La deuxième édition du Forum économique Chicago-Afrique (ChicAfrica) s’est tenue, du 6 au 8 juillet 2017, dans la troisième agglomération des Etats-Unis d’Amérique, Chicago. Les participants, dont de nombreux Burkinabè, se sont rencontrés sous le thème : « Le Partenariat Public Privé, Types d`infrastructures prioritaires pour la croissance réelle en Afrique : Ethique, Potentiel, Croissance ».
Le Partenariat Public Privé (PPP), le sujet qui a cristallisé les débats à l’Assemblée nationale mais aussi au sein de l’opinion publique au Burkina Faso en début de semaine dernière, a également été l’objet de réflexion dans la plus grande ville de l’Etat de l’Illinois aux Etats-Unis. C’est à la faveur du Forum économique Chicago-Afrique (ChicAfrica) 2017, qui s’est déroulé du mercredi 6 au samedi 8 juillet. Cette rencontre a planché sur une série de questionnements : les PPP sont-ils les outils pour développer les infrastructures dans les économies en développement ? De quelle manière envisager leur mise en œuvre ? Quelles formes leur donner ? Avec quelles opportunités et quels risques ? Pour le coordonnateur du Forum, Dr Victor Onadja, il n’y a pas de doute que le PPP est une solution pour attirer davantage d’investissements vers l’Afrique. C’est aussi, a-t-il ajouté, un moyen pour permettre aux opérateurs économiques du continent d’être plus actifs et de participer intensément au développement. L’invité spécial de ChicAfrica 2017, le ministre de la Promotion des Investissements et du Secteur Privé du Mali, Konimba Sidibé, a embouché la même trompette, en relevant que cette approche met au-devant de la scène le secteur privé africain. M. Sidibé a noté tout l’intérêt des PPP pour les gouvernants africains, en ce sens qu’ils évitent aux Etats de s’endetter systématiquement pour la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures socio-économiques. Puisque, dans ce cadre, la construction est à la charge du partenaire privé. Il a indiqué qu’en la matière, deux possibilités se présentent. Dans le premier, le privé peut réaliser l’infrastructure et l’exploiter sur une période donnée, en vue de rentabiliser son investissement (l’exemple d’une autoroute ou pont à péage). Dans le second, l’investisseur se fait directement rembourser par l’Etat. En tous les cas, à son avis, les PPP demeurent une « solution séduisante » pour des pays aux ressources publiques limitées, pourvu que cela soit entouré d’un cadre légal et institutionnel rigoureux. Le ministre malien a évoqué les critères à prendre en compte pour justifier de la pertinence d’une initiative PPP. « Le projet éligible doit avoir un haut impact positif sur la vie des populations ; la dette publique que sa réalisation peut engendrer doit être soutenable ; les risques d’échec du projet doit être faible », a-t-il énuméré. Konimba Sidibé a, par ailleurs, relevé l’importance d’impliquer le secteur privé national dans l’exécution des PPP. Encore faut-il que celui-ci soit à la hauteur de la tâche. C’est en cela que des Fora comme ChicAfrica, sont pertinents, a renchéri Dr Victor Onadja. En effet, selon les initiateurs du Forum, les membres du cabinet de conseil en éducation, en recherche de partenariats techniques et financiers Ramses Consulting & Associates, l’objectif est de permettre au secteur privé africain de prendre davantage de galon, via un partenariat avec celui nord-américain. Ainsi, pour la présente édition, pendant trois jours, des femmes et hommes d’affaires venus de pays africains, dont une forte délégation burkinabè, ont été mis au contact de partenaires potentiels nord-américains, à travers des panels, des ateliers, des rencontres B to B, une immersion en entreprise, etc.
Des échanges commerciaux à booster
Le premier jour du forum a été une sorte de mise dans le bain pour les participants. Le responsable du commerce international Afrique et Moyen-Orient de l’Illinois, Sam Ntum, a « vendu » les potentialités de Chicago. Il a présenté la ville comme une plaque tournante des affaires aux Etats-Unis, avec comme principaux domaines d’activités l’industrie, l’agro-business, l’agro-alimentaire, les sciences, les services, la logistique et le transport, etc. A propos des échanges commerciaux avec l’Afrique, il a cité l’exportation de produits manufacturés, mais aussi l’importation de matières premières comme le café, le thé, le cacao, des épices. Son regret est que ces échanges restent quasiment vierges avec l’Afrique francophone. « Il y a un travail à faire à ce niveau », a lancé M. Ntum aux femmes et hommes d’affaires réunis à Chicago. Il a suggéré aux représentants du secteur public africain, également présents, de penser à aider les PME/PMI de leurs pays respectifs, à grandir. En subventionnant, par exemple, la participation de celles-ci à des rendez-vous de partage d’expériences comme ChicAfrica, a-t-il poursuivi. Aussi, les participants ont eu droit à une formation sur « comment faire les affaires » dans le pays de l’Oncle Sam. La culture sociale et commerciale dans ce pays, l’attitude idéale face à un homme d’affaires américain, les comportements à bannir, les précautions à prendre, entre autres, ont été évoqués. Ensuite, les deux pays grandement représentés au Forum, notamment le Burkina Faso et le Mali ont donné à voir ce qu’ils offrent comme opportunités d’affaires. A cet effet, le directeur des services aux entreprises et de la coopération à la chambre de commerce et d’industrie du Burkina, Félix Sanon, a présenté, à travers un film, les opportunités d’investir au Burkina Faso et les projets PPP dans le cadre du Plan national de développement économique et social (PNDES). Il a été appuyé par Me Ambroise Farama, qui a exposé l’attractivité de l’environnement juridique des affaires du pays des Hommes intègres. Le décor ainsi planté, les femmes et hommes d’affaires africains et leurs collègues américains pouvaient « parler affaire », en B to B.
Koumia Alassane KARAMA