Ouagadougou - La grève illimitée lancée par l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) affecte des secteurs sociaux et économiques du pays, a-t-on constaté jeudi, au deuxième jour de cet arrêt de travail.
Des voyageurs amassés dans certaines gares routières, attendant désespéramment d’être déportés de la capitale burkinabè vers d’autres destinations, à l’intérieur du pays.
Tel est le constat dans plusieurs gares routières de Ouagadougou, ce jeudi en mi-journée.
Parmi les voyageurs certains partaient pour gérer des affaires urgentes, tandis que d’autres avaient juste marqué une escale dans la capitale et devraient, en principe, continuer leur route.
M.T, fonctionnaire de son état, raconte son désarroi. «J’ai accompagné des membres de ma famille à la gare puisqu’ils devaient rentrer au village ce matin pour les vacances. Malheureusement, à cause de la grève, le voyage n’a pas eu lieu», déplore-t-il.
Pour sa part, Gwladys Tassembedo a raconté sa mésaventure dans les colonnes du quotidien L’Observateur Paalga.
Candidate à un concours direct de la fonction publique (les concours se déroulent, dans les 13 régions du pays, du 7 au 19 août 2017, Ndlr), elle n’a pas pu rejoindre son poste de composition par manque de car de transport qui devait l’y conduire.
A ces désagréments dans les gares routières, s’ajoutent les longues files dans certaines stations d’essence prises d’assaut par les usagers qui s’approvisionnent, craignant une pénurie de carburant dans les heures à venir.
Les conséquences désastreuses de la grève des transporteurs routiers du Burkina Faso sont énormes.
Les transporteurs burkinabè ont décidé de cet arrêt de travail pour protester contre le ministre d’Etat, en charge de la sécurité, Simon Compaoré qui aurait tenu des propos visant à encourager des agents de Forces de défense et de sécurité (FDS) auteurs de bastonnades des chauffeurs, la semaine dernière.
En effet, Simon Compaoré, lors d’une tournée, le weekend passé, à l’intérieur du pays a rassuré les Forces de défense et de sécurité (FDS) à propos des bastonnades des chauffeurs le 1er août dernier à Tenkodogo (Centre-est).
«Vous n’avez rien à vous reprocher. Jusqu’à demain, l’autorité de l’Etat va s’affirmer. Vous avez notre soutien. Personne, je dis bien personne, ne sera arrêté parce que vous ne méritez pas d’être arrêtés. Si on doit vous embastiller, c’est moi d’abord et vous ensuite». Tels ont été les propos du ministre tenus face au FDS et rapportés par les médias.
Et M. Compaoré de poursuivre, «c’est une règlementation de l’UEMOA. On ne demande pas aux chauffeurs de payer de leur poche. C’est à leur patron de le faire. S’ils refusent de payer, l’Etat prendra ses responsabilités».
Au cours d’une conférence de presse, tenue mercredi à Ouagadougou, le président de l’UCRB, Brahima Rabo a expliqué que cette sortie du ministre manque d’impartialité et est, par conséquent, révoltante.
«La personnalité d’une haute autorité se mesure par sa capacité à concilier les filles et fils d’une même nation (…) à être impartial dans son jugement», a argué M. Rabo.
Il a souligné que c’est donc en réponse à ce discours difficile à accepter par les chauffeurs routiers, qu’un mot d’ordre d’arrêt de travail illimité a été lancé.
En vue de résoudre la crise, le Premier ministre (PM) burkinabè, Paul Kaba Thiéba a rencontré les chauffeurs routiers, hier mercredi, dans l’après-midi. Il a souhaité que les grévistes reprennent le travail, leur assurant que le gouvernement sera de leur côté.
Paul Kaba Thiéba a exprimé les regrets du gouvernement sur ce qui a pu être dit à Tenkodogo par le ministre en charge de la sécurité.
Les transporteurs routiers par la voix de leur porte-parole, Olivier Ouédraogo de la Confédération syndicale burkinabè, ont salué cette démarche du Premier ministre.
Ils ont pris l’engagement de se référer à la base, promettant de le faire dans de meilleurs délais pour la levée du mot d’ordre de grève. Certainement que l’appel à la reprise du travail lancé par les responsables syndicaux, n’a pas eu un écho favorable à la base, d’où la persistance de la grève, du moins, jusqu’à jeudi dans la soirée.
ak