Le comité de pilotage du deuxième Programme national de gestion des terroirs (PNGT2) phase 3 était en conclave. Huitième du genre, trois principaux points sont inscrits à l’ordre du jour, à savoir l’état de mise en œuvre des activités du PNGT2-3 en 2016, l’examen de l’état de mise en œuvre des activités du programme du 1er trimestre de 2017 et l’examen du programme et du budget 2017 révisé. La rencontre qui a réuni toutes les parties prenantes du programme, s’est tenue à Ouagadougou le jeudi 27 juillet 2017.
Le Programme national de gestion des terroirs est, pour les collectivités territoriales et la décentralisation, ce que l’eau est pour les poissons. Sans ce programme, « la décentralisation serait un leurre », dixit Suleymane Nassa, coordonnateur national du PNGT2-3. Mis en œuvre depuis 2001, il concerne cinq domaines qui embrassent pratiquement tout ce qu’il faut pour permettre à la décentralisation de relever les défis qui lui sont assignés. Il s’agit du renforcement des capacités pour le développement rural décentralisé, de l’application du régime foncier rural et du renforcement des mécanismes de résolution des conflits au niveau local, du financement des investissements du développement local. A ceux-ci, il faut ajouter la gestion durable des terres et des forêts et la coordination suivi-évaluation. Le PNGT couvre les 302 communes que compte le pays. 68 milliards de F CFA ont été engloutis par celles-ci depuis la naissance du PNGT. Le comité de pilotage de ce programme s’est retrouvé à Ouagadougou pour faire le bilan de 2016 et analyser le contenu des activités du programme pour l’année 2017.
« Résultats satisfaisants malgré un contexte national difficile »
L’année 2016 a connu la transition au niveau des collectivités, avec le retour à une vie communale normale après l’intermède des délégations spéciales décidé à la suite des évènements d’octobre 2014. Fort logiquement, cette transition a entraîné une lenteur dans le déroulement des activités du PNGT2-3. Mais cela, à en croire le coordonnateur, n’a pas empêché l’atteinte de résultats satisfaisants. Le taux moyen d’exécution physique est de 83,74% et celui pondéré s’élève à 73,99%. Au titre des trois premières composantes du programme, pour ne retenir que ceux-ci, le taux de réalisation est de 85,94%, notamment au titre du renforcement des capacités pour le développement rural, de 83,33% pour l’application du régime foncier et 70,24% en ce qui concerne le financement des investissements du développement local. Au total, dix milliards de F CFA ont été mobilisés pour les activités de 2016. Pas de succès sans cause. Le secrétaire général du ministère de l’Agriculture et des aménagements hydrauliques, Moussa Maïga, justifie ce taux par le dynamisme et la réactivité du comité de pilotage pour réajuster avec responsabilité et clairvoyance les ambitions initiales, au regard du contexte de mise en œuvre. « Cela a abouti à la prise de mesures fortes telles que la révision budgétaire au mois d’avril 2016, pour tenir compte du besoin urgent de renforcement des capacités des nouveaux élus locaux », a-t-il signifié. La réactivité du comité a permis également, a-t-il dit, la prise en compte des études préparatoires aux investissements structurants pour booster le niveau d’absorption des ressources affectées au financement des investissements. Malgré ces résultats encourageants, des difficultés et non des moindres ont jalonné le programme en 2016. Le non-respect des délais d’exécution, les marchés infructueux, la défaillance de certains prestataires, l’adoption tardive des Plans de passation des marchés des collectivités, sont quelques plaies du programme en 2016. La plus grande insatisfaction, c’est la non-absorption par les collectivités, du budget de 2016. Moussa Maïga justifie cela par les lourdes procédures dans les passations des marchés et l’inculture des nouveaux arrivés à la tête des collectivités, territoriales. Toutes ces péripéties ont été prises en compte pour un bilan plus satisfaisant du programme pour l’année 2017, a-t-il précisé. En 2017, au total 896 microprojets sont prévus dans les domaines visant l’accroissement de l’offre en infrastructures sociales et économiques ainsi que l’amélioration de la gestion des ressources naturelles. Plus de vingt milliards de F CFA sont mobilisés pour la réalisation de ces activités. « Mais les grèves persistantes des acteurs impliqués dans le processus de passation des marchés et la liquidation de la dépense publique risquent de constituer un handicap pour la concrétisation de ces intentions en actes », s’inquiète Moussa Maïga.
Le PNGT connaîtra son épilogue le 30 novembre 2018. Elie Ouédraogo, chargé du PNGT2-3 à la Banque mondiale, tout en saluant les résultats du programme depuis 2001, a invité le gouvernement à hâter le pas s’il souhaite obtenir l’accompagnement de son institution pour une nouvelle phase. Le SG du MAAH a rassuré les acteurs de ce que le gouvernement mettra tout en œuvre effectivement pour que le PNGT puisse survivre à la date butoir du 30 novembre 2018.
ENCADRE :
Les réalisations du PNGT 2-3 en 2016
- 143 ha de bas-fonds aménagés, 4 673 fosses fumières, 402 427 hectares de reboisement, 135 forages, 96 couloirs d’accès, 352 salles équipées en tables-bancs, 276 salles de classe, 17 logements d’infirmiers, 3 dispensaires, 828 boutiques de rue et de marchés, etc. (Source : dossier de presse)
Ousmane TIENDREBEOGO (Collaborateur)