Le projet Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD), le Programme d’appui au développement sanitaire (PADS) en collaboration avec la Direction de la promotion de la santé (DPS) organisent une caravane de presse dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades. Cette activité a démarré le 6 juillet 2017.
S’enquérir de la situation des femmes et des filles dans les domaines de la Planification familiale(PF), la scolarisation ou le maintien des filles à l’école, le mariage précoce ou forcé des enfants et l’autonomisation économique de la femme auprès des autorités coutumière, politique et administrative. Ce sont autant d’objectifs que s’est fixés la caravane de presse dans les régions des Hauts-Bassins et des Cascades organisée par le Programme d’appui au développement sanitaire (PADS) en collaboration avec la Direction de la promotion de la santé (DPS). Une activité qui entre dans le cadre des activités de communication du projet Autonomisation des femmes et dividende démographique au Sahel (SWEDD). Ainsi, du 6 au 11 juillet 2017, l’équipe des caravaniers a sillonné Bobo-Dioulasso, Orodara, Péni et Toussiana. Dans toutes ces zones, le constat est que les indicateurs en matière de promotion de la femme sont encore bas. Concernant la santé de la reproduction, le Directeur régional de la santé (DRS) de Bobo-Dioulasso, Dr Seydou Ouattara, a confié que le taux d’utilisation des méthodes contraceptives en 2016 était de l’ordre de 30,1%. Alors que ce taux était de 34% en 2015 et 45% en 2014. Les raisons d’une telle chute sont liées à la réticence de certains hommes vis-à-vis de la contraception, les difficultés d’accessibilité aux sites de PF et le manque de ressources humaines qualifiées dans certaines formations sanitaires. A Orodara, les indicateurs affichent un taux de la PF à 21,6% au 1er semestre de l’année en cours. Là-bas, le médecin-chef du district, Dr Oumar N’Do a proposé la gratuité des méthodes contraceptives parce que de son avis, malgré la subvention de l’Etat, certaines familles éprouvent toujours des difficultés à s’en procurer. « Lors de la semaine de la PF où les méthodes sont gratuites, nous avons constaté que les femmes viennent nombreuses. Après la semaine, elles se font rares. Il y a des familles où pour avoir 500 F CFA par jour, c’est la croix et la bannière », a témoigné Dr N’Do. Un point de vue partagé par Pierre Ouoba, maïeuticien au centre médical de Toussiana. A Péni, village situé à une quarantaine de Km de Bobo-Dioulasso, la prévalence est de 12% dans un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) qui enregistre 45 à 50 accouchements par mois. « Le taux d’accouchement dans la région est de 86,91%. Et en 2016, nous avons enregistré 30 décès maternels », a dit le DRS, Dr Seydou Ouattara. Toujours, concernant la santé de la reproduction, l’infirmier-chef de poste du CSPS de Péni, Sibiri Fargo a expliqué qu’il y a des hommes qui pensent que lorsque la femme est sous contraception, elle peut le tromper. « Certains maris menacent de chasser leurs épouses si toutefois, elles pratiquent la contraception. Nous vivons beaucoup de cas ici et c’est dommage », a confessé la présidente de l’association féminine Djitougou de Péni, Awa Bassinga, mère de 7 enfants. Aujourd’hui, son association s’est lancée dans les activités génératrices de revenus afin de subvenir à certains besoins de la famille. A propos de l’éducation des filles, même s’il y a des efforts faits, les grossesses en milieu scolaire sont légion.
L’apport des communautés coutumière et religieuse
Une situation qui est due à la sexualité précoce et à la méconnaissance des méthodes contraceptives. « Une jeune fille de 9 ans s’est présentée pour une méthode de PF lors de la semaine PF passée. Nous étions tous étonnés. Cela suppose qu’elle est sexuellement active et veut éviter de tomber enceinte. Nous lui avons conseillé d’attendre ses premières règles », a affirmé le MCD de Orodara, Dr Oumar N’Do. Dans la même localité, il ressort qu’au cours de l’année scolaire 2016-2017, 25 grossesses ont été enregistrées au post-primaire et une grossesse au CM2. Chez les religieux comme chez les coutumiers, tous s’accordent sur l’importance de la PF et le maintien des filles à l’école. Le chef des Bobo Mandarè estime qu’avant, il y avait assez d’espace et la vie n’était pas aussi chère comme maintenant. Il a fait comprendre que dans certaines familles polygames, la concurrence entre épouses est un facteur qui contribue à accroître les naissances. C’est pourquoi, il a souhaité l’intensification de la sensibilisation et surtout la scolarisation des jeunes filles. Le secrétaire général adjoint de la communauté musulmane de Bobo-Dioulasso, Siaka Sanou est du même avis. A l’écouter, les mariages précoces sont plutôt des facteurs culturels et non religieux. « L’islam incite à l’autonomisation de la femme », a précisé M. Sanou. A propos de l’usage des méthodes modernes de contraception, il a laissé entendre que même si elles ne sont pas promues, elles ne sont pas non plus décriées. Au sein de la fédération des églises et missions évangéliques de Bobo-Dioulasso, des actions sont menées dans le sens de l’éducation des filles. Il s’agit de l’accueil des jeunes filles dans des centres et la lutte contre le mariage précoce. « Dans l’enseignement biblique, le jeune garçon et la jeune fille ont les mêmes droits », a rappelé le pasteur Siaka Traoré.
Gaspard BAYALA