Proche collaborateur du Général Djibrill Bassolé et secrétaire national adjoint aux relations extérieures de la Nouvelle alliance du Faso (NAFA), Aziz Dabo revient, à travers cette interview, sur l’avis du Groupe de travail des experts du Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l’ONU qui ont jugé arbitraire, la détention de son mentor dans le cadre du putsch de mi-septembre 2015. Pour lui, Bassolé est simplement victime de la méchanceté de ses adversaires.
« Le Pays » : Quel commentaire faites-vous de la sortie du Groupe de travail des Nations unies par rapport à la détention du Général Djibrill Bassolé ?
Aziz Dabo : Après 21 mois de détention, nous ne pouvions attendre mieux. Nous attendions avec impatience ce verdict et par la grâce du Tout-Puissant, il nous est favorable. Il faut reconnaître que cette décision du Haut-commissariat aux droits de l'Homme de l’ONU est le résultat d’un travail minutieux de recherche d’experts durant neuf mois.
Cela fait bientôt presque deux ans que le Général Djibrill Bassolé, le seul Général de notre Gendarmerie, est emprisonné sans procès alors que le principal auteur du putsch, en l’occurrence le Général Gilbert Diendéré, ne lui reconnaît aucune participation à ces événements. Dès lors, cette décision de l’ONU vient rétablir aux yeux de l’opinion avertie et lucide, les nombreux manquements liés au cas Bassolé et surtout, indique clairement qu’il est simplement victime de la méchanceté de ses adversaires. C’est encore une gifle magistrale infligée au Burkina Faso. Ce qui est regrettable.
Cela ne suscite point de débat, il y a tous les indices qui prouvent que Djibrill Bassolé est un détenu politique arbitrairement incarcéré depuis le 29 septembre 2015.
Comment réagissez-vous à la réponse du gouvernement burkinabè ?
Le Burkina Faso n’est pas la propriété exclusive des pseudo-insurgés « incendieurs » de domiciles. Le Burkina Faso est un Etat responsable, qui a ratifié des traités internationaux. Il s’est donc engagé à respecter ces différents textes. Alors, nous estimons que ces règles ne sauraient être manipulées pour des intérêts égoïstes. Il faut quand même, à ce niveau, manquer de lucidité pour se comporter tel que le gouvernement est en train de le faire. Mobiliser autant de ressources pour un seul individu. Cela saute aux yeux qu’il s’agit bien d’un acharnement. A quelles fins ?
Le temps étant l’autre nom de Dieu, c’est avec sérénité que nous attendons la suite qui sera donnée au recours introduit par le gouvernement. Pour ceux qui me suivent sur les réseaux sociaux, j’avais prédit cela : le retour au laboratoire de certains intellectuels pieds cassés pour encore enfoncer le peuple burkinabè et attiser la haine. J’ai même entendu d’un juriste que c’est un arrangement entre amis onusiens. Alors si l’ONU va
jusqu’à préférer les intérêts d’un individu à ceux du droit et de notre nation, je pense que cet individu devrait mériter respect et considérations. (Rires).
Voyez-vous, le Burkina mérite mieux que ce spectacle honteux face aux juridictions internationales. A vrai dire, au vu de la démarche entreprise, rien ne nous surprend. Comment voulez-vous qu’ils reconnaissent cette lourde défaite aux yeux de tous ? Imaginez-vous que notre ministre de la Justice s’est même constitué partie civile dans le cadre du procès du putsch. Ils iront jusqu’au bout, soyez en sûrs.
Quelles actions comptez-vous mener dans les prochains jours ?
Comme l’a si bien dit Montesquieu, « une injustice faite à un seul, est une menace faite à tous ». Donc, nous comptons renforcer notre combat qui n’est pas pour Bassolé uniquement, mais pour la justice. C’est maintenant que le vrai combat va commencer pour l’expression de la vérité, d’une justice équitable et impartiale pour tous. Convenez avec moi que je ne peux étaler nos stratégies futures mais soyez sûrs, nous sommes déterminés comme jamais à la tenue d’un procès rapide, qui viendra exprimer la vérité, rien que la vérité. La lutte sera probablement longue, mais je dirai très passionnante.
Je profite de cette occasion pour lancer un appel à l’opinion publique nationale et internationale, surtout aux personnes éprises de justice, de nous rejoindre pour continuer ce combat qui est celui de la vérité. Quelle que soit la durée de la nuit, rassurez-vous, le soleil finit toujours par se lever. Je profite de l’occasion pour féliciter les militants et sympathisants de la NAFA qui est, je dirai, la quatrième force politique du Burkina Faso à l’issue des élections législatives de 2015, pour l’endurance dans cette lutte. Nous avons été diabolisés, nous avons perdu beaucoup, nous continuons de perdre énormément en traînant en longueur cette affaire. Quand je dis « nous », je fais allusion au Burkina Faso. Et pour terminer, permettez-moi de remercier les Editions « Le pays », pour cette tribune qui m’est accordée.
Propos recueillis par Drissa TRAORE