Le concours de récompenses des prix Galian célèbre ses 20 ans cette année. A quelques jours de la cérémonie de remises des trophées, le ministre de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou, a accordé une interview au quotidien Sidwaya. Les réformes de cette édition et les perspectives du concours sont entre autres sujets abordés.
Sidwaya (S): 2017 marque le XXe anniversaire des prix Galian. Avec du recul quel regard portez-vous sur ce concours ?
Remis Fulgance Dandjinou (R.F.D) : Les Galian sont un concours d’excellence qui, depuis une vingtaine d’années, suscite l’émulation au sein des professionnels des médias au Burkina Faso. Les critiques qui en ressortent chaque année aident les candidats et les journalistes, de façon générale, à se familiariser avec les différents genres journalistiques. A ce titre, il constitue un cadre de formation continue, de remise en cause du travail quotidien en vue de rechercher la perfection.
S : Quels sont les objectifs visés à travers les réformes initiées dans l’organisation du concours cette année ?
R.F.D. : Les différents jurys, qui se sont succédé, ont pendant longtemps fait des recommandations allant dans le sens de l’amélioration de l’organisation des prix Galian et qui n’ont pas été parfois prises en compte. A notre arrivée à la tête du ministère, en collaboration avec la Directrice générale des médias(DGM), nous avons jugé opportun de mettre en œuvre ces recommandations. C’est ainsi que nous avons organisé un atelier au cours duquel les participants ont passé en revue les différentes propositions et adopté des positions communes. Ainsi, il a été décidé de la suppression de certains genres qui, selon les statistiques, n’enregistraient pas suffisamment de candidatures, au point que c’est pratiquement les mêmes qui s’adjugeaient les prix chaque année. Alors que l’esprit du concours est de pousser les uns à se mesurer aux autres. L’autre recommandation forte était de rehausser le montant des prix. Car, même s’il s’agit de prix symbolique, cela n’empêche pas qu’il soit plus consistant. Nous avons donc saisi l’occasion du XXe anniversaire pour marquer le coup et passer de 500 mille F CFA à un million de F CFA. Toujours, sur recommandation de l’atelier de Koudougou, les prix spéciaux fixés également à un million de F CFA ont vu leur nombre réduit à une dizaine cette année. Enfin, il y a le super Galian qui sera attribué pour la première fois dans l’histoire du concours. Composé de trois millions de F CFA et d’une parcelle, il récompense le meilleur des lauréats qui aura eu au moins 17 comme note du jury. Toutes ces réformes visent à corriger certaines faiblesses constatées dans l’organisation des Galian. Il faut travailler à maintenir ces ambitions afin de susciter plus d’engouement. D’ailleurs, des partenaires nous ont promis une villa construite au lieu d’une parcelle nue, à la prochaine édition.
S. : Que répondrez-vous à ceux qui disent que la suppression de certains genres constitue une forme d’injustice faite aux candidats ?
R.F.D. : Je comprends les reproches des uns et des autres et je crois que nous avons eu à rencontrer le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC) et l’Association des journalistes du Burkina Faso (AJB) pour nous expliquer sur la question. Nous avons convenu de prendre en compte leurs suggestions les éditions à venir et les réflexions sont en cours. Nous projetons lancer très tôt l’édition 2018 des Galian par la publication d’un arrêté devant fixer les nouvelles conditions de participation ainsi que les genres avec un suivi longitudinal pour certains (présentation télé/ Radio, compte rendu…).
S. : On a aussi constaté la limitation des prix spéciaux à dix . Pourquoi freiner l’élan de potentiels donateurs ?
R.F.D. : Nous ne voulons plus avoir des Galian où les prix spéciaux dominent les prix officiels en nombre. Si des acteurs estiment que la presse fait des efforts qui méritent d’être reconnus, ils peuvent lancer une compétition comme le fait déjà le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC). Nous avons pris cette décision pour éviter que des articles qui sont parfois commandés ne viennent dénaturer la compétition dont l’objectif est de reconnaître le travail quotidien des journalistes. Sur ce point, nous sommes en train de réfléchir à comment prendre en compte le boulot abattu par les journalistes sportifs. D’ailleurs, nous ne freinons pas l’élan des donateurs, puisque nous avons mis dix places en jeu et c’était à chaque structure ou institution de prendre les dispositions pour faire partie des dix premiers. Malgré tout, nous nous sommes retrouvés avec plus de dix prix, car certains ont souscrit pour plus d’un prix.
S. : D’aucuns estiment qu’on ne peut pas évaluer un journaliste sur la base d’une seule œuvre. Qu’en pensez-vous ?
R.F.D. : Nous sommes d’avis que le système d’évaluation du concours comporte des faiblesses et nous allons les corriger progressivement. Il va falloir trouver un mécanisme de suivi et d’évaluation du travail des journalistes sur une période plus longue plutôt que de se baser sur une seule œuvre pour juger de la qualité de la prestation du journaliste. Nous envisageons réunir tous les acteurs autour d’une table pour réfléchir à toutes les possibilités afin de lancer les Galian 2018 sur la base des conclusions consensuelles auxquelles nous serons parvenus. Il est souhaitable que les candidats soient évalués sur plus d’une œuvre réalisée au cours de la période déterminée par la direction générale des médias pour la validité du concours. Cela va obliger les potentiels candidats à produire en continu des articles de qualité plutôt que de se donner à fond pour l’article que l’on compte déposer aux Galian, accordant moins d’attention aux autres.
S. : Les journalistes se sont toujours plaints de ne pas avoir accès à la salle lors de la cérémonie de récompense tant qu’ils ne sont pas candidats. Cette plainte a-t-elle été prise en compte pour cette édition ?
R.F.D. : La cérémonie se tient dans une salle d’environ 700 places. Si nous déduisons celles réservées qui sont au nombre de 210, et des partenaires qui nous accompagnent, il est évident que nous ne pouvons pas trouver de places à tous les professionnels des médias. Ce qui peut être fait, c’est d’attribuer un quota à chaque rédaction. Aussi, les Galian, c’est un spectacle télévisuel avec ses exigences que nous devons nous efforcer de respecter. Nous insistons cette année que tous les postulants soient présents à la cérémonie afin d’éviter que les personnes qui ne sont pas parfois de la rédaction du lauréat viennent récupérer le prix parce que l’intéressé est absent. Je m’excuse par avance auprès des confrères qui ne pourront pas avoir accès à la salle le 9 juin prochain, jour de la cérémonie de récompense.
S. : Quel message avez-vous à l’endroit du monde de l’information et de la communication ?
R.F.D. : J’invite tous les professionnels à prendre part aux Galian 2017, à ne pas se sentir frustrés ou brimés parce qu’un genre n’aurait pas été pris en compte.
Car, même si l’on n’est pas primé, ce n’est pas grave; le plus important étant la réaction de l’auditoire, des téléspectateurs ou des lecteurs face à l’intérêt de la production du journaliste. Les Galian, c’est la nuit de la reconnaissance des efforts déployés par les journalistes au quotidien en vue de répondre aux besoins d’information du public. C’est l’occasion pour moi de saluer la DGM qui a travaillé sous une forte pression. Nous rendons hommage aux initiateurs des prix Galian pour avoir été visionnaires.
Interview réalisée par Beyon Romain NEBIE