Décédé le 31 mai 2017 des suites de maladie en France, il repose désormais au cimetière municipal de Gounghin. Après la série d’hommages et l’absoute, il a été inhumé hier 5 juin 2017. La triste nouvelle de son décès s’était répandues le 30 mai comme une traînée de poudre sur le net avant d’être démentie. C’est finalement le 31 mai que ce que l’on redoutait sera confirmé : Valère n’est plus. Ses compagnons, amis et parents, qui lui ont rendu un dernier hommage, retiennent de lui un homme digne, un intellectuel et un politique de haut vol. C’est à 67 ans qu’il rejoint le père de la révolution, Thomas Sankara, auprès de qui il retrouvera sa place d’antan. Il laisse derrière lui une veuve et trois orphelins.
Ils étaient nombreux à se rendre au cimetière pour s’incliner sur la dépouille du compagnon de Thomas Sankara. Ils sont des amis, des parents, de vieux compagnons, des gens souvent qui se sont opposés et des personnalités, etc.
Parmi eux Soumane Touré, Firmin Diallo, Philipe Ouédraogo, Ablassé Ouédraogo, Simon Compaoré, Armand Béouindé, Saran Sérémé, Zéphirin Diabré, Train Raymond Poda, Fidèle Toé pour ne citer que ceux-là. Ici, ils lui ont rendu un dernier hommage et lui ont dit adieu.
Du défunt ils retiennent que c’était un visionnaire, un homme discret mais efficace, un intellectuel et un politique de haut niveau, un intrépide combattant de la liberté, un chercheur exceptionnel, un grand débatteur, etc.
A son enterrement, connaissances, proches et surtout compagnons de lutte sous la révolution, voix à demi-teinte, ont donné un témoignage combien émouvant sur l’homme.
Moïse Traoré, collègue du défunt au CNRST, est lui accroché par ses qualités oratoires : «Il fut un débatteur redoutable pour ses contradicteurs. Il a toujours privilégié le choc des idées», a-t-il expliqué.
L’un des théoriciens de la révolution du 04 Août 1983, il a tiré sa révérence, mais reste immortel à travers ses multiples productions. «Nous te sommes reconnaissants pour l’ensemble de tes œuvres et tu demeureras à jamais dans nos esprits », ajoute le chercheur.
La disparition du sexagénaire afflige. Les membres de sa famille politique regrettent son départ, prématuré. « Pourquoi partir à un moment où le Burkina est à la croisée des chemins? Pourquoi quitter ce pays maintenant alors que tu étais engagé pour la vérité, la justice et la réconciliation entre les Burkinabè ? Tes coups de colère, tes interpellations, tes anecdotes vont nous manquer » se désole le SG du parti de la Convergence pour la démocratie sociale (CDS), Erneste Compaoré.
« Valère, dis à Sankara que … »
Mais avant d’être déposé dans sa dernière demeure, les Sankaristes le chargent d’une commission pour le père de la révolution et ses compagnons d’infortune d’octobre 1987. Une commission dont voici la substance avec Ernest Compaoré : «Dis à Thomas Sankara que ses assassins ont été très malheureux.
Dis-lui que les milliers d’enfants qui ne l’ont pas connu, forment le poing et scandent son nom. Dis-lui que son Burkina Faso a forcé l’admiration du monde entier en octobre 2014. Dis-lui qu’il est question ces temps-ci d’un mémorial Thomas Sankara. Demande à l’ensemble des combattant de la révolution qui ne sont plus de ce monde de prier pour le pays qui est actuellement à la croisée des chemins ». Des camarades venus d’autres pays ont aussi reconnu et salué la bravoure du défunt.
Oumar Mariko, député malien, garde de lui « un homme qui n’évite pas les débats ni les problèmes, qui n’avait pas de frontière et connaissait tous les pays africains du bout des lèvres. C’est une bibliothèque africaine qui vient de tomber, mais qui n’a pas brulé ».
Au fil du déroulement de l’oraison funèbre, l’atmosphère s’alourdit et devient insoutenable. Des témoignages émouvants font rougir les yeux et verser des larmes. Cette ambiance funèbre est vite décrispée par un parent à plaisanterie du défunt, Ahmed Koné, président de l’Observatoire burkinabè des médias : « Là où tu es, sois au service de tes patrons » lui a-t-il enjoint
Pour ses camarades politiques son décès est précoce et ils lui ont signifié cela. Ses compagnons auraient aimé être encore avec lui ; profiter de ses conseils. Mais hélas ! La Faucheuse en a décidé autrement. Désormais ils doivent se résoudre à parler de lui, pas avec lui se souvenir de ses grands débats, de ses opinions, de son parcours politique et de ses actes. A
lkassoum Maïga, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, lui, a traduit les condoléances du gouvernement à la famille éplorée. Valère Somé a ainsi rejoint ses devanciers comme Guillaume Séssouma, Charles S. Somé, Gilbert Kambiré et le père de la révolution, Thomas Sankara.
Lévi Constantin Konfé
Hadepté Da