Les acteurs de la Justice burkinabè sont en arrêt de travail de 72 heures à compter de ce lundi 12 juin 2017 sur toute l’étendue du territoire national. Ils entendent protester contre l’insécurité dans laquelle ils travaillent, après la séquestration des acteurs de la Justice de Manga le jeudi 8 juin dernier par une foule réclamant la libération immédiate et sans condition de Séni Zoungrana placé sous mandat de dépôt le 5 juin dernier à la suite d’une plainte déposée contre lui par Patenema Zango en raison d’une altercation les ayant opposés.
Ce lundi matin, à notre arrivée au Palais de justice de Ouagadougou, nous avons constaté que le mot d’ordre a été bien suivi. Toutes les portes sont closes, aucun «homme en robe noire» ne peut être aperçu ni à l’entrée ni à l'intérieur de la cours comme les autres jours. Sous le hall, trônent deux chaises et une table... vides!
Cet arrêt de travail causera de désagréments en ces temps de concours et aussi retardera les procès. Simon Pierre Sécomdé, cultivateur domicilié à Koupèla dit venu de ladite ville pour un litige qui l’oppose à un frigoriste. Grande fut son étonnement quand il est arrivé au Palais de justice. C’est donc tout surpris qu’il s’adressa à une dame, manifestement perdue elle aussi : «Qu’est ce qui se passe ici? Il n’y a pas de procès aujourd’hui ?» «Si j’avais été informé de ce mouvement d’humeur, ajoute sinon Simon Pierre Sécomdé, je n’allais pas venir car le tarif Koupèla-Ouagadougou coûte 4 000 FCFA et l’aller-retour me coutera 8 000F ? J’ai donc gaspillé mon argent pour rien».
A l’image de Simon Pierre Sécomdé, ce ressortissant togolais a également été surpris par cet arrêt de travail, même si la nouvelle a circulé sur les médias en ligne et les réseaux sociaux le long du week-end. Il dit être venu pour soutenir un frère. «Depuis le jeudi, on nous a fait comprendre que le frère sera écouté par le Parquet aujourd’hui, et c’est dans ce sens que j’ai effectué le déplacement. Mais, voilà que je vois que c’est le statu quo. Il n’y a rien sur le terrain», dit-t-il.
Pour rappel, cette grève a été décrétée par les trois syndicats de magistrats, celui des greffiers et de la Garde de sécurité pénitentiaire. Ils entendent réclamer plus de sécurité dans l’exercice de leurs fonctions, après la séquestration de leurs collègues de Manga par des manifestants.
Cette foule «déchainée» en colère à causé des dégâts matériels au niveau du Palais de justice de Manga. On peut citer entre autres le défoncement de porte d’entrée du palais, la fenêtre de la guérite arrachée, la porte de l’entrée du bâtiment abritant les bureaux enlevée, toutes les vitres de la devanture du bâtiment brisées, et le panneau publicitaire lumineux endommagé.
Informé de la situation, le premier responsable de ce ministère, René Bagoro s’est rendu sur les lieux ce lundi même afin de constater de visu l’ampleur des dégâts causés et encourager le personnel.