A cause de la grève illimitée entamée depuis hier, mercredi 9 août 2017 à 6h par l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB), les compagnies de transport n’arrivent plus à rallier les différentes localités du pays. Constat dans quelques gares où de nombreux passagers ne savent plus à quel saint se vouer.
Danseur chorégraphe, Karim Konaté a pris le car de 7h30 de la compagnie de voyage Transport Sana Rasmané (TSR) pour rallier Bobo-Dioulasso. « Mais juste après le péage, nous avons été arrêtés par des chauffeurs grévistes. De retour à la gare depuis 9h30, nous n’avons aucune information, nous ne savons pas ce qui se passe. Nous ne savons pas si nous pourrons voyager. J’ai un rendez-vous important le soir à Sya et je ne sais pas comment faire pour y arriver», relate-t-il, la mine renfrognée. Tout comme lui, ce sont des centaines de passagers qui sont à la gare de TSR du quartier Gounghin de la capitale à notre passage aux environs de 12h. Arrêtés ou assis à côté de leurs bagages, tous affichent leur mécontentement. Certaines femmes ont même des larmes aux yeux. Tandis que plusieurs voyageurs réclament le remboursement de leur argent en accusant la compagnie d’avoir vendu des tickets alors qu’elle était au courant de la grève des chauffeurs, des cars continuent de revenir avec à bord des passagers dont les voyages ont été stoppés aux sorties de Ouagadougou. Dans ce mouvement d’indignation, le directeur général adjoint de TSR, Idrissa Koussoubé, soutient qu’il n’a été informé du mot d’ordre de grève de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) que dans la matinée.
«Nous sensibilisons ceux qui travaillent toujours»
« C’est vraiment déplorable ce que vivent les passagers. Nous allons les calmer du mieux que nous pouvons. Au besoin, nous allons rembourser ceux qui le désirent », rassure-t-il. A la gare de la Société de transport Aorèma et frères (STAF) de Larlé, les bureaux et les guichets de vente de tickets sont fermés. Cependant, de nombreux passagers sont assis ou couchés sur des nattes de fortune. Parmi eux, Aïcha Dabiré. Sa fillette sur les pieds, elle révèle qu’elle espérait retrouver sa famille à Séguénéga (dans la région du Nord) après un petit séjour dans la capitale. « Mais arrivée ici, on m’a fait comprendre qu’il y a grève des chauffeurs. Je suis déboussolée, car je dois impérativement rentrer chez moi », avance-t-elle dépitée. Concernant les affirmations des passagers qui soutiennent que ce sont des chauffeurs grévistes qui font revenir les cars qui ont pu quitter les gars, Ousmane Kaboré nie tout en bloc. Ses nombreux camarades et lui, bandeau rouge noué à la tête, arrêtés à une centaine de mètres du poste de péage, sifflet en main se contenteraient juste d’arrêter les cars afin d’informer les chauffeurs à bord du mot d’ordre de grève de l’UCRB. « Tous nos camarades ne sont pas au courant de la grève. Donc, nous sensibilisons ceux qui travaillent toujours. Après quoi, certains décident de retourner à Ouagadougou sans aucune pression », déclare-t-il.
Eliane SOME