Les membres de l’Association professionnelle des sociétés d’assurance au Burkina (APSAB) et les responsables de la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) ont tenu une rencontre d’échanges, le jeudi 13 juillet 2017, à Ouagadougou. La rencontre, qui s’est achevée par une conférence de presse, a planché sur la hausse des primes d’assurance sur les prêts bancaires.
Pour lever le voile sur l’application des nouvelles tarifications des primes d’assurance sur les prêts bancaires, l’Association professionnelle des sociétés d’assurance au Burkina (APSAB) et la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) se sont retrouvées face à face, le jeudi 13 juillet 2017, à Ouagadougou. Objectif, éclairer l’opinion publique sur les tenants et les aboutissants de cette décision. De ses explications, le président de l’APSAB, Simon Pierre Gouem, a fait savoir que les anciens tarifs ne respectaient pas la règlementation en vigueur au sein de la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA). A ces tarifs bas, a-t-il indiqué, la commission régionale, après constat, avait exigé que les assureurs burkinabè se mettent rapidement en règle. Après, c’est au tour du ministère de l’Economie et des Finances d’interpeller, en 2014, les assureurs sur cette question en les exhortant à relever les taux. Pour le président de l’APSAB, c’est désormais chose faite. A l’entendre, ces nouvelles tarifications résultent donc de l’application des textes. Puis, a-t-il poursuivi, la survie des sociétés d’assurance en dépendait fortement, car les anciens tarifs ne leur permettaient pas de respecter leurs engagements en cas de sinistre. « Il n’y a pas de commune mesure entre ce que l’assuré paie à l’assureur et les dédommagements qui sont effectués en cas de survenue d’un sinistre », a-t-il souligné. Cette décision devrait être appliquée depuis 2012, mais de l’avis du président de l’association, il fallait attendre le moment favorable pour le faire. A la question de savoir en quoi 2017 constitue un moment opportun à son application, M. Gouem s’est voulu explicite : « cette décision ne prend pas en compte le pouvoir d’achat de la population, mais c’est sur la base du risque ». Pour sa part, Bénéwendé Philippe Waongo, chef de service à la direction générale des assurances au ministère de l’Economie estime que dès lors qu’il y a une disposition règlementaire, il y a un délai pour se mettre à jour.
Pas question de reculer !
Pour lui, cette directive vise, d’une part, à protéger le consommateur et, de l’autre, à assurer la survie des sociétés d’assurance en faisant en sorte qu’elles ne tombent pas en faillite. Après ces éclairages, le président de la LCB, Gilbert Hien Somda a négocié un report à son application, le temps de préparer les esprits des consommateurs.
A cette recommandation, la réponse des assureurs a été sans équivoque. « Nous prenons acte de cette décision ; reporter à quand ? Les risques sont là, le nombre de décès et d’invalidité est élevé », a répliqué Simon Pierre Gouem. Selon lui, au regard de l’ampleur des risques, il n’est pas question de revenir en arrière. Car, a-t-il noté, cela reviendrait à cautionner un déséquilibre entre « ce que nous payons (ndlr : comme dédommagements) et ce que nous recevons ». Preuve à l’appui, il a montré que sa société vient d’enregistrer un cas de sinistre qui renforce la justesse de leur action. Il s’agit, a-t-il relaté, de quatre assurés qui sont passés de vie à trépas après avoir contracté, au total, des crédits de 54 millions FCFA. Sans avoir eu à payer la première traite alors que leurs primes rassemblées ne dépassent pas 1,5 million. Eu égard à ces éclairages, le président de la LCB a remercié ses hôtes pour avoir apporté des précisions. « Le fait est déjà accompli, mais il est moins douloureux maintenant parce que nous avons les explications », a-t-il affirmé. Toutefois, il les a exhortés à informer le consommateur de toute décision le concernant. Toute chose qui lui permettra, à l’en croire, de prendre ses dispositions avant d’aller s’endetter en banque. « Maintenant, nous savons les conditions dans lesquelles nous nous endettons, donc nous allons continuer de réfléchir et voir s’il est nécessaire de le faire ou pas », a-t-il conclu, l’air triste. Les assureurs pensent par ailleurs que cette mesure est bénéfique en ce sens qu’avant, les taux s’appliquaient par tranche d’âge alors qu’aujourd’hui c’est individuel. L’occasion faisant le larron, ils ont dévoilé que les primes d’assurance sur les véhicules automobiles sont affectées par ces changements. Il en est de même sur les primes de décès. Tout en déplorant le déficit de communication sur ces nouvelles tarifications, le président de l’APSAB, Simon Pierre Gouem, s’est félicité du bon déroulement des échanges. Sa conviction est que cette mesure n’aura pas un impact négatif sur les différentes opérations dans les banques. Conformément aux dispositions du code CIMA, les tarifs ne sont pas les mêmes partout. Il est laissé à chaque société d’appliquer les taux de son choix.
Ouamtinga Michel ILBOUDO