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Planification familiale: "Londres sera une occasion pour nous de plaider pour une mobilisation accrue de ressources" , Ramatou Windsouri Sawadogo, DSF.
Publié le jeudi 6 juillet 2017  |  Sidwaya




Les acteurs de la planification familiale se réunissent à Londres au Royaume-Uni le 11 juillet 2017 pour un sommet mondial sur la population. Le Burkina y sera pour partager ses expériences et plaider auprès des partenaires pour plus d’accompagnement. La délégation sera conduite par le ministre de la Santé, par ailleurs président du groupe de référence du Partenariat de Ouagadougou, qui regroupe neuf pays africains. Dans l’interview ci-après, la directrice de la santé de la famille, Ramatou Windsouri Sawadogo, évoque, entre autres, les engagements du gouvernement, la nécessité de mobiliser les ressources afin de réaliser les ambitions du pays à atteindre 32% de Taux de prévalence contraceptive (TPC) en 2020, mais avant, elle commence en montrant les avancées qu’a fait le Burkina en matière de Santé de la reproduction et de planification familiale (SR/PF).

Ramatou Windsouri Sawadogo (R.W.S) : Nos indicateurs en matière de santé maternelle demeurent préoccupants. Ils ne sont pas satisfaisants bien qu’on ait connu un progrès significatif. Pour la réduction de la mortalité maternelle, nous sommes passés de 341 pour 100 000 naissances vivantes en 2010 à 330 pour 100 000 naissances vivantes en 2015, selon l’Enquête module démographique et de santé (EMDS 2015). C’est significatif comme progrès mais cela ne nous a pas permis d’atteindre les OMD. Quant à la Planification familiale (PF), nous sommes passés de 15% de taux de prévalence contraceptive (TPC) moderne en 2010 à 22,5% en 2015. On a fait un grand progrès. Cependant, la cible qui était de 25% à l’horizon 2015 n’a pas été atteinte. Nous mettons ces progrès au compte des efforts déployés du gouvernement et de l’ensemble des acteurs. Ces efforts sont entre autres l’engagement du gouvernement à travers la subvention des soins de la mère et de l’enfant jusqu’en 2016 et depuis la gratuité des soins de la mère et l’enfant de moins de 5 ans. Pour la PF, nous avons la gratuité des prestations, la subvention des produits contraceptifs, une ligne dédiée à l’achat des produits contraceptifs de 500 millions de FCFA par an.

Sidwaya (S) : Quelles ont été les principales actions à haut impact qui ont permis ces progrès ?

R.W.S: Des efforts ont été consentis dans la formation des agents et la mise à leur disposition des matériel médico-technique pour l’offre des méthodes contraceptives surtout celles à longue durée d’action. Aussi, plusieurs acteurs, ONG, associations, des leaders religieux et coutumiers se sont impliqués dans la création de la demande. Les partenaires techniques et financiers nous ont beaucoup accompagnés. Nous avons institué depuis 2012, la semaine nationale de la planification familiale qui a permis au cours de ces six dernières années d’offrir gratuitement les méthodes contraceptives aux femmes durant la période et sur l’ensemble du territoire national. A cela s’ajoute la surveillance hebdomadaire des produits de la santé de la reproduction permettant de minimiser les ruptures de ces produits. Au titre des interventions, il y a également le projet pilote de délégation des tâches visant à permettre aux agents de première ligne d’offrir des méthodes de contraception à longue durée d’action surtout dans les zones les plus reculées.

S. : L’objectif poursuivi par le Burkina dans le cadre de la 1ère phase du Partenariat de Ouagadougou est atteint et dépassé faisant du Burkina un exemple parmi les pays membres de ce groupe ? Comment vous expliquez ce bond qualitatif ?

R.W.S: C’est l’engagement au plus haut sommet de nos autorités. Elles ont fait de la planification familiale, un levier de notre développement. Dans notre Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020), l’un des objectifs est consacré au développement du capital humain. Et la PF est considérée comme un effort important à faire pour nous aider à passer d’un indice synthétique de fécondité de 5,4 enfants par femme à 4,7 enfants par femme à l’horizon 2020. La maîtrise de la croissance démographique permettra au gouvernement de mieux adapter les ressources aux besoins du moment en termes de santé, d’éducation, de logement, etc.

