La Coordination des comités de défense et d’approfondissement des acquis de l’insurrection populaire (CDAIP) de la ville de Ouagadougou a tenté d’organiser, ce jeudi 27 juillet 2017 à la mairie de l’arrondissement 3, un sit-in pour exiger la publication du rapport d’une mission d’inspection. Le sit-in a été empêché par les forces de l’ordre car la coordination n’aurait pas obtenu une autorisation de la mairie.
Il y a environ un an, les commerçants et occupants installés au marché de Toécin Yaar dénonçaient une mauvaise gestion de l’attribution des hangars, tables et places sur le nouveau site dudit marché. Depuis lors, le CAIDP exige une attribution équitable des places qui ont été réattribuées afin de déguerpir de l’ancien site. «Les places sur le nouveau site sont parfois attribuées à plusieurs personnes à la fois. Il y a également des personnes qui ont été recensées mais à qui la mairie n’a pas attribué de nouvelles places. D’autres également exerçaient des activités sous la forme de location-vente et le recasement n’a pas pris en compte ces personnes», expliquent les "commerçants lésés".
Pour résoudre le problème, une mission d’inspection du ministère en charge de l’Administration territoriale a examiné les travaux de la commission d’attribution de places au sein de ce marché et entendu les membres de la commission d’attribution, de même que les commerçants entre le 25 et le 27 janvier 2017.
Mais sept mois après le passage de la mission, la CDAIP dit être lasse d’attendre les résultats du rapport. D’où ce sit-in pour exiger la publication des conclusions de la mission d’inspection du ministère de l’Administration territoriale et la mise en œuvre des recommandations du rapport.
Selon le coordonnateur de la CDAIP, Ernest Zemba, une plateforme revendicative a été élaborée et soumise à la mairie de l’arrondissement 3. Mais jusqu’à présent, la plateforme n’a pas encore obtenu un traitement. «Nous avons obtenu de la part du ministère de l’Administration territoriale, une mission d’inspection mais jusqu’à présent, nous n’avons pas encore les résultats de la mission d’inspection. Donc, nous sommes là pour exiger que le rapport puisse être publié et que les recommandations puissent être mises en œuvres», a dit M. Zemba
Pour entrer en contact le maire, il faut se lever tôt
A la question de savoir si le CDAIP est entré en contact avec le maire de l’arrondissement 3, Rainatou Sawadogo/Ouédraogo, afin de savoir pourquoi le rapport n’a pas été publié, le coordinateur nous a fait savoir qu’ils ont tenté de la rencontrer en vain. «Pour entrer en contact avec madame le maire, il faut se lever tôt. Nous nous rappelons que les 4 et 11 juillet 2016, le maire nous a refoulé ici (de la mairie, Ndlr). C’est finalement le 18 juillet 2016 que nous avons pu introduire le recensement des personnes non attributaires, des personnes en location non prise en compte par le recensement, les doubles et les triples attributions au niveau de la mairie. Nous avons tenté de rencontrer le maire en vain et le 11 août 2016, nous avons organisé un sit-in qui a été défavorablement accueillis par madame le maire. Le 10 octobre, nous avons introduit une demande d’audience au niveau de la mairie et c’est le 18 janvier 2017 que cette audience a été accordée», a expliqué le coordonnateur.
Il a indiqué qu’au cours de l’audience, le maire leur a fait savoir que la mairie «n’est mêlée ni de loin ni de près à cette démarche». Il précise aussi que le maire avait promis de contacter la commission, les commerçants lésés, la CDAIP de Sig-Nonghin, le conseil municipal, la commission d’attribution de place et le réseau national anti-corruption pour la publication des résultats de ce rapport. «Jusqu’à présent, nous sommes toujours dans l’attente», s’indigne-t-il. Pour la CDAIP, il est logique que le maire puisse accompagner le ministère dans la publication du rapport et la mise en œuvre des recommandations issues dudit rapport.
«Pendant qu’on nous fait croire que le problème sera résolu, les opérateurs économiques sont autorisés à construire sur l’ancien site du marché. Pour nous, il est tout à fait logique que nous organisons une manifestation au niveau de la mairie pour exiger l’arrêt des travaux et la publication du rapport du ministère», a conclu Ernest Zemba.
Madame le maire que nous avons trouvé en plein célébration de mariages, nous a fait savoir qu’il est difficile pour elle de se prononcer sur la question. Elle a néanmoins donné sa version. «Ils m’ont écrit pour m’informer qu’ils feront un mouvement. Ils n’ont même pas demandé une autorisation. En réponse à leur demande, je leur ai fait savoir que les informations qu’ils veulent, ils doivent s’adresser au ministère, parce que ce n’est pas la mairie qui a commandité l’audit. Le rapport est là, je l’ai à mon niveau mais je ne peux pas le publier comme ils l’ont demandé dans leur écrit. S’agissant des interpellations également, nous sommes tenus de suivre ce que l’administration veut. La mise en œuvre des différentes recommandations sera faite et nous avons commencé même à interpeller qui de droit», a martelé Rainatou Sawadogo/Ouédraogo.