L’Association des géologues du Burkina Faso (AGBF) a organisé, le samedi 12 août 2017 à Ouagadougou, une conférence publique sur la gestion du secteur minier au «pays des Hommes intègres».
Le secteur des mines occupe une place de choix dans l’économie burkinabè. A cet effet, sa gestion préoccupe l’Association des géologues du Burkina Faso (AGBF). En organisant une conférence publique sous le thème : «Critiques sur la gestion du secteur minier au Burkina Faso», le samedi 12 août 2017 à Ouagadougou, l’AGBF veut contribuer à faire un diagnostic des forces et des faiblesses du secteur des mines, analyser le contexte national et dégager des recommandations pertinentes pour que l’or profite mieux aux Burkinabè. Cette conférence a été animée sous forme de panel par trois communicateurs. Le directeur des mines, Kuilga Emmanuel Yaméogo a livré en premier le fondement et l’évolution des politiques minières au «pays des Hommes intègres». A ses dires, la Constitution burkinabè affirme en son article 14 que «Les richesses et les ressources naturelles appartiennent au peuple. Elles sont utilisées pour l’amélioration de ses conditions de vie». De ce fait, le monde des mines a connu trois grandes périodes d’organisation et de gestion. De 1960 à 1990, a-t-il confié, l’Etat était le seul acteur sur le terrain et les activités minières étaient financées sur fonds publics. Selon lui, cette donne a changé avec la mise à contribution du secteur privé de 1991 à 2013. A en croire M. Yaméogo, c’est à partir de cette dernière période que le développement des collectivités a été pris en compte à travers l’adoption du code minier en 2015 et celle de la politique sectorielle des mines en 2013. En outre, il a reconnu l’impact du secteur sur le développement du pays. «Aujourd’hui, le potentiel de ce secteur contribue au développement, car les recettes engrangées sont affectées aux programmes sociaux de développement inscrits dans les plans communaux et régionaux», a-t-il avancé.
D’énormes potentialités
Pour sa part, l’ingénieur géologue, par ailleurs consultant, Wendlasida François Ouédraogo, a analysé, entre autres, les opportunités de ce secteur. De son exposé, il est ressorti que le sous-sol burkinabè regorge d’énormes richesses. Il a cité, entre autres, les métaux précieux tels que l’or et le diamant et les substances énergétiques à savoir l’uranium. Tout en saluant la création d’un cadre légal approprié pour l’exploitation des mines, M. Ouédraogo a déploré quelques insuffisances, en l’occurrence, le manque de vue d’ensemble sur le suivi-contrôle du secteur et le manque de ressources humaines qualifiées pour assurer le contrôle et suivi de l’exploitation de l’or par les sociétés minières. La corruption a constitué le propos du secrétaire exécutif adjoint du Réseau national de lutte anti-corruption (REN/LAC), Nacanabo Sagado. Tirant son exposé d’un rapport publié en 2014 par sa structure, celui-ci a fait savoir que le milieu des mines est fortement gangrené par le fléau. Il en a voulu pour preuve, la Société minière Kindo Adama et frères (SOMIKA) qui, à l’entendre, compte à elle seule, une vingtaine de titres et trente sites d’exploitation.
De plus, il a indiqué que de nombreuses sociétés minières en exercice ne disposent pas de permis d’exploitation. L’opacité du milieu, l’absence d’intégrité des acteurs ainsi que la faiblesse du contrôle, constituent, d’après lui, des causes à ce phénomène. «Il faut que les mines ne soient pas minées par la corruption», a déclaré Nacanabo Sagado. Et de poursuivre en exposant quelques propositions faites par l’étude. «D’abord, il faut que les textes ne soient pas adoptés dans l’opacité parce que pour que les gens y adhèrent, il faut qu’ils les connaissent, ensuite le secteur minier mérite d’avoir un statut spécial. Nous avons proposé que dans tous les organes miniers, il y ait des comités anti-corruption», a-t-il dit. Des échanges qui ont eu lieu à l’issue des différents exposés, la nécessité d’assurer la formation des ressources humaines pour un meilleur suivi-contrôle du secteur a fait l’écho chez les différents intervenants. Les participants ont également convenu qu’un meilleur encadrement de l’orpaillage est un des défis à relever pour que l’or profite mieux aux Burkinabè.
Le président de l’AGBF, Henri Némaro, quant à lui, a présenté son association. Ainsi, créée en décembre 2012, l’organisation a mené plusieurs activités dont la tenue de deux journées des géologues en 2013 et en 2016. La prochaine journée, a confié M. Némaro, est prévue pour 2018. «Nous menons des débats afin d’améliorer la situation des géologues», a-t-il conclu.
Patricia KABRE
(Stagiaire)