Le Tribunal de grande instance (TGI) de Ouagadougou a rendu, ce vendredi 21 juillet 2017, son verdict dans l’affaire qui oppose la banque CBAO à 14 de ses clients. Si deux personnes ont été relaxés, les 12 autres reconnus coupables ont été condamnés à des diverses peines fermes. Ainsi, Sayouba Zidwemba dit « Will télécom » et Christian Tapsoba dit « Goroko » ont écopé chacun de 3 ans de prison, entre autres.
Débuté le 8 juin dernier, c’est ce vendredi 21 juillet 2017 que le procès qui oppose CBAO à 14 de ses clients a connu son dénouement final. Du délibéré lu, seuls Kouliga Hamidou Zongo et Morou Kiendrébéogo poursuivis pour complicité de falsification de documents informatisés, complicité d’escroquerie et de recel, ont été relaxés, au bénéfice du doute. Tous les autres prévenus ont été déclarés coupables de complicité de falsification de documents informatisés et de recel pour certains, de complicité de falsification de documents informatisés pour d’autres et de faux, usage de faux, complicité de falsification de documents informatisés et tentative de recel pour Alexandre Hossou. En répression et pour le cas des prévus les plus connus, « Will télécom » et « Goroko » ont été condamnés à des peines fermes d’emprisonnement de 36 mois ( 3 ans) et une amende de 1 500 000 F CFA chacun. Par ailleurs, le tribunal a déclaré « partiellement fondée » la constitution de partie civile de la banque CBAO. Au titre de remboursement des sommes retirées, il a entre autres, condamné « Will télécom » à payer à la banque la somme de 67,8 millions de F CFA. Aussi la somme de 18 millions mis sous scellé sera-t-elle restituée à la banque. Enfin, les 12 prévenus déclarés coupables doivent payer solidairement à la CBAO, 10 millions de F CFA pour réparation du préjudice moral en plus de 10 autres millions « au titre des frais par elle exposés et non compris dans les dépens ».
15 jours pour faire appel
Si les prévenus disposent de 15 jours pour faire appel s’ils ne sont pas satisfaits du verdict, Me Mamadou Kéïta, avocat de Sayouba Zidwemba, a confié qu’il va faire appel. « J’ai plaidé pour la relaxe de mon client. Je ne suis pas satisfait de la décision du tribunal parce que je pense que l’infraction n’est pas constituée », a-t-il soutenu. De leur côté, les avocats de la banque affichent un satisfecit général. « En tant que partie civile, ce que j’ai demandé au tribunal, je l’ai obtenu », a confié Me Issa Diallo, avocat de la CBAO. Pour lui, les prévenus ont été condamnés pour les infractions pour lesquelles ils étaient poursuivis suite à la dénonciation de la banque et aussi à rembourser les sommes d’argent qu’ils ont « illégalement perçues ». Me Diallo se disant satisfait ne voit donc pas pourquoi il va faire appel, même si la loi ne le lui interdit pas. « Si les prévenus venaient à faire appel, je pense que le procureur n’étant pas satisfait, fera lui-même appel et en conséquence, moi-même je ferai appel pour accompagner le procureur dans son action », a-t-il nuancé.En rappel, c’estle 27 mars 2017 que Sayouba Zidwemba communément appelé « Will tétécom » du nom de son entreprise de vente de téléphones portables et de matériels informatiques a été déposé à la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadogou (MACO). Et selon les propos de l’accusé à la barre, tout serait parti d’un appel qu’il a reçu d’Abidjan où une succursale de sa société se trouve. Cet appel de son frère cadet lui signifiait qu’un client du nom de André Kouassi, souhaitait acquérir un important lot de matériels informatiques qu’il va payer par virement bancaire et de préférence dans un compte du fournisseur logé dans la banque CBAO au Burkina Faso. Après attestation de réception d’un montant de 67,8 millions de F CFA dans son compte le 29 février, « Will Télécom » confie avoir autorisé son frère à livrer la commande au partenaire. Toujours selon le prévenu, après le retrait de 67 millions de F CFA, il a été interpelé par la banque parce que les fonds virés seraient d’origine frauduleuse. Il dit s’être rendu à Abidjan à la recherche de M. Kouassi, mais en vain. Il a alors déposé plainte contre ce dernier au commissariat de Koumassi à Abidjan. Rentré au pays, il sera auditionné le 27 mars 2017, il a été déposé à la MACO où il séjourne depuis. Tous les autres prévenus sont dans des situations similaires parce que CBAO les accusent de piratage des comptes qui les a indûment crédités de plusieurs millions de F CFA.
Jean-Marie TOE