Il y a trois ans de cela que le vol AH 5017 d’Air Algérie, parti le jeudi 24 juillet 2014 de l’aéroport international de Ouagadougou, s’est écrasé au nord du territoire malien. Aucune des 116 personnes (110 passagers et 6 membres d’équipage) à bord dont 28 Burkinabè et 54 Français, n’a survécu. Trois années après ce drame, la justice française a procédé à la mise en examen en fin juin dernier de l’opérateur espagnol Swiftair, affréteur de l’avion qui a crashé, pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité».
Cette mise en examen est le premier acte de l'instruction judiciaire qui avait été ouverte en France le 29 juillet 2014. Swiftair devra répondre des accusations et des révélations faites par les enquêteurs et les différents experts sur les circonstances du drame.
Selon le rapport de 250 pages d’experts judiciaires remis en décembre 2016 à des magistrats parisiens, les pilotes du vol AH 5017 d’air Algérie, étaient des saisonniers et n’avaient pas conduit d’avion durant les huit mois précédant le drame. Ils ont cité les manquements en matière de formation des pilotes affectés par la compagnie Swiftair au vol en question. Pour les experts : «Swiftair n’a pas respecté ses engagements concernant les formations complémentaires à mettre en place suite à de longues périodes d’inactivité. Ce manquement génère un déficit d’entrainement.»
A cela s’ajoutent les informations révélées l’année dernière par un syndicat de pilotes espagnols qui affirmaient que leurs confrères du Vol AH 5017 n’étaient pas formés aux manœuvres qui auraient pu éviter le crash. Toutes ces révélations corroborent d’avec les conclusions du rapport final des enquêteurs français livré en avril 2016 et qui stipulait que le crash était principalement dû à «la non-activation» par l’équipage du système antigivre suivi de l'absence de réaction des pilotes pour sortir d'une situation de décrochage. L'équipage n'aurait pas détecté aussi la diminution de vitesse jusqu'au décrochage qu’il n’avait pas pu rattraper.
Une mise en examen qui a fait réagir les familles des victimes. L’association des proches des victimes françaises AH 5017-Ensemble, a estimé que cette mise en examen permettra d’élucider les causes réelles de cette catastrophe. «A quelques jours de la troisième commémoration du drame, cette avancée du dossier pénal va dans le sens que nous attendions et nous laisse espérer la possibilité de la tenue d'un procès qui permettra, comme le souhaitent ardemment les familles et proches des disparus, la manifestation de la vérité et la mise à jour de tous les éléments ayant contribué à la catastrophe», a fait savoir l’association via un communiqué.
Outre cela, les proches et les familles de victimes disent ne pas comprendre pourquoi Air Algérie n’a pas aussi été mis en examen. A en croire Me Halidou Ouédraogo, président de l’Association des familles des victimes du crash du vol AH 5017 (Afavic), il y a une « coaction » et la responsabilité des deux structures (Swiftair et Air Algérie) doit être engagée afin que les familles puissent faire leur deuil.
Il dit aussi ne pas comprendre pourquoi Air Algérie se dit aussi victime. « La question que nous nous posons est celle de savoir en quoi elle a été victime. En quoi ? Ce que nous savons, c’est que ce sont des commerçants qui ont loué un avion pourri (…) Sinon, le ressentiment que j’ai actuellement est le même que celui que j’avais lors du premier jour du drame ; la douleur et la colère », a-t-il fait savoir au cours d’un point de presse tenu le 20 juillet dernier.
Au cours de cet échange avec la presse, celui qui a perdu sa fille cadette dans ledit crash a indiqué qu’à ce jour, aucun des ayants droits des victimes burkinabè n’a été indemnisé alors que ceux des victimes françaises l’ont été. L’association a aussi indiqué suivre l’affaire de près pour que justice soit rendue.
Une fois que la stèle -en cours d’érection à Ouagadougou-dédiée à la mémoire des victimes sera finalisée, Me Ouédraogo a indiqué que tout sera mis en œuvre pour que les familles des victimes fassent le déplacement de Ouagadougou afin de faire le point sur la procédure judiciaire en cours.