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Le Pays N° 5402 du 17/7/2013

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Bobo-Dioulasso
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Sit-in des travailleurs des medias publics : Ils étaient nombreux à prendre d’assaut le ministère de la Communication
Publié le mercredi 17 juillet 2013   |  Le Pays


Bobo-Dioulasso
© AFP par AHMED OUOBA
Bobo-Dioulasso : Les médias publics ont suivi le mot d’ordre du SYNATIC
Mardi 16 juillet BOBO.A l’appel du Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture(SYNATIC), des dizaines de travailleurs des médias publics ont observé un sit-in, devant le gouvernorat des Hauts-Bassins


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Les travailleurs des médias publics ont observé un sit-in le 16 juillet 2013 à Ouagadougou devant le ministère de la Communication, leur département de tutelle. Ils étaient bien nombreux à faire le déplacement pour ce mouvement de protestation à l’endroit du ministère qui, selon eux, fait des immixtions dans le traitement de l’information. Et du même coup, ils ont réclamé de meilleures conditions de travail. Après le sit-in, les travailleurs des médias publics ont rallié la Bourse du travail où ils ont fait le point.

Très tôt dans la matinée, à partir de 7h, les travailleurs des médias publics, venus de la télévision nationale, de la radio nationale, des éditions Sidwaya et des centres d’émission, se sont retrouvés à l’entrée du ministère de la Communication afin de crier leur ras-le-bol. En effet, ils sont en colère contre les autorités de leur ministère. Les pancartes brandies par les travailleurs de la presse publique montraient, en quelque sorte, leurs revendications. On pouvait lire : « Non à l’immixtion des autorités dans le traitement de l’information ! » ; « Non à la suppression des langues nationales sur la RTB ! » ; « Non aux affectations abusives des agents ! » ; « Non aux autorités zélées » ; « Oui pour la reconstitution des carrières des agents ! » ; « Les faits sont sacrés, les commentaires libres ! ». Toute la matinée donc, les parvis du ministère ont été pris d’assaut. Après avoir fait entendre leurs voix devant les marches du ministère, ils se sont retrouvés hors de la cour et au bord du boulevard, histoire de se faire voir par les passants et ce fut chose faite. Un cortège officiel passait par là et les voix se sont élevées encore fort.

Aux environs de 9h30, l’on annonce la sortie du ministre, mais au finish, les travailleurs ne verront que le secrétaire général de leur ministère, Adama Barro. La foule n’a pas marchandé ses exigences. Elle ne veut pas voir le SG. « On ne veut pas ! On ne veut pas ! », criaient les manifestants. Ce dernier devait recevoir un message de la part du secrétariat général du SYNATIC, mais peine perdue. Les cris de colère de la foule ont obligé les délégués du SYNATIC à ne pas remettre le message au secrétaire général. Ce dernier repartira dans son bureau, les mains vides. Cette fausse note semble avoir rendu les travailleurs des médias publics encore plus en colère.

Un soutien de taille : la CGT-B
A 10h, et comme prévu, les agents des médias publics se sont donné rendez-vous à la Bourse du travail de Ouagadougou. Là, ils on tiré les enseignements du sit-in. Mais auparavant, ils ont reçu un soutien et pas des moindres. Il s’agit de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B). Le Secrétaire général adjoint de cette structure, Basolma Bazié, a pris la parole au nom de la confédération pour saluer la mobilisation des travailleurs des médias publics. Selon Basolma Bazié, l’attitude des travailleurs des médias publics est salutaire et tout est à leur mérite. Il a insisté sur le fait qu’à partir du moment où les travailleurs des organes de presse publics disent non, c’est pour mettre fin à des comportements d’une autre époque. Tout en les félicitant, il leur a réaffirmé la disponibilité de la CGT-B à soutenir cette lutte noble. Par la suite, le secrétaire général du SYNATIC, Justin Coulibaly, a fait comprendre que les médias d’Etat ont plus de professionnels que les médias privés, mais il est souvent incompréhensible que, sans immixtion, les médias publics présentent souvent des faits qui ne reflètent pas la réalité du terrain. C’est à ce titre qu’il dira que lors des marches, « ils ont les belles images, mais le soir, ce sont nos pieds qu’ils présentent ».

Adama Barro parle

Il est allé plus loin en laissant entendre que depuis que l’affaire a éclaté, « c’est l’avocat qui parle et l’accusé n’a jamais pris la parole ». Les premiers propos que nous avons pu avoir sur la question avec le secrétaire général du ministère, Adama Barro, sont que le mot immixtion est inapproprié « parce que jusqu’à preuve du contraire, la RTB est sous la tutelle du ministère de la Communication et le ministre de la Communication est le directeur de publication des organes d’Etat et de ce fait, il ne s’agit nullement d’immixtion. Pour l’affaire de la marche de l’opposition, je n’ai jamais été à la télé. J’étais dans mon bureau ici, ce samedi-là jusqu’à 16h, j’ai pris ma voiture et je suis rentré chez moi. D’aucuns prétendent que je suis allé prendre des rushes. Qu’on me dise la personne à qui j’ai pris ces rushes-là. Personne ne le dit. C’est de la pure fiction et c’est de la folie. Je suis outré de voir tout ce qui est mis dans la presse à mon crédit. Je ne suis pas comme cela ».
Le secrétaire général du SYNATIC/section Radio, Sidiki Dramé, dira qu’indirectement ou directement, les immixtions sont vérifiées. Il s’est même demandé pourquoi les populations veulent lyncher les agents de la RTB en reportage. C’est dire, selon lui, qu’entre les images diffusées et la réalité du terrain, il y a un hiatus. Il est important que le syndicat protège les collègues des populations en colère. « Ça s’est vérifié, nous avons des preuves palpables, à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso mais nous n’allons pas faire de la polémique. Ce que nous voulons, c’est la satisfaction de notre plate- forme ». L’ensemble des travailleurs est sorti et c’est le plus important, dira Sidiki Dramé. Les gens sont mobilisés et ne baisseront pas les bras tant qu’il n’y aura pas satisfaction. En plus, le SYNATIC entendait faire comprendre à la population qu’ils sont des professionnels.
La lutte continue et le Conseil des ministres du 17 juillet 2013 est fortement attendu, ont-ils fait savoir. En effet, le ministère a expliqué aux responsables du SYNATIC qu’une communication orale sera faite à cette occasion.

Réactions d’acteurs

Raymond Edouard Ouédraogo : ancien ministre de l’information :

« D’immixtion ? Non »

« Je suis de la maison encore pour quelques années. Je me suis arrêté pour voir ce qui se passe. Je voulais m’assurer qu’il n’y a véritablement pas de problème particulier. C’est tout quoi. Moi je suis de la maison. Je n’ai aucune information sur tout. Je suis dans ma case ronde à Ouagadougou, il y a des éléments qui m’échappent mais enfin. Vous savez que lorsque nous étions aussi aux responsabilités, chaque fois que des problèmes se sont posés, nous les avons affrontés et vous nous connaissez pour cela. Chaque fois que je vous verrai dans une telle ambiance, je m’arrêterai pour voir. Ne pas le faire serait manquer que de responsabilité et de sérieux. Immixtion, je ne sais pas. Je n’ai jamais reculé devant quoi que ce soit. D’immixtion ? Non. Nous avions des conférences hebdomadaires de rédaction, nous relevions hebdomadairement un certain nombre de choses mais personne parmi vous ne pourra dire que le ministre l’a instruit de ne pas faire ceci ou de ne pas faire cela. Et du reste, je suis resté très peu longtemps au ministère. Je n’ai pas l’habitude de marchander mes convictions. Un homme doit être capable de se battre jusqu’à la pierre tombale. Certains diront que c’est parce que nous ne sommes plus aux affaires, mais on entend toujours dire cela. C’est burkinabè ça. Lorsque vous vous rapprochez de la vérité alors que vous n’êtes plus aux affaires, vous êtes un aigri, un mécontent. Nous sommes tous obligés de participer à la construction de la patrie. »

