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Un temps de réflexion n’est jamais de trop
Publié le jeudi 29 juin 2017  |  Sidwaya
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© Ambassade par D.R
A quelques jours de l’ouverture de la conférence des partenaires du Plan National de Développement Economique et Social (PNDES), prévue à Paris les 7 et 8 décembre, le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a fait le point de l’état d’avancement des préparatifs de cette importante rencontre dans la soirée du 4 décembre 2016 à Paris en France




Le 26 juin dernier, le vaste Programme d’autonomisation des jeunes et des femmes (PAJ/F) annoncé par le Premier ministre, Paul KabaThiéba, est entré dans sa phase opérationnelle. Les dossiers des jeunes diplômés ou du secteur informel, formés aux métiers, des femmes et regroupements de femmes sont reçus aux guichets spéciaux des différents fonds nationaux ouverts au musée national, au palais des sports de Ouaga 2000, au palais de la culture Jean-Pierre-Guingané et à l’ex-INJEPS. La « réponse forte » promise par Roch Marc Christian Kaboré à la question du chômage et le sous-emploi des jeunes et des femmes est en train de prendre corps progressivement. Dotés de 16,5 milliards de F CFA pour les trois prochaines années, les financements du PAJ/F sont mis en place à des conditions d’accessibilité défiant toute concurrence, selon les assurances données par le chef du gouvernement : des taux d’intérêt de 0% pour les promoteurs vivant avec un handicap, 1% pour les jeunes et les femmes, 2% pour les diplômés post-baccalauréats. Ces conditions d’accessibilité financière sont a priori appréciables sans pour autant satisfaire à toute la problématique du financement de l’entreprenariat et de l’auto-emploi au Burkina Faso. Les autres critères d’octroi diffèrent-ils fondamentalement de ceux des anciens fonds qui ont fini par instaurer un climat de défiance et de méfiance réciproque entre les gestionnaires et leurs principaux bénéficiaires ? En effet, les uns redoutant l’insolvabilité de leurs clients ont eu tendance à prêter peu et moins. De nombreux promoteurs ayant généralement des difficultés de formalisation des garanties ne trouvaient pas aussi leur compte dans les dispositifs qui leur étaient proposés. Un temps de réflexion s’imposait. S’appuyer sur les fonds existant comporte l’avantage d’aller vite en évitant de réinventer la roue. C’est une démarche risquée cependant, d’autant qu’elle n’intègre pas, au préalable, les résultats édifiants des audits des mêmes outils de financement. Cette prise en compte aurait permis d’éviter de tomber dans les mêmes insuffisances à l’heure du bilan. Quel traitement a été réservé aux malversations de 821 millions de F CFA en 2014 rien qu’en manquant de caisse ? Quelle suite a été donnée à l’audit du processus d’octroi des crédits au Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ) où les auditeurs ont relevé le non-respect des critères d’octroi de crédits, le manque de rigueur dans l’analyse des dossiers, le favoritisme et un très faible taux de remboursement. Au Fonds d’appui à la promotion de l’emploi (FAPE), il a été relevé l’inexistence de manuel de procédure et de critères formalisés, des procédures informelles et même la corruption et la fraude. Le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF), (l’un des plus vieux dispositifs créé en 1990 pour juguler les problèmes d’accès aux financements de l’autre moitié du ciel)et le Fonds d’appui au secteur informel (FASI) sont aussi loin d’être exempts de tout reproche. C’est donc à juste titre que le consortium Think tank Burkina International apertinemment recommandé au Premier ministre à l’issue de son forum d’octobre 2016 sur les conditions de la relance économique du pays, l’évaluation de l’ensemble des dispositifs de financement de l’entreprenariat. Et cela concerne autant les quatre fonds déjà cités, l’Agence de financement des PME (AF-PME), le Fonds burkinabè pour le développement économique et social (FBDES), la Banque des PME. Le FAFPA dont le premier responsable vient d’être débarqué pour des malversations d’un montant avoisinant les 100 millions de F CFA, le Secrétariat permanent de la commission national de certification (SP/CNC) et l’Observatoire national de l’emploi et de la formation professionnelle (ONEF) ont carrément besoin de restructuration. Ces recommandations ont-elles été prises en compte au moment de réinjecter des milliards supplémentaires pour des objectifs nobles, au demeurant ? Les premières évaluations du PAJ/F devraient pouvoir nous donner une réponse et des leçons. Un temps de réflexion n’est jamais de trop dans un processus aussi important dans la politique de l’emploi.

Mahamadi TIEGNA
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