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Bac session 2017 : whatsapp, un « candidat » déconnecté
Publié le jeudi 22 juin 2017  |  L`Observateur Paalga
Bac
© aOuaga.com par A.O
Bac 2017 : le gouverneur lance les épreuves de la région du Centre
Mardi 20 juin 2017. Ouagadougou. Le gouverneur de la région du Centre, Joachim Somda, a lancé les épreuves de la session 2017 du baccalauréat au lycée Riim Vougré




Ils sont 75 959 à affronter depuis hier les épreuves du Baccalauréat, le sésame qui ouvrira à ses nouveaux détenteurs les portes des universités publiques et privées, aussi bien dans notre pays qu’ailleurs. Parmi eux il y en a qui, dès l’entame de la session, se sont déjà disqualifiés pour avoir voulu frauder par le truchement des moyens de télécommunication : en effet deux d’entre eux fraudaient par WhatsApp, une application multiforme qui incorpore un système de messagerie instantanée via internet. Pris la main dans le sac, ils ont été... déconnectés de la présente session en attendant des mesures administratives. Ceux qui croient en eux-mêmes et sont prêts à payer de leur personne pour leur réussite poursuivent sereinement leur course vers le but. Notre équipe de reportage a fait le tour de la ville de Ouagadougou où les candidats des différentes séries, A4 ; D, G2, F ... rivalisent d’ardeur au travail.

Assis à l’ombre d’un neem, sur un banc trônant au beau milieu de la cour, Boureima Traoré, proviseur du lycée public Philippe Zinda Kaboré, semble apprécier un moment de repos. L’agitation de l’aube où il a fallu donner aux surveillants les dernières consignes et chapeauter la bonne installation des élèves a fait place à une paix passagère. Le clairon du BAC a sonné à 7h 30 et depuis les élèves composent. C’est dans ce royaume du silence qu’ils sont aux prises avec le sujet de la première épreuve.

En qualité de président du centre, Boureima Traoré n’est pas un roi sans divertissement pour autant. Il doit coordonner les allées et venues d’une suite impressionnante, faite de correcteurs, examinateurs, superviseurs, présidents et secrétaires de jurys, agents de sécurité, de santé… Pour l’heure, épaulé du censeur Alexis Kyélem, le regard vif, il observe les mouvements aux environs des salles de classe. Cela ne l’empêche pas de plaisanter quand il s’exclame en direction de policiers arrivés en renfort: « On avait besoin de vous, maintenant on peut dormir !»

Avec naturel et sérieux, le proviseur nous reçoit et nous renseigne à propos des 5 jurys regroupant 1325 candidats et répartis dans 4 séries D (Maths et sciences de la nature) et une série G2 (Techniques quantitatives de gestion). Les aspirants à l’université ont pu, dès hier, repérer leurs salles, car elles étaient numérotées. Il n’y a donc pas eu de bousculade ce matin pour y accéder. Par ailleurs, la Direction ne craint pas que le scénario d’un malencontreux mouvement d’humeur se reproduise, comme au BEPC 2017 ou à la session précédente du BAC. Selon le Premier Ministre, « toutes les ressources humaines et matérielles ont été mobilisées ». Quant au budget consacré à l’organisation du baccalauréat, il a été revu à la hausse et « entièrement bouclé » (4 026 596 750 de FCFA, au lieu de 3 072 562 000 FCFA en 2016).

Dès lors, conclut paisiblement Boureima Traoré : « On est assis là, on n’est pas perturbés, la cour est calme, on est en situation d’examen. »


Pas de crédit aux fraudeurs


« Le temps est clément jusqu’à présent, mais la pluie va tomber », estime un prince de l’air (Nionioga). Dans leur cortège les nuages emportent des préoccupations. D’abord Adama Ouédraogo, président du jury 71 du lycée Philippe Zinda Kaboré, informe qu’un élève était mal assis sur une chaise exempte de dossier. Ensuite la perception d’un homme, l’oreille collée à son téléphone sans parler depuis de longues minutes, provoque la suspicion de la hiérarchie. Fausse alerte pour cette fois. Cependant chacun demeure sur ses gardes, puisqu’un élève muni de son téléphone vient d’être découvert en flagrant délit de fraude et exclu de l’examen sur le champ.

Plus tard dans la journée, Sana Ouédraogo, proviseur du lycée privé Le Technicien, nous informera d’un nouveau cas de fraude dans l’enceinte de son établissement : les surveillants y ont surpris un élève en train de tricher à l’aide de l’application mobile WhatsApp. Nul doute que les documents fournis par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation visant à sécuriser davantage les lieux d’examen ont servi à mieux préparer le personnel éducatif à contrer ces tentatives malfaisantes.

Définitivement les nouvelles technologies et les épreuves ne font pas bon ménage. Que les autorités interdisent les portables en classe ou exigent des candidats de les poser à l’écart avant la remise des copies, car les fraudes par ce biais sont de plus en plus fréquentes. Les applications mobiles sont devenues des « machina non grata » parce que les produits diffusés par une compagnie multinationale ne sauraient remplacer la réflexion personnelle.

Le cerveau n’est-il pas infiniment plus malléable, complexe et riche que n’importe quel logiciel ? Par conséquent quel crédit accorder au jeune tentant d’obtenir son BAC de la sorte ? Acheté à coups d’unités téléphoniques plutôt que par la force des idées, le titre perd toutes ses lettres de noblesse.