Abdoul Karim Sango, juriste, spécialiste du journalisme :

« En réalité, au Burkina Faso, c’est un anachronisme »

« Dans les régimes à parti unique, les régimes de l’ex-Union soviétique, les médias d’Etat sont sous la coupe réglée du ministère de la Communication. Lorsqu’on est en régime démocratique, le principe, c’est que la tutelle du ministère de la Communication ne doit même plus exister. En réalité, au Burkina Faso, c’est un anachronisme puisque la télévision est un élément à enjeu stratégique dans un processus démocratique. Vous savez très bien que c’est le média par lequel les acteurs politiques et de la société civile se font entendre et se font comprendre. Mais un ministère de la Communication est au service d’un pouvoir qui voudrait faire passer son message et c’est plutôt ce travail que le ministère de la Communication, semble t-il, a voulu faire mener par les médias publics. Or, le principe de base dans un média est celui selon lequel l’information doit être traitée de façon équilibrée. Le deuxième élément est l’acceptation du pluralisme. Le pluralisme veut dire que les opinions qu’on n’aime pas du tout, on doit pouvoir les laisser passer surtout dans les médias d’Etat. Je pense que la manifestation d’aujourd’hui est légitime. Elle est venue tard mais il vaut mieux qu’elle vienne toujours. Sauf à se discréditer, les médias d’Etat ne peuvent pas continuer de faire de la propagande ».

Adama Barro, secrétaire général du ministère de la Communication

« Je n’ai jamais été à la télé »

« Jusqu’à preuve du contraire, la RTB est sous la tutelle du ministère de la Communication et le ministre de la Communication est le directeur de publication des organes d’Etat et de ce fait, il ne s’agit nullement d’immixtion. Ce que nous faisons, nous encadrons, comme les textes nous l’exigent, les médias publics dont la RTB. Et quand nous nous adressons à la RTB, c’est simplement dans les termes de respecter les règles du métier. Les règles du métier, c’est quoi ? C’est la pluralité, c’est tout ce qu’il faut pour donner une information honnête, vraie aux citoyens. Personne n’a demandé aux agents de la RTB ni de Sidwaya d’être des griots du pouvoir, pas plus qu’ils ne sont les griots de l’opposition. Il s’agit de travailler de façon professionnelle. Or, ce qui se passe aujourd’hui est malheureux à dire. Vous allez en reportage, vous ne prenez pas de notes, vous répercutez les propos des organisateurs, qui ne sont pas toujours des propos qui sont acceptables en République. Les médias publics doivent servir l’intérêt général. Et ce qu’il faut éviter à tout prix, c’est la connivence. On ne peut pas vouloir être indépendant et accepter le diktat d’un camp ou de l’autre. Cela n’est pas du journalisme, ce n’est pas acceptable. Ce qu’il faut dans ce métier, c’est de l’humilité. Quand on refuse la critique constructive, on tombe dans tout à fait autre chose. Si on n’est pas humble, on n’est pas fait pour ce métier. Personne n’écrit un papier et penser que son papier ne peut pas être retouché par sa hiérarchie. Pour l’affaire de la marche de l’opposition, je n’ai jamais été à la télé. J’étais dans mon bureau ici, ce samedi-là jusqu’à 16h. J’ai pris ma voiture et je suis rentré chez moi. D’aucuns prétendent que je suis allé prendre des rushes. Qu’on me dise la personne à qui j’ai pris ses rushes-là. Personne ne le dit. C’est de la pure fiction et c’est de la folie. Je suis outré de voir tout ce qui est mis dans la presse à mon crédit. Je ne suis pas comme cela. J’ai des anciens élèves, ils savent ce que je leur ai enseigné. Je reste un professionnel et je pense que je peux toujours conseiller. »

Aimé NABALOUM



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