Le ministre d’Etat, ministre de la Sécurité, Simon Compaoré, a effectué le 5 août 2017, dans 10 communes des régions du Plateau central et du Centre-Est, une sortie de terrain pour s’imprégner des conditions de travail des agents de police et de gendarmerie.
Le ministre en charge de la sécurité, Simon Compaoré, a repris son bâton de pèlerin, le samedi 5 août 2017, pour sillonner les régions du Plateau central et du Centre-Est à la rencontre des forces de sécurité. L’objectif, à l’instar de ses précédentes sorties est le même: s’imprégner des réalités que vivent les gendarmes et les policiers sur le terrain. Mais pas seulement ! Le premier «flic» du Burkina Faso a voulu également encourager et remonter le moral de la troupe, confrontée à des difficultés de tous ordres. Et l’étape de Tenkodogo a eu une saveur particulière ; car, c’est dans la cité de Zoungran-tenga que des forces de sécurité auraient passé à tabac un ‘’routier’’ qui aurait refusé de payer la taxe dite de l’UEMOA, selon une vidéo non-authentifiée qui circule sur les réseaux sociaux. Pour le ministre en charge de la sécurité, il n’est pas question d’abandonner «ses» hommes. «Vous n’avez rien à vous reprocher, ni vous (la police), ni la gendarmerie. Jusqu’à demain, l’autorité de l’Etat va s’affirmer. Vous avez notre soutien », a-t-il affirmé devant des dizaines d’hommes en kaki, acquiesçant de la tête, avant d’ajouter : «Personne ne sera arrêté parce que vous ne méritez pas d’être arrêtés. Si on doit vous embastiller, c’est moi d’abord et vous ensuite. » Sur ladite taxe, Simon Compaoré s’est voulu clair : «C’est une décision prise par les chefs d’Etat de la sous-région. On ne demande pas aux chauffeurs de payer de leur poche. C’est à leur patron de le faire. S’ils ne paient pas, l’Etat prendra ses responsabilités», a dit M. Compaoré.
Infrastructures, logistiques, le mou des forces de sécurité
Galvanisés par les propos de leur ministre de tutelle, les agents de la police de Tenkodogo comme de la gendarmerie, ont saisi la perche pour exprimer des préoccupations à leur premier responsable. Des difficultés relevées par le Directeur régional de la police du Centre-Est (DRPN), le commissaire divisionnaire, Franck Elvis Compaoré, l’on retient, entre autres, l’insuffisance de commissariats dans la région (seulement 10 sur 30 communes disposent de poste de police), d’infrastructures, de moyens logistiques et informatiques. Une occasion pour le DRPN de plaider pour l’érection d’un «bâtiment digne de ce nom» pour sa direction, la construction d’un siège pour la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), la dotation en véhicules et motos, etc. La situation à la brigade territoriale n’est pas meilleure. Comme à la DRPN, la brigade située au cœur de la ville n’a pas de clôture, exposant les faits et gestes des gendarmes aux usagers de la route, si l’on en croit le ministre Simon Compaoré. Ce que le commandant des lieux, l’adjudant-chef Alidou Palé a souhaité voir changer. Sa requête : mettre à la disposition de ses hommes, du matériel de protection, notamment les armes de poing et des casques. Plus tôt, le ministre Compaoré et sa délégation avaient visité les commissariats et les brigades territoriales de Mogtédo et de Zorgho dans la région du Plateau central. Puis ceux de Pouytenga, Koupèla, Garango, Bittou, Cinkansé, Sanga, Ouargaye dans le Centre-Est. Les problèmes rencontrés par les flics et pandores sont les mêmes avec toutefois quelques spécificités. A Mogtédo, c’est un ancien site pour une entreprise minière qui fait office de brigade routière. Si les locaux sont assez spacieux, ils sont situés en dehors de la ville. Zorgho, autre lieu, autre constat. Si les pandores de la brigade de la ville partagent leur espace de travail avec des animaux, les ‘’flics’’ disposent d’un bâtiment abritant la direction provinciale de la police et le commissariat central, entourée d’une clôture, et d’une cour pavée. En outre, le Directeur provincial (DP), le commissaire de police, Sidiki Dima, a eu une autre raison d’être heureux.
Le rôle des Kogl-weogo reconnu
Selon lui, il y a un net recul des attaques et agressions dans sa circonscription. Celles-ci, a confié le DP, sont passées d’une trentaine de cas en 2015, de 4 à 6 cas en 2016 contre 0 cas enregistré au cours du premier semestre de l’année 2017. « Il serait injuste de ne pas reconnaître l’action des Kogl-weogo dans la réduction des attaques », a-t-il avoué. Cependant, il a expliqué que de nombreux usagers de la route occasionnent des accidents mortels de la circulation. Une situation qui s’explique, selon lui, par la consommation abusive d’alcool et l’excès de vitesse. Pour ce faire, il a sollicité du ministre de la Sécurité, des alcooltests et des radars pour appréhender les «inciviques routiers ». Sur le sujet, le ministre Compaoré a promis trouver dans les plus brefs délais, une réponse à cette requête. Assailli par des doléances de toutes parts, le ministre d’Etat a appelé les conseils municipaux des villes visitées, bénéficiaires des services de sécurité, à jouer leur partition, notamment dans la réparation des toitures des postes de gendarmerie et de police et en équipements informatiques. «Vendez votre maladie et vous trouverez un remède» ou encore « frappez, on vous ouvrira des portes », a-t-il conseillé aux responsables des exécutifs locaux. Simon Compaoré a également prévenu les forces de l’ordre de tout dérapage qui ternirait leur réputation. «Pas de rackets », a-t-il lâché à chaque fois. Il a également demandé aux hommes de tenue de travailler avec les Kogl-weogo qui sont dans la légalité. Pour le reste, l’autorité de l’Etat doit s’affirmer. Il a suggéré, en outre, aux policiers comme aux gendarmes, de rester solidaires et dans la discipline. «Partagez-vous les renseignements». Pour remonter le moral de la troupe, le ministre de la Sécurité a distribué quelques «petites» enveloppes aux différentes casernes, tout en s’adressant à chaque responsable : « pas de prélèvements »
Anselme KAMBIRE