Jeunes filles, génies de demain

À mesure que nous gravissons les échelons de l’éducation, nous sommes forcés de constater que la présence féminine décroît par rapport à celle des garçons. Si bien que nous avons été heureux d’apprendre, voici quelques jours, que les filles étaient plus nombreuses à se présenter au CEP, mais nous regrettons qu’elles soient largement minoritaires au Bac.

En dépit des efforts gouvernementaux de sensibilisation et d’une légère amélioration en comparaison avec la session précédente, parmi les 75 959 candidats inscrits au premier diplôme universitaire cette année, nous dénombrons 47 427 garçons et 28 532 filles, soit respectivement 62,44 % et 37,56 % de l’effectif total. Pire encore, si on met dans la balance les pourcentages d’admission, nous remarquons qu’il y a historiquement un déficit criant en matière de résultats pour les jeunes filles.

Cette disparité des genres s’explique par des facteurs sociologiques et culturels : d’une part, les parents, pour des raisons de coûts notamment - au lycée privé Le Technicien une année scolaire s’élève à près de 225 000 FCFA - privilégient les études de leurs fils ; d’autre part, les jeunes femmes sont davantage sollicitées pour des travaux ménagers et des activités commerciales, quand elles ne sont pas très tôt confrontées à la vie maritale et à la maternité. Dans ces conditions, nous ne pouvons que féliciter celles qui persévèrent dans leurs études et saluer le soutien de leurs familles.

Au cours de notre tournée dans les lycées ouagalais, nous avons rencontré plusieurs vaillantes étudiantes : Élena Somé, 18 ans, candidate au BAC série F4 (Génie civil) au lycée Le Technicien, fait partie d’entre elles. Ce midi, à la sortie de la première épreuve de mathématiques, elle s’est dit « relaxée » et « décontractée ». Un soulagement précaire, étant donné l’abondance de matières. La candidate, de 18 ans, affirme à ce propos ne pas se sentir « totalement préparée » à braver le petit marathon académique qui l’attend jusqu’à samedi aux côtés de ses camarades. Néanmoins en tant que major de sa classe de 14 élèves qui ne comptait que 2 filles au lycée public CFPO, elle paraît suffisamment armée pour réussir.

La motivation se lit sur son visage. C’est en voyant son oncle architecte dessiner et travailler sur les chantiers qu’elle a décidé, adolescente, de s’orienter dans le génie civil. Élena Somé souhaiterait devenir ingénieur, et pour ce faire, elle a d’ores et déjà envisagé différentes possibilités à Ouagadougou ou bien à l’étranger (Tunisie, Canada) en fonction de l’obtention d’une bourse, de la qualité et des prix des écoles visées. Telle est la prochaine échéance qui attend les admis, une fois digérée l’exaltation : le choix de la filière dans l’enseignement supérieur couplé à celui d’un établissement.


Les fiers descendants d’Homère


Le lycée mixte de Gounghin a la particularité de recevoir des candidats souffrant d’un handicap visuel. Le proviseur, Simandé Konkogo, nous a aimablement reçus et introduits auprès de l’équipe technique chargée de les accompagner. Roger Ramdé est le responsable de la cellule de transcription, où 6 personnes formées et engagées au sein de l’Union Nationale des Association Burkinabè pour la Promotion des Aveugles et des Malvoyants se partagent le travail entre transcriptions, décodages et relecture. Des 7 candidats souffrant d’un handicap visuel qui passent leur BAC série A4 (Philosophie et lettres) actuellement, 2 sont malvoyants et 5 aveugles.

Les enveloppes sont ouvertes en même temps que celles des autres, mais les candidats malvoyants et aveuglent disposeront d’un tiers additionnel du temps prévu initialement. En l’occurrence pour l’épreuve de philosophie de ce matin, ils ont eu 5 heures employées à bon escient, une heure de plus que le restant des inscrits. Pour les personnes malvoyantes, les sujets sont notablement agrandis, sur des feuilles en format A3 offrant une lecture plus aisée ; tandis que, pour les aveugles, tout est mis en œuvre afin de rendre le texte décryptable en braille.

Nous avons rencontré Néa Gontran, un candidat libre de 22 ans aveugle pour une raison inconnue depuis l’âge de 9 ans. Familier de notre journal, lu par ses parents et ses frères, il s’est confié à nous, alliant sourire et sagesse, après avoir planché sur l’épineuse question : « Peut-on comprendre et maîtriser le monde par le seul exercice de la raison ? » « Non, nous a répondu Néa , la raison n’explique pas tout, c’est pourquoi les gens s’en remettent aux superstitions. »

Combat épique de la raison contre les croyances, des malvoyants et aveugles contre leur handicap. Homère, aveugle et aède, était finalement « voyant » au sens où il pouvait chanter les péripéties humaines.

Il est difficile de prédire ce qui sortira de la session du BAC 2017. Au moment où nous bouclons la présente édition, nous avons appris que l’épreuve de français, initialement prévue pour ce jour, a été reportée à vendredi du fait d’une ouverture malencontreuse d’une enveloppe contenant ladite épreuve.


Abdou Karim Sawadogo
Alejandro Llopart Corzo
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L`Observateur Paalga N° 8221 du 27/9/2012

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