Le jeudi 1er juin 2017, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a annoncé le retrait de son pays de l’accord historique de Paris sur le climat, signé dix-huit mois plus tôt. Cette déclaration a déclenché un tollé généralisé de condamnation à travers le monde, mais aussi dans son propre pays, où certains Etats ont réaffirmé leur volonté de respecter les engagements pris dans la capitale française. Des conseillers à la Maison Blanche se sont même désolidarisés, donnant leur démission. Mais une fois de plus, Donald Trump est resté de marbre. Il affiche, comme toujours, une détermination obsessionnelle à mettre en œuvre ses promesses de campagne. A priori, le respect de la parole donnée est une qualité intrinsèque que l’on recherche chez tout homme d’Etat. Toutefois, si cela vise à compromettre dangereusement l’avenir d’une planète déjà malade, il y a matière à s’inquiéter. L’accord de Paris a eu le mérite de donner une dimension universelle à la lutte contre le changement climatique. Le retrait du deuxième plus gros pollueur, avec 18 % des émissions mondiales de Gaz à effet de serre (GAES), de cet agreement, peut compliquer l’atteinte de son objectif principal de réduire à moins de 2°C le réchauffement climatique. D’abord, parce que la part contributive des Etats-Unis dans l’effort mondial pour réduire la production des GAES ne sera pas au rendez-vous. Ensuite, il y a à craindre que ce retrait produise un effet domino, du fait de la concurrence rude entre « Grands » de ce monde ici-bas. Des pays comme la Chine vont-ils continuer à se soumettre « sagement » à un accord assez contraignant pour la grande production industrielle, alors que le principal challenger direct en est soustrait ? Pas si sûr. A l’épreuve du temps, les assurances renouvelées çà et là quant au respect de l’accord de Paris, à l’annonce du départ des Etats-Unis, peuvent bien voler en éclats. Au regard de ces risques, c’est à cœur joie qu’il faille encourager les initiatives tous azimuts visant à ramener Trump à la raison. Il n’est pas encore tard puisque, les Etats-Unis devraient attendre l’horizon 2020 pour s’affranchir officiellement de l’accord de Paris, conformément à l’article 28 qui permet aux signataires de sortir de l’accord, trois ans après son entrée en vigueur, effective le 4 novembre 2016. Le feuilleton qui vient de s’ouvrir va donc durer jusqu’à la fin du premier mandat de Donald Trump. Un temps durant lequel le climato-septique convaincu, Trump, doit se rendre à l’évidence que les actions humaines, notamment le renouveau de l’industrie du charbon auquel il tient tant, peuvent conduire à une dérive planétaire. Des simulations de chercheurs, il ressort que si les Etats-Unis ne respectent pas leurs engagements, la quantité de gaz à effet de serre augmentera de 3 milliards de tonnes d’équivalent C02 par an d’ici 2030. D’ici la fin du siècle, le pays pourrait alors être responsable d’une hausse de 0,3° C sur celle de 2° à 3°C qui se profile. Une deuxième projection, moins alarmiste, situe entre 0,1 et 0,2 °C le réchauffement que provoqueraient les Etats-Unis. L’un dans l’autre, la responsabilité du 45e président américain dans le changement climatique sera engagée. Et les effets de ces dérèglements de dame nature n’épargneront personne, même pas les 325 millions d’Américains pour qui, il dit se battre. Il est encore temps Trump !
Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida