L’Initiative des médias en Afrique (AMI), en partenariat avec la Banque mondiale, a organisé du 29 mai au 3 juin 2017 à Dar es Salam, en Tanzanie, une formation au profit de 75 journalistes africains. La rencontre a été axée sur le thème : « Accroître la couverture médiatique de l’urbanisation et des sujets connexes en Afrique subsaharienne».
Selon une étude menée par l’Initiative des médias en Afrique (AMI) en 2014, la couverture des sujets liés au développement représente seulement 10% dans la presse africaine. Et celle sur l’urbanisation en fait partie. Une situation qui, selon AMI, ne traduit pas l’engagement des médias pour ce secteur. Et pour rectifier le tir et attirer leur attention, elle a organisé une session de formation au profit de médias africains sur l’urbanisation, un secteur-clé du développement. C’était en partenariat avec la Banque mondiale. Venus de 42 pays du continent, 75 journalistes africains ont pris part du 29 mai au 3 juin 2017, à Dar es Salam, en Tanzanie, à la rencontre. Au cours de leur séjour, les participants ont échangé autour du thème : «Accroître la couverture médiatique de l’urbanisation et des sujets connexes en Afrique subsaharienne». Une thématique à travers laquelle, AMI et son partenaire veulent outiller davantage les hommes de plume à s’investir davantage sur les sujets liés à l’urbanisation sur le continent. Une manière d’alimenter les débats nationaux et régionaux sur les politiques d’urbanisation. Aussi, l’organisation entend les mettre en réseau afin qu’ensemble, ils animent des plateformes en ligne sur la thématique.
Pour ce faire, durant une semaine, ces journalistes de médias publics et du privé, de la presse écrite et audiovisuelle du continent ont eu droit à plusieurs communications sur le sujet.
La première a porté sur le « Rôle des médias dans le développement », c’est -à -dire, le média comme outil de changement de l’opinion publique. Elle a été livrée par le directeur général de AMI, Eric Chinje. Il a souligné que le journaliste du développement est celui qui, à travers ses productions, contribue à l’amélioration des conditions de vie des populations et du niveau des Etats, d’où le développement. Partant de là, la presse ne doit pas se contenter des comptes rendus. « Le journaliste africain qui ne contribue pas au développement du continent n’y a pas sa place. Et Les médias africains gagneront en crédibilité en allant au-delà des manchettes pour proposer des articles approfondis », a martelé M. Chinje avant de poursuivre : « On n’a pas besoin d’être sorcier pour comprendre l’ampleur du phénomène de l’urbanisation en Afrique ».
Se prononçant sur les données, le directeur exécutif de l’institut de recherche sur le développement local du Kenya, Muchiri Nyaggah, a souligné l’importance d’utiliser des statistiques fiables et de qualité. « Nous devons être au courant des données existantes et les trouver afin que nous puissions mieux interroger les politiques élaborées et mises en place au nom des populations africaines. Et il nous faut avoir les compétences pour les analyser ».
Plus déterminés pour relever les défis
Quant au maître de conférence à l’Ecole de journalisme et de communication de masse de l’Université de Nairobi, Dr. George Nyabuga, il a recommandé aux journalistes de couvrir les questions de développement avec des idées africaines. « Les médias occidentaux peignent l’Afrique comme un pays au lieu d’un continent. Nous avons tendance à compter beaucoup sur les médias occidentaux et parfois nous proposons des récits selon lesquels tous les pays africains sont identiques», a-t-il ajouté. Il a, en outre, demandé aux médias africains d’intervenir afin de remodeler l’image de l’Afrique, en présentant son caractère unique et sa diversité. Pour sa part, la directrice de la Banque mondiale pour la Tanzanie, Bella Bird, a rappelé que les médias sont des acteurs incontournables dans le processus des Etats. De ce fait, ils constituent des partenaires stratégiques pour son institution. Elle a, en outre, mentionné que la Banque mondiale soutient les efforts d’urbanisation en Tanzanie tels que le service d’autobus express, le partenariat public-privé et l’appui au programme d’urbanisation de Dar es Salam. Les participants ont également bénéficié d’autres communications sur « L’avenir de l’urbanisation », « La résilience de l’urbanisation en Tanzanie » et « L’expansion des villes africaines ». Ils ont de même assisté à une vidéoconférence depuis le siège de la Banque mondiale à Washington, consacrée à la présentation du document ‘’L’Afrique doit s’ouvrir au monde’’. Au sortir de la formation, les journalistes se sont engagés à interpeller les acteurs concernés par le sujet. C’est le cas de Hortense Adoumbeye, journaliste à la télévision nationale tchadienne. Elle a dit avoir appris davantage sur l’urbanisation et a promis relever le défi dans son pays. Même détermination chez Mireille Kanyange de la radio privée Isanganiro du Burundi. « Cette formation m’a ouvert les yeux. Par conséquent, je vais interpeller d’autres confrères de ma radio sur le sujet d’urbanisation pour qu’ensemble, nous relevions le défi dans notre pays», a-t-elle confié.
Mariam OUEDRAOGO
De retour de Dar es Salam(Tanzanie)