Le chef de file de l'opposition politique (CFOP), Zéphirin Diabré, a animé une conférence de presse dans l'après-midi du 30 juin 2017 à son siège à Ouagadougou. La corruption au Burkina, en général, et le projet de loi portant allègement des conditions d'exécution du programme de projets partenariat public-privén en particulier, étaient au centre des échanges.
Dans sa déclaration liminaire, le CFOP a dénoncé le projet de loi en question qui sera examiné en plénière à l'Assemblée nationale, en principe, le 3 juillet prochain. Avec ce projet de loi, Zéphirin Diabré estime que le gouvernement "veut légaliser le pillage de nos maigres ressources". Il en veut pour preuve le recours à outrance au gré à gré dans les marchés publics que le projet de loi va instaurer si jamais il est voté. Le chef de file de l'opposition a fait distribuer aux journalistes la liste de 38 projets à soumettre à la procédure de contractualisation par entente directe jointe au projet de loi. On y trouve, par exemple, des projets comme celui de l'acquisition de 300 nouvelles ambulances, de la construction et de l'équipement de 240 CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) et de 11 CMA (Centre médical avec antenne chirurgicale) ou encore le projet de construction de 2238 salles de classe pour résorber les classes sous paillote dans les 13 régions du Burkina. Des projets dont les marchés d'exécution seront attribués gré à gré si l'Assemblée nationale donne son quitus.
Face à ce qui est considèré comme une légalisation en vue du pillage des ressources publiques, l'opposition invite ses députés à "enclencher la résistance à l'hémicycle". Si celle-ci ne marche pas, elle "invitera les Burkinabè à l'Assemblée nationale et dans la rue".
A la lumière du projet de loi et des cas de scandale et de corruption déjà révélés depuis la mise en place du nouveau régime, le chef de l'opposition affirme que "ce à quoi nous assistons de la part des dirigeants du MPP (NDLR : Mouvement du peuple pour le progrès, parti au pouvoir) et de leurs alliés, ce n'est ni plus, ni moins que la construction d'une économie mafieuse dans laquelle les secteurs juteux de notre économie seront livrés à des parents, des amis et alliés reconvertis en opérateurs économiques".
Le CFOP a profité de la conférence de presse pour interpeller "très fortement" l'Autorité supérieure de contrôle d'Etat et de lutte contre la corruption (ASCE-LC). Cette autorité a été invitée à "se faire sentir" dans la lutte contre la contribution pour éviter que les Burkinabè ne continuent pas de se poser des questions sur sa capacité à jouer véritablement son rôle.
Dans les échanges avec les journalistes, le chef de file a fait savoir qu'il ne demande pas la suppression du gré à gré. Il dit être contre le recours excessif à cette procédure dans les marchés publics qui favorise la corruption.
Séni DABO