Les résultats du premier tour du baccalauréat, session 2017, ont été proclamés, le jeudi 29 juin, dans plusieurs centres de composition. Plusieurs candidats admis, admissibles ou encore ajournés, n’ont pas pu contenir leurs émotions.
Il est 9h20mn, le jeudi 29 juin 2017, lorsque nous franchissons le seuil du lycée Philippe- Zinda-Kaboré. Les parkeurs s’affairent à ranger les engins des candidats venus pour la proclamation des résultats du premier tour du baccalauréat. Rassemblés en groupuscules, en compagnie d’amis et de parents, les candidats affichent à peine des sourires. Les visages fermés, les débats se mènent en sourdine, à voix basse. Très peu d’éclats de rire, l’atmosphère est lourde, seuls les ronronnements de quelques motos déchirent le silence. Le plus grand lycée du Burkina a perdu son ambiance habituelle. Celle qui y règne est morose. « J’ai vraiment peur, parce que les épreuves n’ont pas été faciles pour moi », confesse un candidat. Prévue pour 9h00, c’est finalement à 10h10mn que les membres des cinq jurys (68, 69, 70, 71 et 72) avec à leurs côtés le président du Centre, Boureima Traoré prononcent le fameux : « Candidats, approchez ! » pour la proclamation des résultats. Les plus courageux le font, mais à pas comptés. D’autres préfèrent occuper l’arrière-plan. M. Traoré affiche, avec un air d’humour, son optimisme et tente d’encourager les éventuels malheureux candidats. « Vous avez bien travaillé. Il n’y a pas eu de problèmes majeurs ni d’embrouilles. Pour ceux qui ne réussiront pas au premier tour, sachez que ce n’est pas un échec, mais une pause pour mieux rebondir », affirme-t-il. Les postulants du jury 68, série D ont été les premiers à être « délivrés». Au fur et à mesure qu’on prononce les noms, les cris « fendillent » à nouveau le silence. Parmi les nouveaux bacheliers, Gafar Nikiema « trop fier » de lui, pense que c’est le fruit du dur labeur. « J’ai bien bossé et Dieu m’a récompensé. C’est un problème de moins dans la tête », soutient le futur étudiant qui rêve d’étudier l’économie. Toute en larme, Madina Honadja du jury 69 série D, à l’appel de son nom, jubile avec des copines, avant d’informer les parents. « Maman, ça (BAC D) a marché », dit-elle, le téléphone à l’oreille. Mlle Madina compte, pour le moment profiter de ses vacances avant de penser à l’université. Quant à Félix Compaoré, il partage la joie de sa fille avec son épouse, allée au service. « C’est un grand soulagement quand on est parent et qu’on assiste à la réussite de son enfant. Parce que ce n’est pas du tout facile, surtout avec les enfants qui ont du mal à étudier actuellement », souligne-t-il. Bernard Nama du prytanée militaire du Kadiogo est admis au baccalauréat avec la mention « Bien ». Toutefois, il est heureux même s’il « visait plus. Mais, c’est Dieu qui donne».
« Ce n’est que partie remise »
Dieu a, peut-être, réservé le bac de Flore pour le second tour. Presqu’en sanglot, elle cache mal son désespoir, pourtant sa grande sœur tente de la consoler. « Ce n’est que partie remise. Tu as une seconde chance », lâche, timidement, Edith. Alima démarre « difficilement » sa moto. « J’avais confiance. Mais, bon…on reviendra le lundi (3 juillet pour l’administration des épreuves du 2nd tour, ndlr) », déclare la jeune fille. Yasmine a le visage crispé et la voix nouée. Dans les bras de ses parents, elle semble avoir perdu l’usage des pieds, tremblant de tout son corps. Impossible de la raisonner. « Je préfère mourir », murmure la malheureuse. Au bout du fil, Aboubacar tâtonne sur les mots, mais se confie au Tout-puissant. « C’est Dieu qui est fort », dit-il, le visage fermé des deux mains. Les accolades, félicitations et mots de consolations fusent. Au total, le jury 68 enregistre 78 admis et 59 admissibles sur 260 candidats. Au jury 69, 106 candidats ont été déclarés admis et 44 au second tour sous réserve d’un contrôle approfondi. Les jurys 70 et 71 enregistrent respectivement 65 et 74 admis au baccalauréat, et 58 et 57 admissibles sur 260 postulants. Toutes nos tentatives d’avoir l’appréciation des présidents des jurys ont été vaines. «Nous allons d’abord rendre compte à la hiérarchie. Revenez demain », nous dit-on.
Djakaridia SIRIBIE