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Le Quotidien N° 814 du 11/7/2013

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Côte d’Ivoire : A quand la lumière du jour pour les détenus pro-Gbagbo ?
Publié le vendredi 12 juillet 2013   |  Le Quotidien


CPI
© AFP par DR
CPI : l’ex Président ivoirien Laurent Gbagbo devant les juges
Mardi 19 février 2013. La Haye. L’ancien président ivoirien comparait à la Cour pénale internationale (CPI), pour crime contre l’humanité.


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Une nouvelle étape vient d’être franchie sur la voie du procès des pro-Gbagbo en Côte d’Ivoire. Mercredi dernier, la Justice a confirmé les charges retenues contre 84 proches de l’ex-président Gbagbo. Une panoplie d’accusations sont portées contre toutes ces personnes appelées à être jugées devant la cour d’assises : crimes de guerre, crimes de sang, crimes économiques, troubles à l’ordre public, atteinte à la sûreté de l’Etat et entretien de bandes armées. Plus de deux ans après la grave crise post-électorale, il est enfin permis de voir le jugement des partisans de l’ancien régime. Ce n’est pas trop tôt. Certes on peut concéder à la justice d’avoir pris le temps nécessaire pour bien mener ses investigations, mais le temps commençait à se faire long. Car ? malgré tout ce qui leur est reproché, les détenus ont des droits, dont le premier est d’être jugé le plus rapidement possible. Cette lenteur de la Justice pouvait laisser croire à l’absence de preuves contre des personnes, de ce fait injustement détenues. Il est donc impératif qu’à défaut de les élargir, les accusés soient jugés. Mais quand aura lieu le procès proprement dit ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il que ce dossier constitue une épine au pied du régime de Alassane Ouattara. Comment en effet gérer une telle affaire sans se faire accuser de pratiquer la justice des vainqueurs ? Comment se poser en rassembleur et en chantre de la réconciliation tout en maintenant en détention ceux qui pourraient y participer ? Enfin, comment éviter l’impunité en rendant justice aux 3 000 morts de la crise post-électorale ?
C’est là toute la difficulté de la gestion d’un pays en situation de post-conflit. Entre l’indispensable pardon et l’irrépressible soif de justice, la marge de manœuvre est souvent très mince pour les dirigeants en place. Le pouvoir de Ouattara a visiblement opté pour la voie judiciaire comme étape incontournable à la réconciliation. On verra si cette stratégie paiera. Pour le moment, elle n’a en tout pas convaincu les partisans du régime déchu, avec à leur tête le Front populaire ivoirien. Le parti de Laurent Gbagbo pose, en effet, comme préalable à toute discussion la libération de ses responsables détenus. Une requête à laquelle le pouvoir refuse d’accéder, même s’il a lâché du lest en libérant quelques pro-Gbagbo. Mais les plus importantes personnalités de l’ancien régime restent en détention, à l’image de Simone Gbagbo et de Affi N’Guessan. Le maintien de la procédure judiciaire engagée à leur encontre n’est donc pas fait pour améliorer les relations entre Ivoiriens. Mais même si Alassane Ouattara voulait satisfaire aux revendications des pro-Gbagbo, il ne peut ignorer la soif de justice des victimes. Beaucoup d’Ivoiriens, blessés, violés, ruinés, veulent savoir pourquoi ce déferlement de haine a pu avoir lieu. Les proches des 3 000 victimes sont aussi dans l’attente de savoir pourquoi on en arrive à tuer des concitoyens à cause de rivalités politiques. Si certains de ceux-là sont prêts à tournée faire cette page douloureuse de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire, d’autres par contre tiennent à un procès, voire à un dédommagement. Tous ont sans doute leurs raisons.
Dans tous les cas, chaque Ivoirien, pro ou anti Gbagbo, a vécu dans son âme et dans sa chair, directement ou indirectement, les affres de cette guerre fratricide. C’est pourquoi l’absence de toute poursuite contre des proches de Ouattara intrigue. Elle renforce la thèse de ceux qui crient à une chasse aux sorcières ou à une justice des vainqueurs. Jusqu’à présent, le président ivoirien n’a pas fait cas d’une volonté d’aller dans le sens d’une justice pour tous. A moins qu’il n’ait une petite idée derrière la tête. Il pourrait en effet laisser juger, puis condamner, les poids lourds du régime Gbagbo pour ensuite les gracier. Il passerait ainsi pour un homme de paix, ainsi que le fut son maître à penser et mentor, le président Félix Houphouët-Boigny. Par la même occasion, cela lui évitera d’envisager le procès de ses partisans. Il ferait dès lors d’une pierre, deux coups. La politique étant l’art de l’opportunisme, il faut s’attendre à tout dans cette affaire des pro-Gbagbo détenus et en attente de jugement .

La Rédaction

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