S. : A votre avis, l’engagement des autorités est-il suffisant pour atteindre les objectifs ?

R.W.S : Il faut déjà apprécier des mesures prises à savoir la gratuité des soins pour la femme enceinte et l’enfant de moins de 5 ans. Les autorités ont pris l’engagement de maintenir la ligne budgétaire d’acquisition des produits contraceptifs de 500 millions FCFA. Mieux, elles se sont engagées à augmenter cette ligne de façon progressive. La réflexion est en cours pour la gratuité de la planification familiale ; cela est inscrit dans le PNDES. Nous avons été instruit pour faire le « costing » afin d’opérationnaliser cette mesure. Un atelier sera bientôt organisé sur la gratuité pour voir combien cela va coûter afin que le décideur puisse prendre des bonnes décisions. Nous avons eu l’opportunité de rencontrer le président de l’Assemblée nationale, lors de la caravane des bailleurs de fonds du PO, qui a réaffirmé l’engagement du Parlement pour la PF. Le président du Faso nous a aussi rassuré que la planification familiale est une priorité pour son gouvernement et que tout sera mis en œuvre pour que l’on puisse respecter les engagements. Toutes nos autorités sont conscientes que la PF constitue un levier de notre développement économique et social.

S. : Le nouvel objectif dans le plan d’accélération 2017-2020 est d’atteindre 32% de TPC moderne. N’est-ce pas trop ambitieux ?

R.W.S : Nous sommes confiants et optimistes que l’on pourrait atteindre cet objectif. Si nous regardons l’an I du Partenariat de Ouagadougou au cours duquel des cibles avaient été données à l’ensemble des pays, le Burkina est le seul pays qui a atteint et dépassé la cible de l’année 2016 qui lui a été attribuée à savoir, recruter 77 727 utilisatrices additionnelles de PF ; nous en avons recrutés 98 366. Si cette dynamique et le soutien des partenaires techniques et financiers sont maintenus, nous pourrons réaliser l’objectif de 32% de TPC en 2020. Nous sommes aussi confortés par le fait qu’en 2010, nous avons fixé un objectif de 25% mais on l’a approché avec 22,5%. Les différentes estimations ont montré que la PF du post-partum à elle seule, étendue sur l’ensemble du territoire, nous allons pouvoir augmenter de 5 points le TPC. Une autre intervention à haut impact est l’implication des agents de santé communautaires. Et sur mesure gouvernementale, le pays a recruté en 2016 17 668 agents de santé communautaire ; c’est une force que nous allons capaciter pour l’offre des services SR/PF.

S. : Le Burkina s’est engagé à se doter d’un nouveau plan d’action d’accélération de la PF. A quel niveau êtes-vous avec ce plan et quelles seraient les forces de ce plan par rapport à l’ancien ?

R.W.S : Nous sommes à la phase de budgétisation du plan de relance de la PF. Une équipe d’experts planche actuellement là-dessus. L’élaboration du plan a été très participative. L’ensemble des acteurs œuvrant dans le domaine de la SR/PF étaient impliqués y compris les jeunes. L’une des forces de ce plan est la prise en compte des besoins des jeunes. Ajouté à cela, nous avons désagrégé nos cibles jusqu’au niveau opérationnel si bien que pour chacune de nos 13 régions et chacun des 70 districts sanitaires, il y a des objectifs clairs à atteindre.

S. : Quels sont les défis majeurs de notre pays en matière de SR/PF ?

R.W.S : Les défis demeurent énormes puisse qu’on n’a pas pu atteindre les OMD. Nous espérons atteindre les ODD et pour cela, il faut investir dans les activités à haut impact. Nous avons un défi dans l’amélioration de la création de la demande en en PF surtout en milieu rural. Aussi, l’implication des hommes constitue un autre défi. Dans le domaine de l’offre de soins, il faut améliorer la disponibilité des produits contraceptifs jusqu’au niveau périphérique pour réduire les besoins non satisfaits qui sont de 19,4%. La question des grossesses non désirées est de plus en plus préoccupante et il faut travailler à améliorer l’accès des jeunes aux services de PF. Nous travaillons à ce que les infirmeries scolaires puissent être capables de sensibiliser les jeunes à la PF et d’offrir des méthodes de contraception. Avec l’UNFPA, il y a déjà eu des sorties de prospection dans la région du Sud-Ouest allant dans ce sens.

S. : Les acteurs de la SR/PF se rencontrent à Londres le 11 juillet prochain. Quelles sont vos attentes?

R.W.S : Ce sommet est une opportunité pour nous de présenter nos acquis, nos ambitions et de demander qu’on puisse nous accompagner à mettre en œuvre certaines interventions à haut impact afin d’atteindre 32% de TPC en 2020. Le sommet de Londres sera une occasion pour nous de faire le plaidoyer pour une mobilisation accrue de ressources auprès des partenaires afin de former et d’équiper nos agents de santé à base communautaire. Impliquer ces agents dans l’offre des produits contraceptifs nous permettra d’atteindre les populations les plus reculées et les plus vulnérables. Aussi, la PF de post-partum est un domaine-clé. Aujourd’hui, nous avons moins de 2% sur les 17% des femmes en post-partum qui bénéficient de PF. Il y a du potentiel à saisir. Si nous arrivons à mettre la moitié de ces femmes sous méthode de contraception, nous allons faire un grand progrès.

Boureima SANGA
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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