Le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la communication (SYNATIC) et l’Association des journalistes du Burkina (AJB) dénoncent dans la déclaration conjointe ci-dessous ce qu’ils qualifient d’immixtions de l’exécutif dans le travail des journalistes des organes de presse publics
Le mardi 16 juillet 2013, les travailleurs des médias publics (Radiodiffusion du Burkina, Télévision du Burkina, RTB2 Centre, RTB2 Sud-ouest, RTB2 Hauts-Bassins, Centres d’émission, Editions Sidwaya) vont observer une journée nationale de protestation sous forme de sit-in devant le ministère de la Communication pour :
1- L’arrêt de l’immixtion des autorités du ministère de la Communication dans le traitement de l’information au niveau des médias publics ;
2- L’élaboration d’un statut particulier des travailleurs des médias publics en vue de l’amélioration conséquente de leurs conditions de vie et de travail (ils travaillent du lundi au lundi sans répit et sont exposés à des risques divers …) ;
3.1- La reconstitution de carrières des agents. En effet, les agents de catégorie B, A3, et A2 ont eu leurs carrières bloquées du fait de l’absence d’ouverture de concours de niveau supérieur jusqu’en 2004.
3.2- La prise en compte des années dits de piges dans le calcul des années de retraite. En effet, certains agents, des contractuels de la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB) et des Editions Sidwaya, sont partis à la retraite 5 à 10 ans après leur engagement, alors qu’ils ont travaillé 10 à 15 ans dans lesdits organes comme « pigistes ».
3.3- L’application du décret N°2012-098 PRES/PM/MFPTSS/MEF du 16 février 2012 portant organisation de concours professionnels au profit des agents contractuels des EPE. En effet, les contractuels des EPE ci-dessus cités n’ont pas pu passer de concours professionnels en dépit de l’existence de ce décret.
4- Le rétablissement des rémunérations des agents des médias publics injustement coupées suite à la circulaire du Premier ministre sur les « paiements irréguliers des prises en charge ».
Ces points de revendication des Comités de mobilisation SYNATIC au niveau des médias publics ne sont pas nouveaux. En effet, depuis 2010, la Plateforme revendicative du SYNATIC, où figurent tous ces points, est déposée au niveau du ministère de la Communication.
En 2012 et 2013, le Bureau national a eu deux rencontres avec le ministre de la Communication sur ladite plateforme. Il en est ressorti des promesses qui, jusqu’à ce jour, sont restées sans suite.
Le 11 avril dernier, le Premier ministre a rendu visite aux travailleurs de la RTB. Les mêmes préoccupations lui ont été évoquées. Mais jusqu’à présent, point de réponse. Ce qui semble préoccuper les autorités du ministère, c’est l’organisation du 50e anniversaire de la Télévision nationale.
L’immixtion des autorités du ministère de la Communication dans le traitement de l’information – qui du reste n’est pas nouvelle – a pris de l’ampleur ces derniers temps. Quelques exemples :
➢ la couverture partisane des dernières grèves du SYNTSHA et du SYNATEL ;
➢ les censures imposées par les autorités du ministère de la Communication dans les reportages des journalistes sur les activités de l’opposition politique, de l’Unité d’action syndicale et des organisations de la société civile ;
➢ l’intervention directe des responsables du ministère de la Communication dans le traitement du reportage sur la marche du 29 juin de l’opposition au niveau des médias publics (RTB et Editions Sidwaya).
Les conséquences de ces pratiques d’une autre époque exposent de façon continue les travailleurs des médias publics à la vindicte populaire lors des différentes manifestations publiques.
Ces immixtions dénaturent le contenu des reportages, toute chose qui provoque la colère des populations qui s’en prennent aux journalistes.
Ces comportements ramènent les médias d’Etat aux temps forts des régimes d’exception et sont contraires aux principes d’éthique et de déontologie journalistique.
Face à cette situation, l’Association des Journalistes du Burkina (AJB) et le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC) :
➢ dénoncent avec véhémence cette remise en cause du droit fondamental du journaliste à traiter librement et en toute responsabilité l’information et au droit du public à disposer d’une information complète équilibrée et crédible ;
➢ invitent les autorités du ministère à examiner de façon diligente les préoccupations des travailleurs des médias publics et à cesser ses interventions intempestives dans le traitement de l’information au niveau des médias publics ;
➢ invitent le Conseil Supérieur de la Communication (CSC) – généralement prompt à interpeler les médias privés – à se saisir de ce dossier ;
➢ appellent les travailleurs des secteurs publics et privés à se mobiliser pour une presse indépendante de service public.