Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) organise, du 31 mai au 2 juin 2017 à Ouagadougou, un atelier national de formation sur les techniques d’enquêtes relatives au blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.
Face à « l’ingéniosité » dont font montre les criminels économiques et les terroristes, le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (GIABA) a décidé de mettre l’accent sur la formation des acteurs de lutte contre ces fléaux, pour des résultats probants. Aussi, en collaboration avec la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) du Burkina Faso, il organise à Ouagadougou du 31 mai au 2 juin 2017, un atelier de formation sur les techniques d’enquêtes relatives au blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Ce sont 50 acteurs nationaux (douaniers, FDS, magistrats, financiers…) qui prennent part à cette séance de renforcement de capacités. Selon le représentant du directeur général du GIABA, le colonel Benoit Djaha Konan, plusieurs experts nationaux et internationaux vont les outiller sur l’utilisation des outils d’interpool, les statistiques des enquêtes financières. Il y aura aussi l’appui du Groupe d’action financière (GAFI), une institution internationale qui édicte les mécanismes de lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme. « Comme les délinquants criminels collectent des infractions transnationales, nous allons outiller les participants sur les instruments nationaux et internationaux en matière de coopération judiciaire et policière pour faciliter les enquêtes », a-t-il ajouté. A l’en croire, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme constituent de graves menaces pour les systèmes économiques et financiers ainsi que pour la paix et la stabilité de l’Afrique de l’Ouest. « Cette lutte fait appel à plusieurs acteurs opérationnels qui doivent œuvrer pour mettre fin à ces fléaux et faire en sorte que des sanctions proportionnelles soient prononcées à l’encontre des fautifs. Cela demande une expertise très élaborée car les criminels financiers font preuve d’habileté si bien qu’un enquêteur non outillé ne saurait les démasquer», a justifié le colonel Benoit Djaha.
Démasquer les criminels
De son avis, ce renforcement de capacité devra permettre aux acteurs burkinabè de démasquer les criminels économiques et bras financiers du terrorisme afin d’établir des preuves irréfutables contre eux dans des procédures pénales. Toutefois, il a regretté le fait que les sanctions prononcées contre les fautifs restent faibles ou même inexistantes dans certains pays. Outre ce bémol, la présidente de la CENTIF, Marie Béatrice Tassimbedo a relevé que la lutte contre les deux fléaux entamée en 2006 au Burkina Faso fait face à de nombreuses difficultés dont l’insuffisance des moyens financiers et techniques, la faible implication de certains acteurs concernés, les difficultés structurelles éprouvées par les tribunaux dans le traitement des dossiers de crimes économiques. « Le présent atelier constitue une réponse à ces difficultés, car il permettra aux enquêteurs de renforcer leur professionnalisme et de relever leur niveau de compréhension », a-t-elle approuvé. Le chargé de mission au ministère en charge de la justice, Prosper Tapsoba, a abondé dans le même sens. Pour lui, cette formation est la bienvenue car, par « ces temps qui courent, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme sont les bases de l’évolution fracassante du terrorisme dans la sous-région ». Il a donc invité les participants à bien suivre les travaux pour qu’à la fin, ils soient aguerris pour accomplir au mieux leurs missions.
Eliane SOME