Les chefs d’Etat, membres du G5 Sahel et leur homologue français ont acté la mise en œuvre de la Force conjointe du G5 Sahel. C’était au cours d’une conférence de presse tenue, le dimanche 2 juillet 2017, au Palais de Koulouba au Mali.
Le G5 Sahel et le président français Emmanuel Macron ont, à l’issue de deux rencontres à huis clos, livré le fruit de leurs échanges avec la presse africaine et internationale, le dimanche 2 juillet 2017, en fin de matinée, à Bamako au Mali. L’honneur est revenu à l’hôte de la rencontre d’introduire le point de presse. Selon M. Macron, les travaux ont permis d’aboutir à la Déclaration dite de Bamako. «Elle acte la mise en œuvre et la décision opérationnelle de créer la force conjointe du G5 Sahel », a-t-il précisé. Il a, de ce fait, souhaité que l’organisation du commandement des différents états-majors soit une réalité d’ici à août 2017. De son avis, ce sera un geste fort en prélude au déploiement de ladite force dans le courant des mois de septembre-octobre de la même année. «Nous devons avancer sur la finalisation à la fois des financements et des déploiements opérationnels avec en toile de fonds l’établissement d’un Quartier général à Cévaré et la mise en place d’infrastructures de communication et la dotation d’équipement », a-t-il plaidé. Et le président français d’ajouter : «Nous avons, pour notre part, confirmé le soutien de la France à cette initiative (d’une force conjointe) qui passera par un soutien opérationnel aux unités avec l’opération accrue de Barkhane en conseils, assistance et accompagnement au combat». Une aide militaire de 70 véhicules tactiques, du matériel de communication et d’interopérabilité des forces, un soutien à la mise en place des centres de préparation à l’engagement opérationnel que prévoient le Burkina Faso, le Niger et le Mali s’inscrivent également, a-t-il dit, dans cette dynamique. Il a aussi annoncé un accroissement de l’aide au développement pour le Sahel, par le truchement de l’Agence française de développement, à hauteur de 200 millions d’euros sur 5 ans.
Les djihadistes n’attendent pas
M. Macron a dit également espérer une aide de l’Allemagne au Sahel lors du Conseil des ministres franco-allemand le 13 juillet 2017 dans la capitale française. «Nous comptons également sous le label Alliance pour le Sahel, mobiliser d’autres donateurs», a-t-il fait savoir. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a, quant à lui, indiqué que chacun des pays du G5 Sahel s’est engagé à consentir une enveloppe de 10 millions d’euros qui complètera les 50 millions promis par l’Union européenne. «Ces différentes contributions permettront de débuter le financement de cette force conjointe qui devrait coûter 423 millions d’euros», a estimé le président IBK. Pour lui, il y a urgence, parce que les djihadistes qui sont en face n’attendent pas. La principale alliance djihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a diffusé la veille, une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017, dont la française Sophie Petronin. Quel est votre commentaire sur cette question ? Le Tchad, membre du G5 Sahel, a récemment menacé de quitter le regroupement, faute de soutien financier. Avez-vous évoqué cette question au cours de votre huis clos ? ont été, entre autres, les préoccupations des journalistes. «Ces gens ne sont rien, ce sont des terroristes, des voyous et des assassins», a martelé le président français. Il s’est toutefois réjoui d’avoir pour la première fois depuis des mois, une trace de vie de Sophie Pétronin. Répondant à la seconde préoccupation, le président IBK a, d’entrée de jeu, souligné que le Tchad est un élément essentiel du G5 Sahel. «Notre ami et frère Idriss Deby Itno reste bel et bien au sein de notre regroupement. Le retrait du Tchad n’a pas été évoqué au cours de notre rencontre en format réduit », a affirmé le président malien.
Aubin W. NANA
à Bamako (Mali)
Alpha Barry, ministre des Affaires étrangères : «Les dix millions d’euros sont moindre au regard des enjeux»
« La principale décision de ce sommet est de faire en sorte que d’ici trois mois, la Force conjointe du G5 Sahel soit opérationnelle, notamment dans sa partie commandement. Ce commandement qui sera basé à Cévaré doit pouvoir se mettre en place en fin août. Nous devons donc disposer de forces sur le terrain, de sorte que le rapport qui sera fait aux Nations unies dans les trois prochains mois soit satisfaisant. La communauté internationale doit savoir que des actions concrètes ont été menées. Et pour cela les chefs d’Etat du G5 Sahel ont décidé de garder le contact. Il y aura un point téléphonique entre eux dans ce mois de juillet. Dans la mise en œuvre de cette force, il est prévu un sommet en marge de l’Assemblée générale des Nations unies en fin septembre, puis un autre sommet au mois d’octobre dans l’un des pays membres. Les 10 millions d’euros (six milliards de F CFA) que notre pays doit consentir pour le financement de la Force conjointe sont en réalité moindre au regard des enjeux sécuritaires. Vous avez pu constater que de 2015 à 2017, nous avons vécu des années éprouvantes. Il est donc important que nous puissions investir aux côtés de pays amis pour faire face à cette menace terroriste permanente. Aujourd’hui, le front s’est relativement calmé puisque nos forces de défense et de sécurité ont réussi à stabiliser la situation. Cela a demandé une présence continue sur le terrain. Dans tous les cas, on ne peut pas compter tout le temps sur les autres. Nous nous devons également de mettre la main à la poche pour notre sécurité. Notre sécurité, c’est d’abord nous-mêmes. Pour ce faire, nous devons compter sur nos budgets nationaux pour pouvoir financer les opérations de maintien de la paix sur notre territoire et ailleurs».
Propos recueillis
par A.W.N.