Le Collectif pour un peuple uni (CPPU) a animé une conférence de presse le vendredi 16 juin dernier, à Ouagadougou. Objectif : donner sa vision sur la marche actuelle du Burkina Faso, une vision qui, aux dires de ses membres, passe non seulement par la dénonciation des nombreux travers du pouvoir actuel qui ne fait pas mieux que l’ex-régime déchu, mais aussi et surtout réclamer la démission de Luc Marius Ibriga de la tête de l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE- LC).
« L’heure est grave au Burkina Faso ». C’est ainsi que le coordonnateur du Collectif pour un peuple uni (CPPU), Aziz Ben Bafa Ouattara, a d’entrée de jeu, donné l’alerte. Selon lui, les raisons de la gravité de la situation au pays des Hommes intègres demeurent les innombrables travers du pouvoir actuel qui ne fait pas mieux que l’ex-régime. Une des preuves justificatives des dérives du pouvoir actuel, selon Aziz Ben Bafa Ouattara, est l’inefficacité de la lutte contre l’impunité. Le collectif constate que malgré l’indépendance totale accordée à la Justice, celle-ci déçoit de plus en plus de nombreux Burkinabè. La preuve, selon lui, l’Autorité supérieure de contrôle d’Etat et de Lutte contre la corruption (ASCE-LC) censée mener une lutte efficace contre la corruption, a failli à sa mission et l’échec en date est celui du dernier rapport de 2015 remis au président du Faso. Un rapport que le CPPU juge partisan. « Plus de 35 milliards de F CFA ont été détournés en 2014, à en croire ce rapport, avec une communication de ses premiers responsables qui laisse à désirer, sur les périodes précises qui ont fait l’objet de l’audit pour situer les responsabilités », a-t-il expliqué. Et d’ajouter que l’affaire CSC en est la plus illustrative. Le collectif tient Luc Marius Ibriga pour responsable de cet échec. « Il faut dénoncer la présence de celui qui est à la tête de l’ASCE-LC, Luc Marius Ibriga qui n’est ni plus ni moins qu’un affidé de la Transition », a-t-il martelé. Pour M. Ouattara, la Justice a intérêt à se ressaisir, car les Burkinabè n’ont plus confiance en elle. « Il n’est point besoin de sortir d’une grande école pour se rendre compte qu’il y a une justice a double vitesse au Burkina Faso. Les dossiers dormants et pendants et les cas récents sont plus illustratifs et témoignent une fois de plus d’une rupture totale entre les justiciables et les justiciers. Les plus forts bénéficient de l’impunité pendant que de simples innocents sont traqués », a-t-il dit. Pour toutes ces raisons, le collectif dit regretter le Pacte qui concède l’indépendance totale de la Justice, car ce fut une erreur monumentale. Concernant le cas spécifique de la Haute Cour de justice, les membres du collectif ont suggéré de profondes restructurations. « Il faut opérer des restructurations profondes tant dans les textes régissant cette justice d’exception, que dans sa composition en elle-même. Elle a d’ailleurs alimenté le débat au niveau national avec, notamment le procès du dernier gouvernement de Blaise Compaoré », a-t-il déclaré. Et comme solutions, le CPPU propose : « Il faut nécessairement aller à l’acceptation du principe du second degré de juridiction en instruction, en jugement et donner la possibilité aux victimes de se constituer partie civile avec leurs droits subséquents, la possibilité pour l’accusé de se faire représenter par un conseil d’avocats. Le gouvernement doit adopter un projet de loi organique qui vise à modifier la loi organique votée sous la Transition », a indiqué M. Ouattara. Abordant le chapitre de la révision du Code électoral, le CPPU la juge inopportune. « La révision du Code électoral apparaît aujourd’hui inopportune, comme le passage à la Ve République. Le tollé qu’il y a eu autour du document de travail du ministère de l’Administration territoriale et de la décentralisation, montre à souhait que le régime actuel a oublié d’où il vient ou ignore le pourquoi de l’insurrection. Supprimer la CENI et reporter le vote des Burkinabè vivant à l’étranger au-delà de 2020, sont de graves erreurs à ne pas commettre », a-t-il affirmé. Le collectif se réjoui par ailleurs du fait que le ministre en charge de l’administration territoriale, a rectifié le tir. « Le ministre Siméon Sawadogo a bien fait de rectifier le tir. Cependant, les hommes bien avertis ont vu leur manège. Il est regrettable que sur ce point, l’Opposition ait manqué de fermeté lors de sa sortie». « Le CPPU demande au peuple de rester vigilant, surtout à cette jeunesse divisée par des querelles intestines provoquées par cette classe politique qui ne peut plus rien apporter si ce n’est que nous emporter avec elle. C’est pourquoi nous pensons que le renouvellement de cette classe politique demeure prioritaire et cela devrait être le combat de la jeunesse, voire de tout un peuple. Le futur doit peser plus que le présent et ensemble, 2020 c’est possible », a conclu le coordonnateur.
Ben Issa TRAORE