau des loges musculaires. Elle a précisé que cette maladie a des degrés de gravités différentes parce que, pour la diagnostiquer, il faut d’abord doser les facteurs de la coagulation au laboratoire et ce dosage permettra de classifier l’hémophilie en trois types. «Lorsque le sujet a moins de 1% de facteur 8 ou 9, on va parler d’hémophilie sévère. Lorsque le facteur 8 ou 9 est compris entre 1 et 5%, on parlera d’hémophilie modérée. Et lorsque le facteur 8 ou 9 est compris entre 5 et 30%, il s’agit d’hémophilie mineure», a cité le médecin hématologue.
Elle a par ailleurs signifié que la circoncision est la principale circonstance de découverte de cette maladie dans notre contexte. «Un garçonnet a été circoncis et le sang ne s’est pas arrêté. C’est une grande circonstance de découverte dans notre contexte. Chez nous, on découvre parfois la maladie à la suite d’une dent arrachée chez le dentiste ou soit à l’âge de la marche où la pathologie peut apparaitre à la suite d’un traumatisme», a-t-elle expliqué, tout en notifiant que le saignement peut être visible ou internes.
Pour l’instant, le traitement de cette maladie est substitutif pour les facteurs manquant (8 ou 9) par des facteurs spécifiques de la coagulation. Cette anomalie du sang qui touche 1/10 000 personnes, sa prise en charge étant couteuse, l’association des hémophiles a obtenu un jumelage avec la Fédération mondiale des hémophiles, ce qui rend aujourd’hui accessibles les soins pour les patients. A l’hôpital pédiatrique Charles de Gaulle, les malades déclarés vont obtenir gratuitement les soins grâce à cette aubaine. Auparavant, pour bénéficier d’une dose de soin, affirme Pr Kafando, il fallait débourser la somme d’environ 458 000 francs CFA.
Le souhait de ces conférenciers est de sensibiliser, de pouvoir mettre en place des antennes au niveau du pays, de pouvoir former des professionnels au niveau des provinces afin que la prise en charge ne soit pas du seul ressort de la pédiatrie et que cette prise en charge soit décentralisée.
A noter que l’association prend en charge à ce jour 47 malades et compte élargir sa prise à 2 000 personnes.