Dans le cadre du projet pilote d’appui à la mise en œuvre du plan d’actions de la politique nationale sur les zones humides du Burkina Faso, l’Association amnistie pour l’éléphant (AAPE) et ses partenaires techniques et financiers ont visité, le mercredi 24 mai 2017, le lac Higa, situé dans la commune de Tankougounadié, dans la province du Yagha à environ 150 km de Dori, chef-lieu de la région du Sahel. L’objectif est de collecter des données pour actualiser le plan de gestion du site Ramsar du lac Higa.
Situé sur la rivière Yali dans la commune de Tankougounadié, province du Yagha, le lac Higa est une dépression naturelle transformée en mare naturelle, d’une longueur de 4 300 mètres et d’une largeur de 700 mètres. Site Ramsar, qui signifie zone humide d’importance internationale pour la conservation des oiseaux d’eau, le lac couvre 300 hectares, et le volume d’eau stockée annuellement est estimé à 4 500 000 m3. Il est situé dans un sous- bassin du fleuve Niger. Un inventaire réalisé entre mars 2012 et mars 2014 a permis d’identifier au niveau du lac Higa, 98 espèces d’oiseaux savanicoles dont 81 espèces africaines et 17 espèces migratrices d’origine européenne. Le lac abrite aussi 27 espèces de poissons sur les 121 espèces connues du pays. Selon les données, le lac Higa constitue la principale ressource en eau de surface de Tankougounadié, de la province du Yagha et de la zone transfrontalière Burkina-Niger. De ce fait, il joue un rôle capital dans le développement socio-économique des populations. Cette zone humide fournit des biens et services éco-systémiques aux populations pour les usages domestiques, cultuels et aussi socio-économiques tels que les pratiques agricoles, d’élevage et de pêche. C’est pour réduire les tendances de dégradation et restaurer cette zone humide d’intérêt local vital et d’importance internationale capitale pour la sauvegarde de la diversité biologique mondiale que l’Association amnistie pour l’éléphant (AAPE) avec ses partenaires de l’UICN, de NATURAMA et du Point focal national Ramsar ont effectué une mission du 23 au 27 mai 2017, à Dori et à Tankougounadié. Pour le président de l’AAPE, Blaise Sawadogo, les tendances actuelles montrent une diminution de la densité du réseau hydrographique dans la commune avec un écoulement très variable dans le temps (assèchement complet en saison sèche). De plus, a-t-il ajouté, les quantités de pluies tombées en période hivernale en dépit de leur faiblesse, ruissellent, provoquant ainsi le décapage des sols. « Ce qui, conjugué à l’érosion éolienne, aux mauvaises pratiques de l’homme sur le couvert végétal à travers, entre autres, les défrichements anarchiques, l’étêtement et la coupe des arbres, le surpâturage, entraîne l’ensablement et l’envasement induisant le comblement progressif du plan d’eau », a-t-il poursuivi.
La survie de plusieurs communautés dépend du lac Higa
De son avis, la zone humide du lac Higa est un joyau en plein Sahel dont la survie de plusieurs communautés en dépend. «Cependant, le lac subit une dégradation inquiétante, mettant ainsi en péril les potentialités qu’il offre aux populations et la survie des oiseaux d’eau. Toute chose qui constitue un danger pour l’amélioration des conditions de vie des populations, surtout dans un contexte d’aridification de ce climat sahélien accentué par le changement climatique », a expliqué M. Sawadogo. A en croire Blaise Sawadogo, c’est une mission d’échanges avec les parties prenantes, à savoir les services techniques en charge de l’agriculture, de l’environnement, des ressources animales et des ressources en eau, les élus locaux, les groupements socioprofessionnels et les populations en vue de collecter des données et des informations ainsi que leurs attentes par rapport au lac. Du bilan de la mission, le président de l’AAPE a déclaré que les parties prenantes ont un engouement certain pour la réhabilitation du lac. « Les populations estiment qu’il y a 20 ou 30 ans de cela, le lac fournissait des biens et services éco-systémiques sans oublier la biodiversité faunique et aquacole ainsi que les oiseaux migrateurs venus de l’Europe de l’Ouest », a-t-il renseigné. Et de préciser que le comité de relecture du plan de gestion participative du lac Higa a bénéficié des Fonds de la subvention Suisse pour l’Afrique (FSA) et de NATURAMA (Projet Turing) pour élaborer le plan de gestion participative du lac Higa parce que des études ont déjà été faites qui méritent d’être actualisées en prenant en compte l’importance socio-économique des oiseaux d’eau et les aspects cultuels. En perspectives, à la fin de la rédaction du document, le comité envisage organiser des ateliers de restitution à Tankougounadié puis à Dori au cours du mois de juin 2017. Ce qui permettra, a confié le comité, de l’enrichir et de le consolider pour sa prise en compte dans les plans régionaux et communaux de développement du Sahel et de Tankougounadié. L’objectif est de mobiliser des partenariats et des ressources financières conséquentes pour une gouvernance vertueuse et améliorée du site Ramsar du lac Higa afin de garantir sa durabilité au bénéfice des générations présentes et futures.
Souaibou NOMBRE